La chanson oranaise ne se limite pas à la région d'Oran, elle est comme le vent qui souffle sur l'Ouest, celle d'une partie de l'Algérie. De Relizane avec Abdelkader Touahria, Cheikh Mohamed El Relizani, de Tiaret avec le grand poète Bentaïba et la formation «Safir Et Tarab» de Ali Maâchi, de Mascara, avec Dahou Meziane, Bachir Zahaf, Amar Bellili, Benali, Meghdir, Meddah Kaddour, et la troupe « El Fen Oua Nachat », de Mostaganem, avec Mohamed Tahar, Bendhaiba Chaâbane, Habib Bettahar et la troupe « Saïdia » et de chaque région de l'Ouest. Durant les années soixante dix et quatre-vingt, c'est Saïm El Hadj, Amar Bellili, Tammouh Abdellah et Talbi Abdelkader qui prendront la relève. Pour Ahmed Wahbi, Saïm El Hadj a écrit: «Fat Elli Fat», «Haya ya Forsane», «Chahlet Lâyoune», «Mouhal Tferakna Liyam», « Khod El Meshâl » et d'autres. Saïm a écrit aussi pour Abdelwahab Doukali « Montparnasse » et pour Abdelhadi Belkhayat: «Hdali Sorto Lbareh». Talbi Abdelkader a écrit aussi pour Wahbi: «Bismi El Qalam». Tous des tubes de qualité et d'expression qui demeurent en vogue à nos jours. Blaoui Houari, après le festival dit du raï, organisé en 1985 à Oran, s'est empressé d'enregistrer un album d'une valeur inestimable «Dikrayat Wahran». Blaoui cherchait à nous donner le vrai art et le vrai visage de Wahran El Bahia à travers les différents tubes de cet album, malheureusement sa diffusion est limitée par la télévision et les radios locales des régions de l'Ouest. Alors que Wahbi a repris: « Wahran Rohti Khssara ». Mais rares sont les notables qui avaient compris les deux messages des deux grands à cette époque. La chanson oranaise a été adoptée par des braves artistes, qu'ils chantaient comme ils se déplaçaient avec la distance d'une jeune personne qui n'a nul besoin de se mette le cœur et le texte à l'envers pour exister, car très bien armés de bonnes paroles solides et d'une musique écrite. La chaîne ne s'est malheureusement pas du tout brisée. Il y a une relève qui active timidement mais sûrement: Maâti El Hadj, Baroudi Bekhedda, Houari Benchennat, Soraya Kinane, Souâd Bouâli, Abdelkader Ghlamallah, Djamila Sahli et d'autres jeunes artistes. Cette relève qui s'est accrochée à la vraie musique oranaise et aux paroles qui expriment la fierté de l'Algérien, n'a pas encore trouvée un espace et une assistance auprès des dirigeants de la culture en Algérie et surtout les médias lourds. La chanson oranaise , durant l'occupation française s'est intégrée au courant musical nationaliste et de grands artistes tels que Cheikh Hamada qui a donné deux de ses fils tombés au champs d'honneur, du moudjahid Ahmed Wahbi qui devint animateur de la troupe du FLN, de Blaoui Houari militant incarcéré au camp de détention de Sig, de Maâzouz Bouâdjadj, incarcéré au camp de concentration de ex Ouilis, de Ali Mâachi assassiné par les autorités coloniales à Tiaret et d'une majorité d'artistes qui étaient des militants sincères pour la cause nationale. Aujourd'hui, Wahran se réveille comme toutes les villes de l'Oranie chaque matin au rythme d'un quotidien stressant, fouille dans son passé pour peut être qu'elle retrouve avec joie ses sensations d'antan, du plus profond de cette cité légendaire, de ses quartiers populaires de Medina Jdida, de la place Sidi Blal, de Sidi El Hasni ou Sidi El Houari et El Hamri, la langoureuse voix de Wahbi s'entremêle à celle du jeune Maâti Hadj pour chanter en commun: «Wahran Wahran Rohti Khssara», et nous sommes en fin de 2010. L'espace d'un rêve d'une mélodie, l'élève côtoie le maître et tous deux, retrouvent une place d'honneur dans le cœur des nostalgiques de l'Oranie.