La localité de Djenine Meskine et la cité En Nasr, relevant de la commune de Zahana, dans la wilaya de Mascara, étaient quadrillées par les éléments antiémeute de la gendarmerie nationale, et ce, au lendemain des protestations violentes ayant secoué, le jeudi 24 février dernier, cette région. Ce mouvement de contestations a été déclenché par les jeunes chômeurs de la commune qui réclamaient le droit au travail à l'unité de production du ciment à Zahana qui était encore à l'arrêt jusqu'à mercredi 2 mars dernier. Les habitants de cette zone qui ont subit l'ambiance «fumante» de l'affrontement entre émeutiers et forces de l'ordre public, réclament l'ouverture d'une enquête pour faire lumière sur les tenants et les aboutissants de ces incidents. Dès notre arrivée à Djenine Meskine, mercredi, nous avons été frappés par l'impressionnant dispositif sécuritaire déployé sur place. Les éléments de la gendarmerie nationale bouclaient l'ensemble des accès à la cité En Nasr et à la localité de Djenine Meskine. Le dispositif sécuritaire couvrait aussi la passerelle donnant au quartier El Nasr et la carrière située à proximité du lieu. En effet, en dépit du retour au calme et la reprise des activités quotidiennes dans cette zone et du trafic automobile au niveau des voies périphériques et de l'autoroute Est-Ouest, les fortes odeurs des bombes lacrymogènes utilisées par les éléments antiémeute se dégageaient de partout et renseignaient sur l'ampleur des violences qui ont secoué, jeudi dernier, les deux localités. Les pneus brûlés et la grande fumée provenant des lieux incendiés, témoignent de l'intensité des violences qui y ont eu lieu. Le nombre de jeunes de différents âges qui ont été blessés dans les émeutes, est important, et le corps des brigades antiémeute a enregistré plusieurs cas de blessés dont l'état de certains a été jugé de critique. L'on croit même savoir qu'un élément antiémeute a été transféré à l'hôpital militaire d'Oran vu la gravité de ses blessures. Les habitants que nous avons rencontrés, ont tenu à préciser qu'ils ont exprimé leurs revendications pacifiquement. «Pendant une semaine, nous avons protesté pacifiquement et nous n'avons rien fait que de réclamer notre droit au travail. Malheureusement, les responsables de l'unité de production n'ont pas réagi à notre action et ne nous ont accordé aucune attention. D'ailleurs, nous avons du mal à comprendre pourquoi nous a-t-on éloignés de force de l'entrée principale de l'usine, alors qu'on faisait que protester pacifiquement? Nous continuons à réclamer notre droit au travail dans cette unité de production où aucun jeune de notre quartier n'a été recruté», nous dit-on. D'autres jeunes disent «qu'ils habitent à 02 kilomètres de l'unité de production du ciment et n'ont pas réussi à y être recrutés malgré les multiples demandes déposées.» «C'est injuste de se voir d'être privé d'un travail qui te revient de droit et à titre prioritaire, car c'est nous les habitant de cette localité qui subissons les conséquences néfastes de l'activité de l'unité de production du ciment. Tout le monde ici, souffre de pathologies respiratoires. En revanche, tout le monde ici est exclu du travail dans cette usine. Cela est insensé et injuste». Pas loin du quartier, on s'est déplacé à l'usine qui était encore encerclée par les éléments de la gendarmerie et là on a croisé un jeune qui nous dira que ces incidents sont également pénalisants pour eux et qu'à cet effet, ils ont été reçus, avant-hier, par le Wali de Mascara pour lui présenter une série de plaintes avec la liste nominatives de certains personnes qui, de part leur arrogance et mépris et passe-droits, ont provoqué les incidents survenus dans la région. Ceci avec une requête demandant l'ouverture d'une enquête sur les dépassements commis au niveau de l'usine et sur les conditions de travail. Le représentant des jeunes indiquera que les protestataires ont adressé une lettre de protestation détaillée à la wilaya et qu'une autre réunion a été tenue mercredi avec le wali et les représentants des jeunes ainsi que l'administration de l'usine. Les 20 jeunes arrêtés par les éléments de la gendarmerie ont été relâchés mercredi. Par ailleurs, et selon une source sûre, la politique de recrutement des travailleurs à la Société des ciments de Zahana (SCIZ), les éventuels cas de détournement de ciment et autres affaires possibles de corruption font déjà l'objet d'enquêtes des Services de sécurité. La voix de l'Oranie reviendra sur ces événements en cas de survenance de faits nouveaux.