Le Festival de théâtre de la Mekerra a été clôturé, lundi soir, au Théâtre régional de Sidi Bel Abbès (TRSBA) en consacrant la troupe Afak de Batna qui a décroché le Burnous d'Or, prix du meilleur spectacle, avec la pièce « Le retour de Houlakou ». La tâche du jury, présidé par le musicologue Farid Hakim Haddidi, n'a pas été de « tout repos », concédera d'emblée le dramaturge Syrien Ferhane Boulbol, membre du jury. « Nous avons été agréablement surpris par le niveau des troupes amateurs. Cela dit, beaucoup reste à faire en matière d'écriture scénique et de maîtrise des notions de base de l'art théâtral », dira également Boulbol. Pour cette 10ème édition maghrébine du théâtre de la Mekerra, le jury a émis une série de recommandations visant à encourager les recherches dans le domaine du théâtre et préconisant l'institutionnalisation par le ministère de la Culture de la prochaine édition. Par la même occasion, un hommage appuyé a été rendu, à juste titre, aux comédiens du théâtre de Sidi Bel Abbès qui se sont distingués lors du festival national du théâtre professionnel, à Alger, en remportant quatre prix avec la Poudre d'intelligence, mise en scène de Hassan Assous et En attendant Godot, de Azzedine Abbar. S'agissant des troupes les plus en vue à Sidi Bel Abbès, le verdict du jury vient encore confirmer la vitalité du théâtre universitaire que symbolise la troupe de Djahid Dine El Hannani (L'enfer) et l'atelier de la scène d'Or de Ghanem Bouadjaj (Tartuffe). Pour preuve, la pièce Tartuffe, chaleureusement ovationnée par le public, a reçu deux prix, celui du meilleur rôle masculin et de la meilleure composition musicale. Comédien au parcours singulier et auteur de plusieurs monologues (Le virage, El Moutamerded), Djahid révèle ses talents de metteur en scène dans l'enfer, avec ce même regard empreint de pessimisme sans jamais, pour autant, être complaisant. « Il convient de signaler que ce sont des jeunes qui ont, plus ou moins, essayé de se surpasser encore une fois », considère l'auteur et comédien Mohamed Hbieb, à la suite de la cérémonie de clôture. « Le théâtre se porte bien, en particulier lorsqu'il est porté par ceux qui se sentent concernés et passionnés par l'art théâtral », ajoutera-t-il. Le constat est presque le même chez de nombreux hommes de théâtre pour qui les spectacles présentés lors du festival sont l'expression d'une lecture sensible des désordres qu'a connus la société ces dernières années. « Tous les dix ans de violence ont été exprimés dans les pièces qu'on a suivies, entre autres La rage, L'enfer et L'esclave du Roi de Jones », fait remarquer Hbieb. « Nous devons plancher sur le patrimoine universel et choisir des auteurs et des pièces importantes pour les faire connaître à notre public qui a droit à l'universel et à l'universalité », estime, cependant, l'universitaire Mohamed Chergui. Palmarès Prix de l'association El Bayadère : Bachir Sekay Prix d'honneur du jury : Wafa Osmane Ahmed El Hakim (troupe El Hakim d'Egypte) Prix de la meilleur adaptation : Bouadjaj Ghanem (Tartuffe, scène d'Or de Sidi Bel Abbès) Prix de la meilleure interprétation féminine : Hannane Belaifa (Noujoum El Manfa de Tunisie) Prix de la meilleure interprétation masculine : Benbekriti Mohamed (Tartuffe, atelier la scène d'Or de Sidi Bel Abbès) Prix de la meilleure interprétation masculine, dans le rôle secondaire : Missoum Amine (l'enfer, Coopérative de Djahid de Sidi Bel Abbès) Prix de la meilleure scénographie : Dine Djahid Hannani (Coopérative de Djahid de Sidi Bel Abbès) Prix de la meilleure création musicale ex-aequo : Omar Assou (la Rage de Sidi Bel Abbès) et Benbekriti (la scène d'Or). Prix de la mise en scène : Mohamed Mahdi (Moussafir Ellil de Mascara) Prix du meilleur spectacle (Burnous d'Or) : troupe Afak de Batna.