La tenue des Assises sur l?agriculture a co?ncid? avec la visite qu?a effectu?e Bouteflika ? Biskra. C?est, d?ailleurs, en sa qualit? de Pr?sident qu?il a inaugur? les travaux pour marquer l?importance que rev?t la question pour le pays, ? un moment o? l?arme alimentaire est devenue plus redoutable que l?occupation militaire ou l?utilisation d?armes sophistiqu?es. Les Palestiniens qui en sont r?duits ? utiliser des poubelles comme sources potentielles de nourriture ou ? creuser des tunnels sous terre, en savent quelque chose. Avoir du p?trole, comme c?est le cas de l?Alg?rie; profiter de prix du baril que personne ne pouvait imaginer et disposer de ressources gazi?res importantes ?alors que les pr?visions tablent sur une augmentation de la demande de 30%- sans en tirer des enseignements et les concr?tiser par des acquis qui mettront les Alg?riens ? l?abri de la menace, revient ? dire que notre pays n?a pas de richesses et est condamn? ? subir et ? c?der aux pressions externes. Les Assises sur l?agriculture pouvaient se tenir ? Blida, par exemple, qui a l?avantage de disposer d?une r?gion tr?s riche, la Mitidja, d?autant plus que le pr?sident y ?tait, il y a quelques jours, et qu?il pouvait dire ce qu?il a dit ? Biskra. Le choix de Biskra r?pond, donc, ? des raisons pr?cises. A l?inverse de Blida qui a vu le b?ton d?vorer la mythique Mitidja qui n?est plus ce qu?elle ?tait, et qui ne peut ?tre le bon exemple ? citer, Biskra qui est la porte du d?sert a connu une avanc?e foudroyante en mati?re performances dans le domaine de l?agriculture, de valorisation des terres ?jusque-l? r?serv?es au parcours- et d?autosatisfaction alimentaire. Aussi contradictoire que cela puisse para?tre, Biskra approvisionne, aujourd?hui, bon nombre de wilayas du Nord en produits agricoles, alors qu?il n?y a pas si longtemps elle en d?pendait, exception faite pour la datte. Les mauvaises langues ont attribu? cette r?ussite au fait que l?ancien ministre de l?Agriculture, Sa?d Barkat, est natif de la r?gion, et qu?il voulait prouver que si l?on peut r?ussir dans le ?d?sert?, on peut le faire, ? plus forte raison, ailleurs. Au cours d?une ?mission t?l?vis?e, Barkat s??tait d?fendu de s??tre adonn? ? la pratique du favoritisme. Le fait est que, favoritisme ou pas, les faits sont l? et montrent qu?une r?gion, qui avait une vocation pr?cise ?la monoculture et la transhumance- est devenue une r?gion qui a dam? le pion ? bien des zones autrement plus pr?dispos?es. Quelles conclusions en tirer? Que le fait que le ministre soit de la r?gion fait de lui une autorit? facile ? contacter pour lui faire part des blocages administratifs, financiers ou autres? Qu?il s?agit d?un pari que l?on peut relever, pour peu qu?il y ait des hommes de bonne volont? pour prouver que l?on est capable, pourvu que les b?n?ficiaires des aides et des programmes soient les bons? Le PNDA a fait couler beaucoup d?encre et les r?sultats n?ont pas toujours ?t? ceux qu?on esp?rait. Les prix qu?affichent l??uf et tous les fruits et l?gumes sont des indicateurs suffisants pour dire que l?Etat s?est tromp?. Non pas dans la conception de la politique ?le PNDA- mais dans sa mise en ?uvre, dans le choix des b?n?ficiaires et dans le suivi. Si tel est le cas, et Biskra le confirme, il n?y a pas de honte ? rectifier le tir. S?parer le bon grain de l?ivraie ?car il y a des agriculteurs qui sont de bonne foi, qui ont travaill? mais qui ont ?t? p?nalis?s par des facteurs exog?nes. L?effacement de leurs dettes est un pas vers la satisfaction des besoins qui aboutira ? la s?curit? alimentaire. Les autres, ceux qui pensaient s?enrichir en d?tournant les aides de l?Etat, devraient rendre des comptes. M?me si, dans le lot, il y a beaucoup de gros bonnets. Le 3?me mandat est ? ce prix.