Quatre personnes ont trouvé la mort et une autre a été grièvement blessée, dans une collision frontale d'un taxi et un camion dans la nuit de vendredi à samedi, sur la RN 75, entre Batna et Sétif. L'accident a eu lieu dans sur le territoire de la commune de Ain Djasser, à l'Ouest de Batna. Trois personnes sont mortes sur le coup et la 4ème a succombé à ses blessures à l'hôpital. Les victimes étaient âgées de 20 à 30 ans. Au cours du week-end, 18 personnes ont été tuées dans 93 accidents et 57 autres ont trouvé la mort dans 516 accidents survenus durant la période allant du 7 au 13 juillet en cours, selon un bilan de la gendarmerie. Les causes? La perte de contrôle du véhicule, l'excès de vitesse et les dépassements dangereux… Il ne se passe ainsi pas un jour sans que la presse ne fasse état d'accidents. Les pouvoirs publics, épaulés par les services de sécurité, n'ont pas cessé de lancer des campagnes de sensibilisation pour tenter de stopper la spirale macabre. De nouvelles lois, plus sévères, sont venues remplacer d'autres -plus «vieillottes» et moins dissuasives- pour inciter les conducteurs à plus de retenue. Rien n'y fait. L'on songe même à plafonner les tarifs des écoles de conduite pour décourager les candidats au crime excusable –parce que l'on est détenteur d'un document immunisant, ce permis de tuer que l'on s'évertue encore à appeler permis de conduire. Et ce ne sera pas la période de probation de deux années qui a arrangé les choses. On continue de tuer sur les routes, dans les rues, dans les ruelles et même sur les trottoirs. Personne n'est épargné: ni vieux, ni jeune ni enfant. Même les conducteurs de véhicules de transport en commun, supposés être responsables et matures, se sont mis de la partie en démarrant avant même que le passager ait fini d'embarquer ou de débarquer, laissant sur le carreau des personnes âgées ou des enfants qui croient que tous les adultes sont adultes. Dépité, un piéton qui s'était fait percuté par un «gamin» qui s'amusait à faire un rallye en plein centre ville au volant d'une «série 5» s'est laissé aller à ce commentaire: qu'ils se fassent tuer s'ils en ont envie, mais qu'ils nous laissent vivre! Méchanceté, manque de respect envers l'autre ou propos désabusés d'une victime que la loi n'arrive pas à protéger? En dépit de toutes les mesures prises, et en bon Musulmans, nous nous efforçons de mettre ces drames sur le compte de la fatalité, ou de la Ketba, tout en reconnaissant intérieurement que beaucoup de dispositions légales ne sont pas appliquées sur le terrain, faute de conscience de l'uniforme, de civisme de la part du conducteur ou tout simplement parce qu'il est impossible de mettre un agent derrière chaque véhicule qui démarre? Le fait est qu'il n'y a pas que la route qui tue. Le gaz, le monoxyde de carbone, l'électricité, l'eau, la mer, et l'habitat vétuste tuent aussi. Si l'on venait à établir un hit parade de la mort et en définir les causes, l'on serait étonné de savoir que l'homme sans véhicule tue autant que son congénère derrière un volant. Les Algériens ont tous en mémoire ces annonces de décès par inhalation de gaz; d'asphyxie par monoxyde de carbone, l'hiver; d'explosion dues à des fuites; de noyades de nourrissons dans une baignoire, et d'autres incidents mortels que l'on désigne pudiquement sous le vocable d'accidents domestiques alors qu'ils produisent les mêmes morts que ceux de la route. La seule différence entre les deux est que ce sont les victimes elles-mêmes, parfois le père ou la mère, qui sont responsables en dépit du fait qu'elles savaient ce qu'il y avait lieu de faire et qu'elles n'ont rien fait pour éviter. Par paresse, par manque de temps, par précipitation ou parce qu'elles croyaient que cela n'arrive qu'aux autres oubliant que les autres c'est eux. Une personne qui actionnera un interrupteur détérioré et qui se fera électrocuté ne sera pas poursuivie parce qu'ayant «payé», et les lois de notre pays ne sont pas suffisamment «sophistiquées» pour poursuivre pour homicide involontaire un père négligent. Le plus grave est quand la mort est le produit d'une entrave à la loi. Ce qui s'est passé, hier, dans une station service appartenant à un privé dans une localité de la wilaya d'Oran, Es Sénia pour ne pas la citer, est un cas d'espèce qui se reproduit, malheureusement, chaque jour dans la quasi-totalité des stations du pays. Un jeune se fait servir de l'essence super –donc d'un indice d'octane élevé- dans une bouteille d'eau minérale en plastique. Comme le bec du pistolet est plus gros que le goulot, la quantité de carburant qui s'est déversée était très importante, et le quart aurait suffi à provoquer un incendie. Le plus grave est qu'il y avait plusieurs voitures, moteurs en marche, en train d'attendre d'être servies. L'un des conducteurs avait même ouvert le réservoir et d'autres grillaient une cigarette pour tuer le temps, ignorant peut-être qu'ils auraient pu se faire tuer. Ironie du sort, une vieille pancarte informait les clients qu' «en vertu d'un arrêté du wali, il est interdit de … ». Le propos n'est pas de jeter la pierre à l'un ou à l'autre. Le pompiste sait qu'il est interdit de…, le citoyen à la bouteille sait qu'il est interdit de…, l'automobiliste qui attend sait qu'il est interdit de …. Il n'y a que l'accident qui ne sait pas car il agit. Nous sommes, peut-être, passés à côté d'un drame aux conséquences incalculables. Qui sait? De grâce, alors, cessons d'évoquer la fatalité et d'accuser El houkouma pour masquer notre mauvaise foi et notre incivisme même si, de temps à autre, il serait bon que la police de proximité dresse un PV et ferme la station. Peut-être pourra-t-on préserver des vies et éviter des catastrophes en touchant à nos portefeuilles?