Tout a commencé en 2005, par la tentative de privatisation du complexe des plâtres situé à Hassiane Toual, ex-Fleurus, près d'Oran. Il s'agit du plus grand complexe du continent et même des pays arabes. Pour ne pas provoquer le mécontentement des travailleurs, la direction générale, SOPLAF, a organisé, le 04 juillet 2005, une assemblée générale, regroupant les travailleurs en présence d'un huissier de justice, saisi officiellement par la direction générale pour dresser un rapport de constatation conformément à l'article 127, à propos d'un éventuel partenariat qui ferait bénéficier les 156 travailleurs d'un pourcentage de 10% du prix de la cession du complexe, et ce, en cas de privatisation. "C'est la carotte qu'on a tendue aux travailleurs, dissimulant ainsi le bâton qui devait suivre", dit le représentant des travailleurs. L'huissier de justice constate alors et consigne 156 agents sur un nombre total de 174 inscrits dont le directeur général du complexe, 4 cadres et les représentants des travailleurs. Le directeur général déclare alors qu'un pourcentage, 10% du prix de la cession du complexe, était réservé aux travailleurs qui devront décider de leurs actions, soit les conserver ou les revendre au partenaire étranger qui n'était autre que le groupe allemand KNAUF qui, 30 années auparavant, avait construit, clés en main, ce complexe pour le convoiter ensuite. Après délibérations, l'huissier de justice note que 148 agents ont décidé de vendre leur part à 100%, un seul d'entre eux en cède 50% et 7 autres ont décidé de conserver leur part. Ceci pour permettre la privatisation au profit du groupe étranger KNAUF. Le 06 décembre 2004, la SGP GICA signe la résolution N°2 du CPE, portant prise de participation du groupe KNAUF dans le complexe plâtrier de Fleurus dont la constitution sous forme d'une filiale, dénommée Société des plâtres de Fleurus, SOPLAF SPA, constituée le 26 mars 2005. L'évaluation de la filiale est alors engagée par le Comité institué au niveau de la SGP-GICA qui confirme dans la résolution N°3 du 23 décembre 2005, son accord pour l'offre du groupe étranger KNAUF. Une première prise de participation de 50% dans le capital de la Société des plâtres de Fleurus est annoncée et l'accord pour la conclusion de l'opération d'ouverture de 50% des actions du capital de SOPLAF est assuré pour un montant de huit millions d'euros, payables à la signature des documents de transaction et pour le transfert du management à cette société étrangère. Déjà à cette date, cette dernière assurait l'accord pour l'acquisition des autres titres restants et atteindre ainsi le minimum de 95% du capital, dans un délai maximum de 42 mois. Dans le cinquième chapitre de cette résolution, il est clairement fait mention du maintien des effectifs (156 travailleurs). Or, la direction générale, SOPLAF, avec l'accord de son staff, a procédé au licenciement des travailleurs, faisant ainsi fi du cinquième chapitre de la résolution N°3. Même les services ont été dissouts, à l'exemple du service de sécurité. Pour se débarrasser, en toute discrétion, des travailleurs, un départ volontaire «maquillé» en demande de démission est annoncé aux travailleurs, avec d'importantes indemnités, soit un salaire de 45 jours par année travaillée, proposé à tout agent qui présenterait sa démission. Des mises en retraite proportionnelle ou anticipée pour les travailleurs âgés de plus de cinquante ans ont été accordées, mais avec une indemnité largement inférieure à celle octroyée aux démissionnaires. La direction générale a même violé la convention en vigueur dans le domaine des attributions des indemnités, comme nous le constaterons dans la convention de l'entreprise et les documents en notre possession. Le 14 mars 2006, le partenaire étranger s'installe au complexe et devient le maître incontesté des lieux. Devant le silence des responsables algériens de SOPLAF, il ordonne le dépôt à la ferraille d'un nouvel équipement, acquis par SOPLAF au prix de plus de 124.000 euros. Une somme partie en fumée. C'était un nouvel équipement acheté en France, ramené directement du port et mis en ferraille, et sans qu'aucune instance de contrôle n'intervienne pour cette perte d'argent en devises de la caisse de l'ERCO, un secteur étatique, selon des documents et des photos mis en notre possession. Selon tous les travailleurs et leurs représentants syndicaux, ce complexe n'a jamais été déficitaire, il réalisait annuellement des bénéfices, traduits en milliards de centimes, depuis son entrée dans la production en 1978. Sa privatisation est une perte pour les biens acquis des travailleurs. Depuis 1978, il a réalisé annuellement des bénéfices importants, pour ne citer que les dernières années, avant sa privatisation préméditée. En 2002, il a réalisé un chiffre d'affaires de 179.115.235,00 Da; en 2003, 178.695.514,00 Da et en 2005, 181.142.714,55 Da. Un document signé par le secrétaire général du syndicat et dont la copie est en notre possession, dénonce en 2006 que la somme de 5.000.000,00 Da, concernant la part des travailleurs du complexe de Fleurus, a été répartie par la direction générale, uniquement au profit des travailleurs de l'unité de chaux de Saïda et l'unité de fibrociment à Zahana. Sans l'intervention d'une instance responsable, les cadres de l'ERCO ont encouragé les usines déficitaires. Et là aussi, nous remarquons que malgré les dénonciations du syndicat, aucune suite ne lui a été réservée. Cinq années après, le partenaire étranger acquiert le complexe à 100% en septembre dernier, et ce, en dépit des orientations du Président de la République. Mais les travailleurs n'ont, à ce jour, toujours pas perçu le pourcentage promis. Certains, depuis 2006, sont décédés et n'ont donc pas reçu leur dû. Les 156 travailleurs à qui revient de droit cette part, selon le PV de l'huissier, le pourcentage de 10 % du prix de la cession du complexe, revendiquent aujourd'hui ce droit attribué par la SGP-GICA. Mais aucune suite ne leur a été accordée. Il semble, selon l'un des représentants des travailleurs, qu'un coup a été manigancé pour mettre le PV de l'huissier aux oubliettes et ce, au moment où le complexe se débarrassait de la moitié du personnel. L'unique bénéficiaire de cette transaction demeure, à ce jour, le partenaire étranger et les quatre cadres de l'ex-SOPLAF. Les travailleurs ont-ils été dupés, ou tout simplement manipulés? Il semble qu'on voulait acheter leur silence au moment de la transaction, vu qu'ils étaient capables de prendre en charge le complexe, comme ils l'avaient fait depuis 1978, sans pour autant arriver à cette phase de privatisation et au malheur subi par les travailleurs qui ont perdu leurs postes de travail.