La chasse aux non jeûneurs, présumés chrétiens, a eu un écho à Bruxelles, où l'Union européenne vient d'être saisie. Le dernier procès des deux ouvriers non jeûneurs qui se disent être de confession chrétienne, et contre lesquels le procureur a requis une peine de trois ans de prison ferme, semble avoir accéléré la montée au créneau des élus européens, selon notre confrère VLA. Le quotidien électronique évoque un groupe de dix eurodéputés qui vient de saisir, officiellement, les instances de l'U.E, conformément à l'Accord d'association que l'Algérie a signé le 18 juillet 2005, en guise de protestation contre les procès de ce genre, qui «sentent fort l'odeur de l'inquisition», selon une formule consacrée. Enmennés par la figure de proue des Verts en France, José Bové, le groupe de députés a demandé aux institutions de l'Union européenne, de rappeler aux autorités algériennes leur «engagement à respecter les principes démocratiques et les droits fondamentaux». Selon le communiqué, rendu public hier, le groupe des dix députés a dénoncé «les procédures judiciaires engagées contre les non-jeûneurs interpellés à Ighzer Amokrane, Michelet et Bouira». Poussant, plus loin, la chansonnette, le groupe qui a d'autres chats à fouetter en France même, a déclaré: «les députés européens soussignés sensibles à la situation des populations berbères/amazighs d'Afrique du Nord, condamnent les procès actuellement en cours en Kabylie en vue de la normalisation islamique d'un territoire aux traditions ancestrales de tolérance religieuse». Une copie du communiqué a été adressée au parlement européen et à toutes les instances de l'UE. Ce texte, signé par 4 députés femmes et six, hommes, réclame de l'Union européenne qu'elle condamne les poursuites judiciaires engagées contre des personnes au motif qu'elles n'observent pas le jeûne où qu'elles pratiquent un autre culte que l'islam. Pour mémoire, le tribunal de Ain El Hammam (Michelet) a mis en délibéré pour le 5 octobre le verdict contre H.H âgé de 47 ans et S.F 34 ans, dans une affaire impliquant le non respect du jeun par les deux hommes, surpris de manger dans un chantire par la police. La défense de deux prévenus a plaidé la relaxe, arguant qu'aucune loi n'oblige un citoyen à jeûner, et que la Constitution garantit la liberté de conscience. De leur côté, les deux prévenus ont soutenu qu'ils étaient de confession chrétienne et que de ce fait, leur religion ne les contraint pas à la pratique de rites musulmans. Par ailleurs, deux autres jeunes de Larbâa Nath Irathen doivent comparaître devant le tribunal de la ville pour répondre au chef d'inculpation d'exercice «d'un culte non musulman» et onze autres personnes, toujours selon VLA, se présenteront devant le juge le 8 novembre prochain à Ighzer Amokrane, pour s'être alimenté en groupe durant le mois de Ramadhan dans un local de l'un d'entre eux.