L'avant-première du spectacle « Mouqabalet el Hakem », sur un texte de Lotfi Bensbaa et une mise en scène et interprétation de Djahid Dine Hennani, produit par la Coopérative Atelier El Bahia d'Oran, aura utilisé sur les planches du TRSBA un rire sans forcer sur les traits, une esquisse, une ébauche afin de suivre les péripéties tragico-comiques d'un arbitre qui aura eu l'audace de se mettre à dos toute un peuple parce qu'il a eu la malchance de siffler un penalty contre l'équipe locale lors d'un match de football. Manque de pot, il est mis au pilori tant par les dirigeants du club que par les supporters. Il subira la descente aux enfers, ira jusqu'à renier son métier devant tant « d'hostilités » alors que c'est à lui que revient la responsabilité de la règle du jeu dans un stade où les deux équipes sont le revers de la même médaille : l'une refusant à l'autre le droit au « but ». L'arbitre, incarné par Djahid Hennani dans ce spectacle, exprime des mots à la portée de tous ; son jeu très poussé vers le one man show montre bien que la scénographie « coûteuse » n'est pas plus efficace qu'une chaise comme accessoire, un costume provenant presque de la « friperie », l'important étant le comédien lui-même qui, par son interprétation, dessinera justement les éléments du jeu dans un espace nu. Bien sûr que les goûts ne se discutent pas. Chacun fait son « théâtre », mais chacun doit mériter le théâtre qu'il fait à sa juste valeur. En outre, pendant le déroulement de ce malheureux chevalier du sifflet qui se retrouve comme Don Quichotte transformé en moins que rien, rejeté par la passion aveugle et barbare, l'on aura appris directement que la violence dans les stades, que le gain facile, que la « triche » au même titre que la corruption, la drogue ou les malversations naissent de l'incompétence et de l'irresponsabilité autant des dirigeants que des supporters. Thème qui touche de plein fouet l'actualité en filigrane car la balle ronde est devenue un centre d'intérêt même politique. Rappelons-nous du match Egypte-Algérie pour se faire une idée. Le texte très dépouillé a collé remarquablement avec le public de cette soirée, lequel a reconnu à travers les déboires de cet arbitre que la justice humaine est à l'image de l'homme. La société quand elle respecte la justice se respecte elle-même et la règle du jeu est qu'à la fin d'un match l'on accepte le résultat, l'on serre les mains et l'on scande « Le meilleur a gagné ! » Belle leçon de football et de vertu sur les planches du TRSBA. Notons la belle surprise lors de la collation par l'annonce de l'anniversaire du président de l'association M. Bouabdellah, fêté artistiquement par une ovation émouvante. Soirée conviviale, on en redemande!