Le Front des Forces Socialistes va, selon toute vraisemblance, s'engager dans les prochaines élections. Tant d'indices le laissent supposer. Qu'est-ce que ce parti qui passe pour le plus important de l'opposition et le plus intransigeant à l'égard du pouvoir, a-t-il obtenu pour présenter des candidats aux législatives de ce printemps ? La direction du FFS qui, au demeurant, est libre d'aller aux élections, n'avance aucun argument politique sérieux pour justifier ce nouveau changement de stratégie. La seule raison qu'elle invoque est que « sa participation aux élections renforcerait sa cohésion interne et briserait l'unanimisme à l'Assemblée populaire nationale ». Ces arguties, d'une légèreté politique déconcertante, dissimulent mal l'embarras du Front des Forces Socialistes qui aurait été contraint de se lancer dans cette aventure et de se prêter à la mascarade électorale qui se prépare. Pourtant, dans son document préparant la convention nationale du parti prévue pour le 11 février prochain, la direction du FFS a, curieusement, conscience que cette participation plus que probable, selon certaines sources, lui ferait « perdre sa crédibilité » auprès d'un électorat qui ne croit ni aux élections ni aux « réformes » qui n'annoncent aucun changement réel. La participation électorale en dents de scie du Front des Forces Socialistes révèle, pour le moins, la déficience de sa stratégie. Le parti de Hocine Aït Ahmed appelle au boycott des élections locales de 1990 que le Front islamique du salut avait très largement remportées. Il participe aux législatives de décembre 1991 interrompues par le coup d'Etat ; il avait remporté 7,4% des suffrages exprimés. Alors que la violence n'avait pas encore cessé, le FFS s'engage dans les législatives de 1997 ; son score est modique 5,03%, ce qui lui permet, quand même, d'avoir 20 sièges à l'APN. Il présente un candidat en la personne de son président Hocine Aït Ahmed à l'élection présidentielle de 1999 [score : 0,3%]. Puis, de nouveau, il boycotte, sans autre forme d'explication, une série d'élections à partir des législatives de 2002, mais fait exception pour les élections locales de 2007 ; il obtient 2,76% pour les APW et 4,05% pour les APC. Et malgré les sollicitations et les incitations, le Front des Forces Socialistes dit non à l'élection présidentielle de 2009 avec une fermeté qui contraste avec sa position accommodante d'aujourd'hui. Il considérait le « boycott de ce scrutin [comme] un acte révolutionnaire », selon la déclaration de son Conseil national. « Boycotter, [affirmait-il], c'est aimer son pays, c'est avoir des ambitions pour son pays […]. Les élections et les changements de Constitution depuis l'indépendance ne font que reproduire la crise et ce système. Les Algériens savent que les élections ne sont d'aucun impact positif sur leurs vies. Les élections sont organisées pour le maintien du statu quo. » Qu'est-ce qui a véritablement changé – le système étant toujours le même et les élections du printemps prochain n'auront pas plus d'impact sur la vie des Algériens – pour que le FFS décide de crédibiliser les réformes dont il sait pertinemment qu'elles organisent le statu quo ? Il doit répondre à cette question.