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Lancé, il y a plus de 23 ans
Le train Oran-Arzew n'a sifflé qu'une seule fois
Publié dans La Voix de l'Oranie le 02 - 12 - 2009

Nombreux, sont les projets structurants dont a bénéficié la wilaya d'Oran, dans le cadre des différents projets de relance et de croissance économique. La réalisation de la plupart de ces projets a nécessité une inscription financière d'envergure, notamment ceux profitant aux secteurs des travaux publics et des transports. Malheureusement, dans certains cas, les efforts déployés par le gouvernement n'ont pas été accompagnés d'une stratégie de bonne gestion de la mise en œuvre de ces projets. Résultat, des budgets non consommés, des rallonges financières imposées par le non respect des délais et parfois des pénalités de retard… Le projet de réalisation de la ligne ferroviaire reliant Oran-Arzew, est sans doute, l'un des exemples qui illustre parfaitement, ces insuffisances imputées à la gestion des grands projets dans notre pays.
En effet, cela fait plus de 24 ans que le projet de réalisation de cette ligne ferroviaire, s'étendant sur 37 kilomètres, a été officiellement inscrit. Ajourné durant plusieurs années, pour manque de moyens financiers, ce projet s'est vu arracher le financement nécessaire à sa réalisation dans le cadre du plan de soutien à la relance économique, ce qui a fait prononcer le grand ouf! aux habitants d'Oran, travaillant à Arzew et ceux d'Arzew, travaillant à Oran.
Après un grand tâtonnement dans la cadence de la réalisation de ce projet, la locomotive du train Arzew-Oran, a enfin sifflé en l'honneur des officiels, présents ce jour-là, à l'occasion de l'inauguration officielle de cette ligne par le président de la République. En revanche et au malheur de ces usagers de cette ligne, le sifflet de ce train ne sera plus entendu et du coup, les citoyens des communes d'Oran-Est ne cessent de s'interroger sur ce qui retarde la mise en service de cette ligne ferroviaire qui était tant attendue.
La population de six communes endure le calvaire
La liaison ferroviaire Oran-Arzew, traverse six localités, à savoir Sidi Maârouf, Hassi Ben Okba, Gdyel, Hassi Bounif, El Mohgoun et Arzew. Pour les populations de ces localités, cette ligne ferroviaire est sans doute, un outil de transport névralgique, en mesure de les soulager de la crise quotidienne du déplacement entre Oran et les zones situées à l'Est de la wilaya. Les premiers essais techniques sur le tronçon Oran-El Mohgoun se sont pourtant avérés concluants et ont été suivis par le lancement du trafic. Cette nouvelle desserte, profitable à plusieurs centaines de citoyens, a été accueillie avec satisfaction par les usagers du rail. Une joie de courte durée, cependant, dans la mesure où cette ligne n'est plus opérationnelle.
Les usagers ne cachent pas leur mécontentement: «Avec l'ouverture de cette desserte, on croyait que notre calvaire était à jamais terminé et nous nous sommes trouvés, obligés d'utiliser, malgré nous, les transports en commun, les taxis et surtout subir le diktat des clandestins.» Oran-Arzew n'a été en fait qu'un simple mirage.
Le dénommé B. Ali, l'un des travailleurs au niveau de ce chantier reviendra sur l'historique de ce projet et dira: «Ce projet remonte à l'année 1985 et a vu l'inscription d'un premier budget pour la réalisation de la première tranche des travaux.»
Selon un ancien cadre de la direction du transport de la wilaya d'Oran qui révèlera: «Pendant la période qui a vu l'inscription de ce projet, les prix des matériaux métalliques étaient beaucoup moins chers que ceux pratiqués actuellement et c'est la raison pour laquelle, le projet a beaucoup tâtonné. A vrai dire, il avançait à pas de tortue.
Pendant les premières années, l'évolution du projet n'a guère dépassé l'étude et le traçage technique de la ligne et entre 1976 et 1988, l'avancement du projet n'avait pas toujours pas dépassé les travaux de creusement et qui de surcroît, ont été interrompus à plusieurs reprises. Au début des années 90 et avec les grandes mutations économiques qu'a connus notre pays, ayant induit à la libération des prix, le coût des matériaux de construction ont flambé d'une manière vertigineuse. Ceci a imposé une réévaluation du coût du projet et l'inscription d'une rallonge financière. En effet, le projet avait bénéficié d'un budget supplémentaire de l'ordre de 7,4 milliards de dinars.
Le projet a été relancé, mais dans des conditions plus ou moins difficiles, car cette relance avait intervenu, alors que notre pays traversait une période assez critique marquée par une recrudescence de la situation sécuritaire. Du coup, le personnel ouvrier dégagé initialement pour la réalisation de ce projet, s'est vu à plusieurs reprises affecté pour les chantiers de réparation des lignes ferroviaires endommagées par les actes de terrorisme. Ceci a eu des retombées négatives sur le projet qui avançait à un rythme peu recommandable.
L'arrivée du président Bouteflika au pouvoir avait apporté un nouvel élan à plusieurs projets, restés en souffrance, durant des années, faute de financement, entre autres, celui de la réalisation de la ligne ferroviaire Oran-Arzew. Ainsi, la société chargée de la réalisation du projet a adopté une nouvelle conception pour la réalisation du projet, basée sur sa division sur plusieurs tranches.
Le train s'est arrêté quelques jours après le passage du Président
La relance des travaux de la réalisation de la ligne avait été accompagnée par un processus d'intégration des terres agricoles traversées par cette ligne ferroviaire. Notre interlocuteur dévoilera à ce sujet que «les propriétaires ou les exploitants des terres agricoles, intégrées dans ce projet, ont été indemnisés. La cadence des travaux de réalisation du projet s'était nettement améliorée et les habitants des villes d'Oran Est, voyaient leur souffrance soulagée, n'était le problème évoqué par le groupement SONATRACH dont les responsables se sont opposés à ce que la ligne ferroviaire traverse la zone industrielle, pour des raisons liées à la sécurité industrielle. Devant un tel développement, les travaux de réalisation de la station finale prévue à Arzew ont été suspendus et le trajet prévu initialement a été raccourci. Ainsi, il a été décidé que la station finale soit réalisée dans la commune d'El Mohgoun.
En décembre 2008, le président de la République a procédé à l'inauguration de la ligne ferroviaire Oran-Arzew, lors d'une visite d'inspection des projets de développement, lancés dans la wilaya. Le train Arzew-Oran a bel et bien sifflé, mais rien qu'en présence du président de la République, car cette ligne est, depuis, à l'arrêt. Et dire qu'ils étaient nombreux les citoyens ayant rêvé de voir leur calvaire de transport prendre fin. C'est le cas des habitants de Hassi Bounif et ceux de Hassi Okba pour qui ce projet avait battu tous les records, en matière de retard dans la réalisation. Leur enthousiasme, né le jour de la visite du Président, s'est vite éteint. «Les responsables ont juste voulu nous en donner plein les yeux, ce jour-là», dira un habitant de Bounif, travaillant à Oran.
Quant à M. Fatah, un employé dans la zone industrielle d'Arzew, il estime «que les responsables du secteur auraient mieux fait de confier la réalisation du projet à des entreprises étrangères».
Les équipements de la ligne détériorés et volés
Quelques temps après, les responsables du secteur ont évoqué le lancement d'un avis d'appel d'offres national pour la réalisation d'arrêts sur tous les points de passage du train Arzew-Oran. «Les procédures de l'aboutissement du projet nécessitent une durée minimale de 02 mois», nous apprendra un ancien directeur du transport. Malheureusement, le processus de conclusion de cette offre a été entravé par de nombreux imprévus qui ont été préjudiciables au projet. En effet, l'essor qu'a connu, en un temps record, le commerce des déchets ferreux, a nourri la cupidité de plusieurs personnes malintentionnées qui n'ont ménagé aucun effort pour s'approprier illégalement les pièces détachées de cet équipement. «La ligne ferroviaire a subi bien des dommages et même les boulons, retenant les rails, ont été volés. De plus, de nombreux défauts sont apparus après plusieurs essais. Autrement dit, les travaux ne répondent pas aux normes techniques exigées», nous dira-t-on, avant d'ajouter que «que ces vols sont commis au profit des commerçants des déchets ferreux qui recyclent les articles volés afin de les exporter vers des pays étrangers. Par ailleurs, le wali d'Oran a dévoilé, en mars dernier, le dégagement d'une enveloppe de 4 milliards de dinars pour l'achèvement de la réalisation des 03 kilomètres restants du trajet initial de la ligne.
Pour rappel, le projet concernant la ligne Arzew-Oran, a été doté d'une enveloppe de 7,4 milliards de dinars. Allant jusqu'à 37 km, la ligne devait traverser la zone industrielle d'Arzew, une option catégoriquement rejetée par la SONATRACH qui a proposé son concours afin que les travaux soient transférés en dehors de cette zone et avec un terminus à El-Mohgoun
Selon des sources de la société nationale du transport ferroviaire, SNTF, «les travaux de réalisation de la dernière tranche de la ligne, n'ont pas été lancés, de même que pour les stations, ce qui suscite de nombreuses interrogations quant aux véritables causes qui freinent la livraison finale du projet et la mise en marche de la ligne. Pis encore, les responsables intervenant dans la réalisation de ce projet, observent un mutisme et refusent de communiquer des explications au sujet des problèmes qui entravent l'aboutissement du projet.
Selon un cadre supérieur à la SNTF: «Plusieurs parties ne veulent pas de cette ligne, car cela ne sert pas leurs intérêts financiers. Il ne faut pas omettre que la mise en marche de ce train, est en mesure de soulager la crise du transport dont souffrent les habitants des localités d'Oran Est.»
Quant au directeur actuel du transport, fraîchement installé à la tête du secteur dans la wilaya d'Oran, il fera savoir qu'une réunion regroupant l'ensemble des responsables intervenant dans la réalisation du projet se tiendra prochainement pour faire un état des lieux du projet et étudier ainsi sa situation actuelle.


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