Un slogan a dominé les manifestations d'Alger du 22 février 2019: "Bouteflika, ya lMaroqui, makache aahda khamessa" . Dans toutes les rues d'Alger, dans tous les groupes. On s'attendait que les manifestants scandent d'autres slogans, qui auraient pu concerner Ouyahia, Sellal, Amar Ghoul, Amara Benyounes, Sidi Said, c'est à dire ces personnalités ou personnages selon le cas qui sont souvent décriés sur les réseaux sociaux et qui sont les plus mobilisés pour faire passer le 5eme mandat. On est en droit, de ce fait, de se poser les questions suivantes : "à qui profite cette manifestation ?" Pourquoi lMaroqui ? Et pourquoi ce silence concernant ces personnalités ? D'autres questions viennent à l'esprit : pourquoi aucun slogan partisan et pourquoi a t-on suggéré que les manifestants sont apolitiques ce qui sous entend non affiliés aux partis ou à des personnalités politiques ? Dire non au 5eme mandat c'est d'une certaine façon dire oui au groupes, clans, factions présents dans le pouvoir qui ne sont pas partisans du 5eme mandat mais qui sont partisans de la continuité du régime dans un autre rapport de forces. La manifestation du 22 Février 2019 leur donne une légitimité pour contrer ceux qui actuellement dominent le pouvoir mais sans avoir la légitimité en dehors de la "légitimé au cachir" limitée à la coupole. Cela peut expliquer pourquoi la police a été tendre avec les manifestants du 22 février 2019 ainsi qu'avec ceux du 1er mars 2019 et pas avec les manifestants du 24 février 2019 qui eux par contre sont clairement affiliés à des partis d'opposition. On peut considérer toutefois que devant l'importance de cette foule impressionnante et surtout organisée qui occupait les grandes rues d'Alger la police en faible nombre ne voulait pas se risquer à des débordements imprévisibles et éventuellement graves. A évidence il y a un risque que l'on tourne dans la farine tout le peuple. En effet, on est dans une situation qui ressemble beaucoup à un derby Barça-Madrid ou les jeunes s'agitent, se dépensent, s'exhibent et finissent en fin de match devant un miroir qui leur parle d'une autre réalité, la réalité de l'après match, le "jour d'après". Le derby Barça-Madrid a été pour un instant, un moment une extase, un rêve qu'on a envie de brandir pour chasser la réalité. Dans ce rêve tout est virtuel, tout est beau et il ne dure que quelques instants même si c'est plus que 90 mns lorsqu'il reste à se faire une prolongation. C'est un petit peu l'effet de cette manifestation, qui est déjà passée et n'a pas duré et qui nous manque déjà. Dans ce cas de figure on change de chaîne et on passe à autre chose, sachant que notre soutien n'a aucune valeur pour les équipes puisque nous ne pouvons en aucune manière contribuer à quoi que ce soit, sinon à nous donner le sentiment qu'on est présent tout en sachant qu'on est non concerné. La manifestation aurait pris une autre allure pour ne pas dire une autre tournure si elle s'était passée comme pour les derbys Mouloudia-Usma ou Mouloudia-Crb. Dans ce cas il y a des partisans et du mouvement, du positionnement, du rassemblement et dans cette foule partisane chaque groupe de supporters va tout faire pour apporter l'aura à ses gladiateurs. Chaque groupe va choisir son espace, son message, son image, ses couleurs et chaque supporter va rejoindre son groupe pour le distinguer encore plus, lui donner une consistance et un poids en prenant soin de choisir les slogans, la musique et le tempo. Le but étant comme en politique de faire valoir sa puissance, le faire gagner et lui donner la légitimité du match. A la fin on aura trois possibilités : gagner, perdre ou faire match nul. Il y aura peut un "dommage !", "t'as vu .. ?", "la prochaine fois", des mots peut être mais qui incitent à revoir un certain nombre de choses pour GAGNER surtout. Les partisans pourront même discuter entre eux et peut être à l'occasion passer à l'autre équipe. Si la manifestation avait l'allure Mouloudia-Usma, c'est à dire Ghediri-Nekkaz ou Benflis-Ghediri la manifestation aurait changé complètement dans la forme et dans le dosage. On aurait trouvé des gens entrain de se disputer, peut être de se convaincre ou de débattre, d'argumenter, d'approuver ou de rejeter. Il y aurait eu des tribuns, des orateurs, des groupes d'influences et au final des malentendus, des quiproquos, des satisfactions, des rejets, des ralliements, des compréhensions et surtout une redéfinition de ce que sera la suite. Ghediri, Nekkaz, Benflis ? Qui dit mieux. Que faire ? Et si maintenant Bouteflika se retire ? A-t-on réfléchi à la suite ? Doit on encore se contenter d'un derby Barça-Real Madrid ? Et si au contraire on dit Non à ces slogans et qu'on utilise la technique du Judoka ? Sellal nous dit, comme d'ailleurs les autres, Bouteflika est le meilleur. Soit, gardons le mais à la condition que son gouvernement se compose de Ghediri, Nekkaz, Benflis, Benbitour, Benouari, etc.. et que pour les autres on applique scrupuleusement la circulaire de Sellal qui impose à tous les cadres de plus de 60 ans de partir en retraite. On verra alors Gaid salah, Sellal, Ouyahia et plusieurs autres prendre leur retraite. Et ainsi comme pour les dinosaures on aura terminé avec ce régime. Quand à Bouteflika on le gardera pour montrer aux nouvelles générations que l'extinction des dinosaures a épargné notre Président car pour l'instant on ne sait pas dans quel cimetière il faut l'enterrer. De plus on ne sait pas quel média autoriser pour couvrir cette aventure.