L'interdiction de l'extraction du sable des oueds n'aura finalement duré que cinq années. Le ministère des Ressources en eau, qui a été à l'origine de cette mesure préventive dans le cadre de la loi cadre relative à l'eau en 2005, vient de faire marche arrière. En effet un décret exécutif, promulgué en novembre dernier, a rendu caduque l'interdiction sans que l'opinion n'en soit informée. C'est le directeur de l'assainissement et- comble du paradoxe- de la protection de l'Environnement au département de Abdelmalek Sellal, Hassan Aït Amara, qui a révélé le pot aux roses ce jeudi sur les ondes de la chaîne 3. «Ce décret porte sur une exploitation régulée des sables des oueds. Il y a des autorisations sous forme de concessions, mais accompagnées d'un cahier de charges obligatoires» a expliqué ce responsable. M. Hassani a déclaré que ce texte réglementaire autorise, via le cahier de charges, le prélèvement des agrégats pour «dégager le lit de l'oued et permettre un meilleur écoulement de l'eau » mais limite « l'étendue et la durée de la concession ainsi que le volume à extraire». Aussi, le décret exige une étude d'impact sur l'environnement avant la délivrance des autorisations d'extraction. Dans le but de mieux faire passer la pilule, le ministère insiste sur le fait que l'administration, qui accorde la concession, «aura un droit de contrôle à tout moment pour vérifier si le cahier des charges est respecté». «Il est connu que les contrôles se font sélectivement, pour ne pas dire à la tête du client», dira un entrepreneur. Autant dire que la corruption risque de pervertir totalement cette volonté de réglementer le dossier, par le versement d'un petit bakchich. Le responsable du ministère précise que les futures «extracteurs» disposent d'un délai jusqu'à mai prochain pour se conformer à la nouvelle réglementation. A défaut la concession sera retirée» souligné Hassan Ait Amara. Bonne nouvelle tout de même; cette exception, à la règle de 2005, ne concerne pas certains oueds particulièrement asséchés par la maffia du sable. Dans ces zones l'extraction du sable «reste strictement interdite ». Il s'agit des Oueds Sébaou, Soummam et Chélif notamment, qui ont subi «une dégradation avancée». Hassan Ait Amara a constaté, à l'instar de tous les Algériens, que la maffia du sable a provoqué «des phénomènes d'érosion et de perte de terres agricoles». Ce massacre ne semble pas, pour autant, avoir sensibilisé les pouvoirs publics qui viennent d'enfreindre leurs propres lois. Malgré la promesse de trouver d'autres matériaux de substitution, le sable des oueds continue d'assurer, avec l'interdiction, 40 % des besoins du marché du bâtiment c'est-à-dire 15.000 mètres cube de sable prélevés annuellement.