«Les fantômes existent-ils vraiment ou vainement?! Comment en guérir sans devoir sacrifier tous ceux qui avaient eu l'infortune de les rencontrer, tapis dans les rouages de la machine de l'histoire qu'on murmure la peur au ventre?!» Ce troublant passage du roman "Fantôme, quatre ans de maquis", signé par un jeune auteur universitaire sous le pseudonyme de Yacef Oumli, renvoie le lecteur à la période la plus sombre de notre histoire immédiate, celle du terrorisme intégriste avec son lot d'intelligences assassinées, de femmes enlevées, violées et égorgées, d'enfants calcinées et de vieillards meurtris dans leur mémoire. « Ecriture de l'éclatement et de l'éclaboussure », comme n'a pas manqué de le souligner un chercheur à propos du roman algérien de la décennie noire, cette catégorie de texte plonge droit dans le conflit pour nous révéler cet échange secret entre l'écrit et l'écrivain, ce dernier ne cessant de poursuivre, par cette entremise, « une exploration sans fin dans le dédale des tensions de son propre labyrinthe ». Dans une lettre transmise à l'éditeur, le jeune écrivain résume ainsi son roman, le premier d'une série, édité par l'Union des écrivains algériens (UEA) sur le fonds d'aide à la création littéraire mis en place par le ministère de la culture: «Le texte, écrit-il, raconte les péripéties d'un personnage ambigu et ambivalent qui est tantôt d'un bord de la lutte fratricide en Algérie, tantôt de l'autre bord. Les événements se passent dans des lieux indéfinis mais qu'on soupçonne qu'ils ne font pas partie de la géographie algérienne mais panislamique. Car ceux qui se faisaient appeler moudjahidine se croyaient, se voulaient autres qu'Algériens et ailleurs qu'en Algérie. Ce qui est traduit dans le récit par une translation pure et simple des événements sur des terres extrême-orientales afin de correspondre à cet esprit mythologique (du combat hors de soi et hors de ses frontières…)» «Un livre d'une bouleversante vérité mais dont l'édition aurait été malheureusement «entachée d'irrégularités multiples», à en croire Noui Nabil, secrétaire général de la section UEA de Sidi Bel-Abbès qui avait à l'origine parrainé le projet… «Mais ceci est un autre problème qui concerne la question de la gestion du fonds de soutien à l'édition» tiendra à faire observer notre interlocuteur en nous promettant de nous livrer, le moment opportun, des révélations fracassantes sur le sujet.