Mir Mohamed Pour la deuxième journée consécutive, La Voix de l'Oranie n'est pas distribuée à Sidi Bel-Abbès. Des lecteurs de différentes localités de la wilaya ont été nombreux à téléphoner, hier samedi, au bureau local pour demander des explications sur l'absence, sur les étals de tous les buralistes, de leur quotidien préféré. Vérification faite le jour même auprès du service de diffusion de la Sarl éditrice de nos deux journaux -La Voix de l'Oranie et Sawt al-Gharb-, il s'est avéré que le problème n'avait rien de banal puisque la SIO (Société d'impression de l'Ouest) a décidé de revoir à la baisse le tirage de notre quotidien et le ramener ainsi à quelque 3.000 exemplaires par jour… En somme, un nombre dérisoire au vu de la demande exprimée au niveau de la région et qui n'arrivera à satisfaire tout au plus, nous-a-t-on dit, qu'une infime partie des lecteurs de la commune… d'Oran. L'information sera confirmée dans l'après-midi par le DG des deux journaux en personne qui ne manquera pas cependant de nous faire part de la triste perspective qui lui est laissée dès lors par la société d'impression de mettre au chômage une grande partie du personnel permanent et vacataire avant de décider, avertira-t-il, du dépôt de bilan et la fermeture définitive des deux journaux. Comment expliquer à nos fidèles lecteurs de Sidi Bel-Abbès et des wilayas de l'Ouest, qu'après 10 ans de parution, ce premier quotidien de proximité de la région, dont il est l'authentique porte-voix, est appelé à ne plus réapparaître en dehors de la ville d'Oran, ou, au pire, cesser carrément de paraître à partir du 1er février? Comment gérer cette situation avec nos fidèles correspondants qui ressentaient une grande fierté d'appartenir à la famille de La voix de l'Oranie? Et moi personnellement pour avoir été l'un des premiers collaborateurs à avoir rejoint le groupe fondateur un 27 novembre 1999, comment dois-je vivre cette séparation d'avec un journal qui m'a permis de passer avec les frères d'Oran les plus beaux moments de ma carrière de localier? Pour avoir vécu dans la douleur le départ d'un grand nombre de nos confrères, victimes de la guerre d'usure que nous livre l'ANEP depuis plus de deux ans, une telle fin de parcours était plus ou moins attendue. Les premiers indices d'une mise à mort annoncée du journal La voix de l'Oranie ont surgi dès lors que cette agence de publicité étatique s'était permis de détourner vers d'autres journaux concurrents les bons de commandes qui nous étaient destinés. Le matelas publicitaire de la VO qui était de 5 à 8 pages par jour s'est rétrécit comme une peau de chagrin pour atteindre aujourd'hui une page. Constatant que leurs annonces étaient reprises dans d'autres journaux, certains de création récente, nos clients furent les premiers à dénoncer de tels faits mais sans parvenir pour autant à infléchir la décision prise par l'ANEP de répartir la publicité à sa guise, ou plutôt, selon le bon vouloir de ceux qui la gèrent à dessein, sous le couvert d'un quelconque organisme officiel. C'est injuste! Mais, c'est surtout indigne de la part de certains milieux hostiles à la presse qui veulent la mise à mort d'un journal de proximité, échappant à toutes les chapelles politiques, dont le seul souci est de fournir une information de qualité à ses lecteurs, rester à l'écoute des préoccupations de la population de la région et en faire ensuite écho aux différentes sphères décisionnelles, qu'elles soient locales et centrales. Une grande perte pour l'Oranie qui risque ainsi de perdre l'un de ses meilleurs porte-voix ! Et Dire que lors de sa dernière visite de travail à Sidi Bel-Abbès, le secrétaire d'Etat à la communication, Azzedine Mihoubi, n'a pas manqué d'exhorter vivement les correspondants locaux à créer leur propre journal, promettant même de leur assurer un matelas publicitaire pour le maintien de ses équilibres budgétaires. * Paru en page 2 de l'édition n°3119 du dimanche 31 janvier 2010