En dépit d'un diagnostic du médecin de tentative d'abus sexuel sur un enfant de 6 ans, et de la demande du procureur de placer sous mandat de dépôt l'agresseur présumé, un mineur de 17 ans qui a enlevé l'enfant, le juge a décidé de remettre ce dernier en liberté. C'est l'affaire qui a défrayé la chronique dans la région de Maghnia, en cette rentrée sociale, un fait qui a traumatisé toute une famille. Les faits remontent à mardi 21 septembre 2010, un enfant de 6 ans, a été enlevé à proximité du domicile familial à Maghnia, aux environs de 16 h, par un voisin âgé de 17 ans, qui l'a séquestré dans l'appartement en l'absence de ses parents. Impuissant, l'enfant a dû se débattre, crier comme il pouvait, pour s'extirper des griffes de son agresseur après avoir subi des attouchements, comme l'atteste le diagnostic du médecin spécialiste dans son rapport médical. De retour chez lui, l'enfant raconte sa mésaventure à ses parents. Le père décide, sans trop attendre, de porter plainte. L'auteur des faits a été arrêté, une heure plus tard, et emmené dans les locaux de la police. Entre temps, un médecin spécialiste confirme la tentative d'abus sexuel (rapport aux mains du tribunal de Maghnia avec les P.V d'audition des services de la police, du procureur de la république et du juge d'instruction établis les 21 et 22 septembre). L'auteur de cette barbarie reconnaîtra avoir donné de l'argent à l'enfant mais niera avoir tenté d'abuser de lui. Le procureur ordonne un mandat de dépôt. L'affaire est alors confiée au juge d'instruction, le jour même. Le juge soumet, de nouveau, la victime à un interrogatoire et à une confrontation avec son bourreau. Après quoi, «le juge procèdera d'une manière expéditive à la libération de l'auteur de l'enlèvement, séquestration et tentative d'abus sexuel», raconte son père, qui «voit là un passe-droit inquiétant», selon ses propos. Ce dernier, selon DNA, dénonce l'intervention de l'oncle de l'agresseur, un ancien commissaire de police. Dans un témoignage, sous le sceau de l'anonymat, le père déclare que «le bourreau pédophile circule librement et sa victime est recluse à la maison». «Toute une famille est traumatisée et détruite. Je suis mort», écrit-il au ministre de la Justice. Plus de 1.000 enfants ont été enlevés en Algérie au cours des dix dernières années. Soit une moyenne de 100 enfants par an. «Ils sont généralement enlevés pour demander des rançons pour alimenter les groupes terroristes, pour le banditisme et pour le motif d'abus sexuel», expliquait en janvier 2010 le professeur Mustapha Khiati. Parce que la pédophilie est une hantise, un sujet tabou en Algérie, victimes, parents et proches évitent d'aborder le sujet. Le cri de douleur de ce père de famille sur les colonnes de DNA est un courage à saluer même s'il est fait de manière anonyme, pour échapper à la honte et la risée de l'entourage.