Le ministre de l'Education nationale (MEN) persiste et signe sur la question de l'absentéisme qui, selon lui, «entrave le processus pédagogique et nuit à l'intérêt de l'élève, et dont la responsabilité incombe à la tutelle et aux directions». Il a, à cet effet, instruit les directeurs de l'éducation de wilays (DEW) d'établir un état des absences des enseignants, notamment ceux des classes d'examen, tout en menaçant encore une fois les enseignants qui cumulent plus de trois absences non justifiées, de licenciement. Dans une déclaration à la presse, Boubekeur Benbouzid estime que «l'absentéisme est un mal pernicieux qui peut devenir un fléau», avant d'ajouter «nous devons l'appliquer pour sauvegarder l'intérêt de nos enfants. Il s'agit d'un combat qui devait être mené conjointement par les directions, les enseignants et les parents». Le ministre est revenu à la charge en annonçant être déterminé à lutter contre les absences non justifiées, quelle qu'en soit la cause. Lors d'une réunion tenue le 7 décembre dernier avec les DEW, le MEN a tracé une nouvelle feuille de route, en faisant état de la mise en place de nouveaux groupes de surveillance et d'autres mesures qui permettront de lutter contre l'absentéisme. De leurs côtés, les syndicats de l'Education défient Boubekeur Benbouzid et affirment que le recours à la grève n'est pas à écarter lors de cette rentrée scolaire. Ils déclarent ne pas renoncer à leurs revendications socioprofessionnelles et la menace d'exclusion brandie par le ministre de tutelle afin de dissuader «l'activité syndicale» ne fera pas fléchir les fonctionnaires. Boudiba Messaoud, chargé de la communication du CNAPEST a indiqué que le choix de la tenue, ou non, de mouvements de contestation dépend de la base. «Des assemblées générales seront tenues incessamment à travers tous les lycées du pays, elles seront suivies par des conseils de wilaya, et, en fin de semaine, nous organiserons le conseil national auquel on soumettra les rapports en provenance de la base», a-t-il déclaré. «Une stratégie» sera mise en place avant même d'aller vers la protestation, explique notre interlocuteur. Le ministre de l'Education «a tout intérêt à ouvrir le dialogue avec le syndicat, au lieu de faire dans la provocation», assène-t-il. Le CNAPEST, précise M. Boudiba, «tient toujours à ses revendications relatives aux œuvres sociales, médecine du travail et régime indemnitaire». Aussi, il rappelle à Benbouzid ses engagements de trouver une solution à leurs doléances. «Des engagements non tenus», regrette-t-il, ajoutant que le ministre, «en menaçant d'exclure les enseignants ayant plus de trois absences non justifiées, veut plutôt éviter d'aborder les vrais problèmes». De son côté, Mohamed Salem Sadali, secrétaire général du SATEF, a indiqué que «sur la forme» les déclarations de Benbouzid n'inquiètent pas les enseignants, puisque «le ministre n'est pas au-dessus de la loi. Il existe une réglementation applicable en cas d'absences». Il dit que ce n'est pas la première fois que le MEN tente de dissuader les syndicalistes avant la rentrée scolaire. M. Sadali affirme que le Conseil national du SATEF va se tenir prochainement et décidera des actions à mener à la rentrée. «Si la base opte pour la grève, nul ne pourra nous arrêter», souligne-t-il, précisant au passage qu'«il ne faut pas confondre entre droit de grève et absentéisme». Il est à relever que le risque de protestation à la rentrée scolaire, qui vient de commencer devient de plus en plus évident. Les intendants de l'Education ont ouvert le bal, le 5septembre, avant qu'ils ne suspendent leur mouvement. Il est à craindre que ce débrayage soit suivi par d'autres actions de protestation, à cause notamment du retard dans la concrétisation de certaines revendications attendues par les travailleurs. Une situation qui compromet la stabilité de la scolarité des élèves, pénalisés chaque année par des mouvements de grèves à répétition.