La dernière sortie en mer -pour rallier l'Espagne- de 14 harraga dont l'âge varie entre 17 et 22 ans a tourné au drame, et ce, après que leur barque de fortune s'est cassée en deux, à quelques miles seulement des côtes ibériques. Trois d'entre eux ont été repêchés par les gardes-côtes espagnols, deux ont été hospitalisés, tandis que le troisième, Houari Youlas, se trouve actuellement dans un camp de réfugiés à Almeria. Nos correspondants se sont rendus chez les familles de certains qui sont portés disparus, dont celle de Chega Abdenour, âgé de 21 ans et qui réside à proximité du siège de la commune d'Oran. Sa mère, terriblement choquée par ce qui lui arrive, déclarera: «Je n'arrive pas à croire que mon fils Abdenour est peut être mort, lui qui est sorti de la maison, il y a deux semaines, pour préparer cette traversée.» Puis elle ajoutera: «Si j'avais su que cette traversée lui aurait été fatale, je ne lui aurais jamais apporté mon soutien financier, d'ailleurs, j'ai beaucoup hésité à lui fournir cette aide, car je savais que ces traversées se terminaient toujours par un drame, mais vu qu'il insistait, je n'ai pas pu lui dire non et maintenant, je culpabilise, surtout après avoir parlé avec Houari Youlas qui se trouve dans un camp à Almeria. Il m'a raconté que tous leurs compagnons avaient péri en mer, après que la barque a heurté une grosse vague et s'est coupée en deux. Il m'a bien confirmé qu'ils étaient les seuls à avoir survécu, mais tant que les corps n'ont pas été retrouvés, je garde l'espoir.» Quant au frère de Abdenour qui ne croit toujours pas ce qui est arrivé, il dira: «Il n'était pas du tout intéressé par la harga, mais dernièrement, il a beaucoup insisté et a décidé de tenter sa chance, prétextant améliorer sa situation, surtout après avoir rencontré des passeurs qui lui ont proposé de l'emmener en Espagne contre la somme de 10 millions. Les harraga ont pris le large, lundi dernier, à 22h, à partir de Coralès, sauf qu'ils n'ont jamais atteint les côtes espagnoles.» La même souffrance règne chez la famille d'un autre porté disparu, il s'agit de la famille de Ouerdi Samir, âgé de 17 ans et qui réside au boulevard Charlemagne, ses parents espèrent toujours un miracle, vu que les corps n'ont toujours pas été retrouvés. Sa mère, en état de choc, dira: «Mon fils s'est caché, pendant un mois, chez l'un des passeurs pour que je ne l'empêche pas, encore une fois, de rater cette traversée, mais rien à faire, il était déterminé à quitter le pays pour échapper à la misère.» Elle ajoutera: «Les coupables de la mort de mon fils, ce sont les passeurs qui ont changé la barque par une autre plus ancienne et les ont envoyés à une mort certaine.» Les familles des harraga, portés disparus, ont demandé l'ouverture d'une enquête et la sanction des passeurs qui envoient tous ces jeunes à une mort certaine.