Une famille entière, composée de sept personnes dont trois garçons, trois filles et leur mère divorcée, vient d'être expulsée d'une maison de maître qu'elle occupait depuis plus de 30 ans au numéro 10 de l'impasse ‘Sénégal' au cœur du vieux faubourg Graba de la ville de Sidi Bel-Abbès Ne disposant d'aucun abri de rechange, cette famille est contrainte, depuis quelques jours déjà, à une grande partie de l'impasse pour y dresser une tente de camping où sont entreposés, pêle-mêle, un maigre mobilier, ustensiles de cuisine, couvertures et effets vestimentaires. C'est dans un espace pratiquement réduit à quelques mètres carrés que les ‘Assam' -mère, fils et filles réunis- sont censés passer les nuits de grande chaleur de ce printemps finissant. Le triste spectacle offert, chaque jour aux personnes de passage dans les rues commerçantes voisines par cette famille dans le désarroi le plus total, ne semble choquer personne, encore moins les responsables et les représentants des associations dites caritatives qui brillent par leur absence chaque fois que surgissent à Sidi Bel-Abbès des problèmes de cette nature nécessitant des solutions de première urgence. Selon l'ainé de la famille, il semble que c'est sur la base d'une ordonnance de référé demandée par le nouveau propriétaire de la bâtisse que l'expulsion a été mise à exécution par le service d'ordre en présence d'un huissier de justice… «Comme nous ne conservions aucun ancien document sur les redevances de loyer payées à l'ancien propriétaire, toutes nos doléances n'ont pu être prises en compte par la justice pour exiger réparation pour préjudice causé ou un sursis de quelques mois jusqu'à notre relogement éventuel dans le cadre d'un programme social quelconque…» ne se désolera pas moins notre interlocuteur. La mère de famille, âgée de 65 ans, prendra la parole à son tour pour demander aux représentants de la presse présents sur les lieux de se faire l'écho, auprès des pouvoirs publics locaux, afin de lui trouver une habitation de transit ou autre pour pouvoir tout au moins héberger ses enfants jetés «vulgairement» à la rue, au mépris des lois de la République et de la dignité humaine consacré par le droit international. Se gardant de critiquer ouvertement les responsables locaux qui n'ont réservé aucune suite à son dossier de demande de logement déposé depuis 1998, la vieille dame ne s'empêchera pas de dénoncer de vive voix, aujourd'hui, cette décision d'expulsion qui vient de faire de sa famille une catégorie de SDF d'un nouveau genre.