Le délit de presse, en vigueur depuis 2001, sera dépénalisé. Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, l'a annoncé, vendredi, dans un discours à la nation. Outre les mesures socio-économiques et les réformes politiques, la dépénalisation du délit de presse figure parmi les principales mesures politiques annoncées. «La loi sur l'information, elle, introduira les repères d'une charte déontologique et complétera la législation actuelle, notamment à travers la dépénalisation du délit de presse», a clairement indiqué le chef de l'Etat dans son premier discours à la Nation depuis plusieurs années. Cette décision vient répondre à l'une des principales revendications de la corporation de la presse. La pénalisation du délit de presse a été instaurée par un amendement du code pénal, en mai 2001. Plusieurs initiatives ont été lancées par les professionnels des médias depuis le début de l'année en cours pour demander de meilleures conditions d'exercice de leur métier. Dans une tentative d'organisation, plusieurs comités et collectifs de journalistes ont été créés dans le sillage des révoltes qui secouent actuellement le monde arabe. La dernière initiative en date a présenté une douzaine de revendications et a annoncé une journée de débrayage le 3 mai prochain, Journée internationale de la liberté de la presse. L'Initiative nationale pour la dignité de la presse, par ces annonces qui ne sont pas des moindres, a estimé que c'est un bon départ pour le secteur puisque le président a répondu à trois des revendications parmi les douze inscrites dans la plateforme, et souhaite plus de mesures fortes et encourageantes de la part de l'institution législative.
L'ouverture du champ audiovisuel n'est pas pour demain
Si le président de la République donne satisfaction aux journalistes sur le délit de presse, il ne répond pas favorablement à une autre demande également importante qui émane à la fois des professionnels des médias et de l'opposition : l'ouverture du champ audiovisuel au privé. Dans son discours, le président Bouteflika a annoncé un renforcement du paysage médiatique public par «la création de chaînes thématiques spécialisées et ouvertes à toutes les opinions, dans leur diversité», il a totalement fait abstraction d'une quelconque ouverture du champ audiovisuel. Il a appelé les médias lourds à «s'ouvrir aux différents courants de pensée politique, dans le respect des règles d'éthique qui régissent tout débat». En refusant d'ouvrir le champ audiovisuel, le président Bouteflika montre que l'ouverture politique annoncée dans son discours de ce vendredi ne sera pas totale. Et la bataille pour l'ouverture du champ audiovisuel n'est qu'une question de temps. La presse a ainsi gagné la bataille de la presse écrite, mais n'a pas gagné la guerre de l'audiovisuel. Un média lourd qui reste otage des politiques.