« Aux grands crimes [Dieu réserve] 1 de grands châtiments» Hérodote 1. Ghaza, la martyre. Une lame de fond démocratique se lève sur le monde arabe. Elle menace d'emporter tyrannie et autocratie. Ce grand nettoyage fait peur en premier lieu à Israël. Il accoure soutirer 2O milliards d'aide à son protecteur inconditionnel pour, sans doute, conforter son retranchement derrière son orgueil qui lui sert de citadelle. Le printemps arabe sème la panique. Les esprits sont si occupés à rêver que la première victime collatérale risque bien d'être la Palestine. Je veux donc me souvenir que, le 27 décembre 2008, Israël déclenchait une effroyable agression contre une population sans défense à Ghaza. La folie meurtrière de l'état hébreu s'est alors déchaînée massivement sur des habitants entassés sur une bande de terre, prise en tenaille entre la férocité de Tsahal et la duplicité du régime de Hosni Moubarak. L'hécatombe est imputée au Hamas, élevé au rang de redoutable menace. Un déluge de feu était impitoyablement déversé en guise de « représailles» en application de la loi du talion qu'Israël redéfinit à sa convenance. Soit 1450 civils tués dont 50% d'enfants. Les survivants ne sont pas les mieux lotis. Aux 5000 blessés, mutilés à vie, restés sans habitats et sans ressources, il faudrait ajouter au bilan de la tragédie subie par les palestiniens les incommensurables traumatismes psychologiques induisant des troubles de divers ordres conduisant à la détérioration de la santé chez plus des 2/3 des enfants. Lorsqu'on sait que la plupart des 13 victimes israéliennes sont tombés sous des tirs « amis», l'œil pour œil devient : « palestinien disparait ! Tu me gâche la vie ! Je t'extermine !». La puissance de feu, incluant des obus au phosphore blanc sur des zones densément peuplées et d'autres armes prohibées destinées à causer le plus d'atrocités possibles à une population privée de ses droits les plus fondamentaux. Les révélations, qui suintent des sources israéliennes, sont déjà effarantes. Les soldats saturés de haine et suréquipés de « lance-grenade et une mitrailleuse qui parlent arabe » sont lâchés pour « pensez seulement à tirer ». Le pilonnage intensif des civils, sciemment ciblés, est mis au point pour faire un maximum de victimes qui constitueront un « dommage collatéral», une sorte de détail de l'histoire. Le privilège exorbitant d'Israël d'évoluer en dehors de la légalité international résulte du droit auto-prescrit de riposter à son gré. Le sentiment d'impunité dont jouit Tel-Aviv, l'incite à forcer la marche vers la solution finale. L'escalade se reflète dans les armes prohibées utilisées et dans la tactique meurtrière mise en œuvre contre une population civile désemparée. Le Rubicon est franchi. D'importantes personnalités mondialement respectées, à leur tête, M. Ban Ki-Moon, lui-même, Le prudent secrétaire général de l'Organisation des Nations unies (ONU), sont scandalisées ; ils n'hésitent pas à formuler de graves accusations de crimes de guerre. D'autres qualifient les faits pour ce qu'ils sont. « L'approche militaire visant à « punir» Ghaza était intrinsèquement criminelle : elle violait les lois de la guerre et a abouti à des crimes contre l'humanité.», écrit, en mars 2009, Richard Falk2, Rapporteur spécial des Nations unies sur les droits de l'homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967. Avi Shlaïm, professeur de relations internationales à l'Université d'Oxford, jouissant de la double nationalité britannique et israélienne désigne Israël comme un Etat voyou, « il viole le droit international, possède des armes de destruction massive et pratique le terrorisme», écrit-il dans le Guardian britannique. Dès 1948, poursuit Avi Shlaïm, les fonctionnaires britanniques sont déconcertés par la complicité américaine avec le nouvel Etat. Le 2 Juin 1948, Sir John Troutbeck écrit au secrétaire au Foreign Office, Ernest Bevin, que les Américains sont responsables de la création d'un Etat de gangsters conduit par « un ensemble de dirigeants tout à fait sans scrupules « . Comme pour tous les massacres commis par Israël, les mots « Odieux», « révoltant», « horrible», s'imposent à l'esprit des hommes épris d'un tant soit peu d'humanisme. « Il ne se justifie pas», c'est avec cette sentence que Jacques Chirac, exprima sa consternation suite au bombardement de Cana au Liban, en juillet 2006. Effectivement, Israël évoque toujours des allégations qui ne résistent pas aux analyses les plus élémentaires. « Le recours à la force militaire brute est accompagné, comme toujours, par la rhétorique victimaire aiguë et d'un fatras d'apitoiement sur soi enrobé d'autosatisfaction.» souligne Avi Shlaïm. C'est le syndrome de celui qui agresse, fond en larmes et devance sa victime pour s'en plaindre. Ici, il n'y a pas de pourquoi ! Le Premier ministre libanais, Saad Hariri, exprimant sa crainte d'une nouvelle invasion israélienne des territoires sud de son pays (El-Watan du 21.01.10), Israël « n'a pas besoin de prétextes pour le faire». Cette odieuse réalité me rappelle la lecture du livre de Primo Levi "Si c'est un homme" dans lequel il raconte sa déportation à Auschwitz. A la première injustice inutile qu'il subit, il demande : Warum ? (pourquoi ?), la réponse fuse nette et cinglante : « Hier ist kein warum» (ici il n'y a pas de pourquoi). La haine aveugle ne peut pas avoir de cause que la raison puisse entendre ; « Ils m'ont haï sans cause», dit Jésus dans l'évangile de St Jean. Une haine ontologique de pharisiens qui s'exprime, de nos jours, par atavisme avec des raids aveugles. L'avantage de l'oppresseur est de ne pas avoir à motiver ses agissements. Il a encore moins à le faire lorsqu'il est aussi outrancier et aussi déterminé que l'est Israël. Au-delà des souffrances et de l'indicible et effroyable détresse de toute une population, l'horreur, ressentie par les cœurs dans lesquelles la lumière ne s'est pas éteinte, est d'autant plus affligeante que ces crimes sont froidement perpétré par les mains de ceux-là même qui se réclament du peuple juif. Les juifs ayant eu à subir les affres de la persécution et de l'exode. Une première fois, les juifs sont victimes d'un pharaon ivre d'orgueil qui entendait assoir sa toute puissance sur l'extermination d'un peuple afin d'éradiquer l'idée que le Dieu de Moïse puisse, du ciel, lui faire de l'ombre sur son règne terrestre. De nouveaux, le délire nazi les poursuivra avec son lot de tourments et de malheurs qui s'abattront sur des hommes et des femmes dont le seul tord étaient d'appartenir à une communauté. Là aussi, le moteur de l'abomination est impulsé par la quête d'un autre absolutisme ; Hitler, cherchant à assouvir des désirs mégalomaniaques insatiables pour affirmer un orgueil aryen insensé. Abdelouahab Mokhbi Algerie Network