Que ce soit au niveau des wilayas de l'intérieur du pays telles Laghouat, El Bayadh, Djelfa, M'sila, Sétif, Bordj Bou Arréridj, Sidi Bel Abbès et Médéa ou encore les wilayas plus ou moins proches des zones frontalières, le vol de cheptel a pris des proportions inquiétantes. Dans la seule wilaya de Médéa, «les services de la Gendarmerie nationale ont recensé le vol d'un cheptel constitué de 1.197 têtes, 976 ovins et 221 bovins, durant les 9 derniers mois. Presque autant qu'en 2009 et 2008», écrit notre confrère L'Expression, citant le commandant du groupement de la Gendarmerie nationale de la wilaya de Médéa. Ce dernier a ajouté que seules «233 têtes ont été récupérées par les gendarmes qui ont pu arrêter 60 personnes dont 54 ont été présentées devant le parquet et 6 autres mises en liberté provisoire». Durant la même période, c'est-à-dire de janvier à septembre 2010, 19 réseaux qui sévissaient à Médéa et dans les wilayas limitrophes ont été démantelés dans le cadre de 87 affaires de vol. Il s'agit de bandes organisées, spécialisées dans le vol de cheptel et à leur tête des «bouchers» qui sèment la terreur parmi les éleveurs de Médéa qui enregistre une alarmante hausse du vol, ces trois dernières années. Selon l'officier de Gendarmerie, «le chevillard ou communément le boucher, est impliqué dans la grande majorité des vols». Non satisfaits, déjà, des prix inabordables de la viande qu'ils exposent sur leurs étals, ces revendeurs-receleurs ont en ligne de mire le gain facile, en se reconvertissant en criminels. Le phénomène, comme le fait observer notre source, enregistre des pics durant le mois de Ramadhan ou à l'approche de l'Aïd El-Kebir et la période marquant le retour des hadjis. Ce qui est, encore, plus inquiétant est que ces vols sont aggravés par un phénomène plus grave, l'écoulement et le trafic de faux billets de banque. Ainsi, les trafiquants, spéculateurs ou contrebandiers, profitent des transactions, la vente des bêtes évoquées, pour fourguer de faux billets, au niveau des marchés à bestiaux. Ces pratiquent sont facilement exécutées car la victime –maquignon ou revendeur- n'a pas le temps matériel de vérifier les billets qui composent des sommes qui se montent à des dizaines, voire des centaines de millions de centimes. Selon certaines sources, «les faux billets refilés par les trafiquants atterrissent dans la plupart des cas au niveau des stations-service». La dernière affaire en date signalée à Médéa, remonte à trois jours quand 45 têtes d'ovins ont été récupérées par la éléments de la brigade de Gendarmerie de Aïn Boucif, dans la localité de M'ghachia. Un individu de 25 ans a été appréhendé par les gendarmes et un autre est en fuite. En dépit du dispositif de lutte contre ce phénomène, mis en place par la Gendarmerie nationale impliquant les notables et les autorités locales, les résultats sont encore insignifiants. Les bergers, les petits éleveurs, les transhumants, les fermes familiales et les professionnels des étables font l'objet, chaque jour, d'attaques, d'agressions et de vol de bétail, écrit l'Expression. Ces bandes sont affiliées à des réseaux nationaux et internationaux, notamment ceux basés au Maroc et en Tunisie. Plus de 13.000 têtes d'ovins et de bovins ont été volées durant l'année 2009, et plus de 44.000 autres l'ont été en 2008.