Trois années après son lancement par le président de la République, le programme visant à doter de 100 locaux à usage professionnel chacune des milliers de communes du pays au profit des jeunes diplômés dans un métier, commence à montrer ses limites sur le terrain. C'est du moins le cas dans la daïra de Mohammadia (w. Mascara), où de nombreux bénéficiaires de ces locaux, croyant en avoir fini avec les affres du chômage, ont vite fait de déchanter, et pour cause. Compte tenu des nombreux problèmes et autres contraintes qu'ils endurent pour concrétiser leurs projets, sur 91 locaux érigés au chef-lieu de la daïra, seuls six (6) d'entre eux ont commencé à activer, tandis que les autres continuent à meubler le décor des quartiers où ils sont implantés. Mieux, dans les 05 autres communes de la même daïra, les postulants ne se bousculent guère au portillon de leurs APC, chacune d'elles n'ayant enregistré que quelques demandes pour les 30 locaux achevés. Cette situation de blocage a fait réagir les responsables locaux, à leur tête le chef de daïra, qui a réuni autour de lui les bénéficiaires de ces locaux et les représentants des organismes concernés, telles les structures de financement, l'ANSEJ et l'ANGEM. Tous les bénéficiaires ont été invités un par un, à soumettre les causes les empêchant de démarrer leurs projets. Ceux qui ne purent présenter d'excuses valables, se sont vus accorder un délai supplémentaire de dix (10) jours, au-delà duquel ils seront déchus de leurs décisions d'attribution et leurs locaux seront attribués à d'autres postulants figurant dans la centaine de dossiers déposés devant la commission. Parmi les causes évoquées, outre les lenteurs administratives, on relève l'absence de l'énergie électrique et l'exiguïté des locaux attribués. C'est le cas de ce tourneur dont les 20m² de son local, l'empêcheraient de mettre son projet à exécution ou ce pharmacien qui s'est vu refuser l'autorisation de la DSP, parce que son local n'a que… 40m² de superficie. A ces deux jeunes, le chef de daïra a proposé deux autres locaux situés dans d'autres communes de la même daïra. Proposition qui ne les a guère enchantés. D'autres avanceront le mauvais emplacement remettant ainsi en cause les choix de la commission. C'est le cas de C. Mohamed, coiffeur diplômé, qui a bénéficié d'un local au… 2ème étage et qui refuse d'en prendre possession, arguant que ses vieux clients ne pourront accéder à son salon de coiffure et qui sollicite l'attribution d'un autre local. Quant à B. Mohamed, spécialisé dans la soudure, on lui exige sa carte d'artisan pour démarrer son projet. Ce n'est pas le cas en revanche d'autres bénéficiaires, dont les déclarations ont ému les membres de l'assistance, en avouant traverser une situation socioéconomique qui ne leur permet pas de réunir la somme exigée pour l'apport initial, leur donnant droit aux chèques bancaires de financement pour démarrer ainsi leurs activités. Par contre, certains ont prétexté l'insécurité des lieux où sont implantés leurs locaux qui, selon eux, risquent d'être dévalisés et de perdre tout leur outillage et équipements matériels de travail. Un problème qui d'après le chef de daïra sera réglé une fois que la majorité des locaux seront ouverts par leurs bénéficiaires qui pourront alors se cotiser pour engager des gardiens de nuit. Cette réunion a été clôturée sur les recommandations faites par le Premier responsable de la daïra et se résumant en substance à cette phrase: «C'est une opportunité unique qui vous est offerte par l'Etat, pour échapper à l'oisiveté et au chômage qui constituent votre quotidien. Raison de plus pour la saisir et de prouver que l'Etat a eu raison de vous faire confiance!»