Qu?est-ce qui peut bien s?parer autant les Alg?riens, assez pour que le versement du sang soit devenu le moyen avec lequel est exprim?e la haine envers l?autre? Qu?est-ce qui peut bien s?parer autant les Alg?riens, assez pour qu?on parle de clans au lieu de courants, assez pour que s?installe la guerre froide entre les r?gions et qu?? celle-ci se superpose une guerre entre des id?ologies mortelles l?une pour l?autre? Quoi pouvoir d?fendre en commun quand on s?arrange pour diverger sur tout? Tous parlent de d?fendre la culture, mais chacun sait qu?il ne s?agit pas de la m?me culture et que les perceptions n?ont jamais cess? d??tre contradictoires sur le contenu ? donner ? ce concept. Ces perceptions contradictoires ont induit des contradictions m?me sur l?espace g?opolitique auquel le pays doit ?tre arrim?. Les uns regardant vers l?Orient et les autres vers l?Occident, tr?s peu ?tant frapp?s de strabisme politique, un ?il sur chaque espace pour affectionner les ?quidistances. Tous parlent d?un Etat fort, mais, l? encore, tous divergent sur la nature de l?Etat ? construire et selon des convictions contradictoires, ou plut?t antagonistes car entrant en confrontation et pas seulement sur le plan des id?es. D?abord, c?est quoi un Etat fort? L? encore, et surtout l?, il y a de profondes divergences. Les uns optent pour le renforcement des moyens de r?pression dans un contexte d?absence de libert?s publiques alors que d?autres pensent que l?Etat est fort par la confiance qu?il inspire aux populations quand l?individu passe au stade de citoyen, et par l?existence de contrepouvoirs qui s?opposent aux d?viations de la loi. Nous sommes dans un contexte o? il appara?t qu?il n?y a pas d?unicit? au sein du pouvoir, malgr? les d?n?gations de ceux qui y sont, que cela soit comme noyau central ou ?lectron en orbite. Nous sommes ?galement dans un contexte o? l?opposition ne r?unit pas les conditions de coh?rence pour tenter de faire front commun. Le pole de puissance ne se trouve nulle part de part et d?autre de la ligne qui s?pare l?opposition du pouvoir. Les lignes de fracture traversent autant le camp du pouvoir que celui de l?opposition tandis qu?aucune donn?e n?est fiable pour valider le caract?re majoritaire de celle qui continuera, pour le moment, ? se proclamer ?alliance? en attendant probablement que des ?instructions d?en haut? ne tombent pour annoncer les tenues ? conduire. Belkhadem a d?cid? de ?d?verrouiller? l?acc?s ? l?alliance contrairement ? l??poque o? les voies qui pouvaient y mener ?taient rendues imp?n?trables du fait que r?gnait au sein de celle-ci un semblant de s?r?nit?. Des remplacements seraient recherch?s pour pallier une ?ventuelle d?fection du RND bien qu?il n?apparaisse pas que ce dernier ?intentionne?, pour le moment du moins, d?inscrire le ?d?saccord? dans une logique de s?paration. Une sortie du RND de l?alliance r?duira l?alliance ? une coalition ? deux et enl?vera au bin?me FLN-HMS tout caract?re de diversit? tandis qu?il est dans la vision de ce dernier de continuer ? faire de l?opposition au sein du groupe restreint pour bien mettre en ?vidence les ?l?ments de son identit? islamiste. Il y a maintenant un profond d?s?quilibre au sein de l?alliance et au sein de ce qu?on peut appeler pouvoir ou syst?me. Le d?s?quilibre au sein de l?alliance est marqu? par l?in?galit? en terme d?exercice ou de proximit? du pouvoir du fait que les chefs de deux partis ont des fonctions gouvernementales tandis que le troisi?me en est compl?tement ?hors?. Il y a un autre d?s?quilibre en terme id?ologique si on accr?dite la th?se que c??tait Ouyahia qui, de pr?s ou de loin, repr?sentait la caution d?mocratique et ?galement la caution r?gionale depuis que Karim Youn?s a ?t? pouss? vers la sortie, pratiquement dans les m?mes conditions que l?ex-chef de gouvernement. Y int?grer l?UDR en substitution? Il faudrait d?abord le l?galiser administrativement, voie qui ne semble pas choisie par les autorit?s car ce candidat ? l?acc?s au rang de parti l?galis? n?est pas le seul dans la file d?attente. L?int?gration de l?UDR dans l??chiquier politique du pouvoir risquera de brouiller les perceptions sur la nature et la provenance de la menace int?rieure ainsi que sur l?identification de l?espace g?opolitique auquel arrimer l?Alg?rie. Quant ? la nature du nouvel ordre national interne ? instaurer, il n?y a pas de convergences sur les principes qui le fondent, les r?gles qui r?gissent son fonctionnement et les ?quilibres qui le garantissent.