Photo : Sahel Par Ghada Hamrouche Sans surprise, le Front des forces socialistes (FFS) a décidé le boycott du scrutin présidentiel du 9 avril prochain. Un choix décidé, jeudi dernier à Alger, par le conseil national du parti réuni en session ordinaire. Si le plus vieux parti d'opposition algérienne a préféré camper sur sa position, cette option stratégique sera expliquée par le premier secrétaire national du parti, M. Karim Tabbou. Celui-ci, l'expliquera par l'intime conviction des militants du FFS que ces élections n'apporteront aucun changement à la société algérienne. «Les élections dans le système politique en place depuis l'indépendance ne font que reproduire la crise et ce système», dit-il, avant de soutenir que le peuple algérien «veut un changement. Il est prêt à se réinvestir dans le politique ; il est dans l'attente et la recherche d'un projet alternatif et mobilisateur». Les taux d'abstention massifs enregistrés lors des derniers scrutins traduisent «le refus de son enrôlement dans cette mascarade est un signe fort de dissidence électorale et de rupture avec le système actuel». Affirmant que les Algériens «savent que les élections ne sont d'aucun impact positif sur leur vie» et qu'elles ne sont organisées que pour «le maintien du statu quo», le parti de Hocine Aït Ahmed rappelle que «cinq Constitutions, quatre scrutins présidentiels et moult élections législatives et locales, depuis le soulèvement populaire de 1988, n'ont pas permis une réelle ouverture politique dans le pays». M. Karim Tabbou soutiendra que «tant que les questions de la nation, de l'Etat, du système politique et du pouvoir n'ont pas été posées et résolues de façon démocratique, les lois, les institutions et les Constitutions n'empêcheront pas le primat du fait sur le droit». Evoquant le scrutin du 9 avril prochain, le secrétaire général du parti de Hocine Aït Ahmed ne nourrit aucune illusion concernant sa préparation, son déroulement ou son issue. «Les jeux sont faits», soutiendra Karim Tabbou avant d'affirmer que «les institutions et l'administration sont sur le pied de guerre. Tous les réseaux, que ce soit les partis, les associations, les syndicats, la presse inféodés au pouvoir, les comités de soutien, les walis, les chefs de daïra, les prébendiers et les opportunistes de tout poil sont mobilisés pour cadenasser, fermer et légaliser ce scrutin». Ce qui l'amènera à dire que «face à cette situation, le silence est une lâcheté. Se croiser les bras est suicidaire. Ne pas faire de politique est la pire des politiques». Le FFS, atteste-t-il, «a toujours réfléchi avec lucidité, réalisme, pragmatisme et transparence politiques. Il a toujours recherché et exprimé des positions en cohérence avec ses convictions, ses principes et les évènements que vit le pays.» M. Tabbou expliquera que sa formation politique considère que les véritables enjeux aujourd'hui sont «le retour au politique et la réhabilitation de la politique, le changement du régime politique actuel pour la mise en place d'un régime démocratique aussi bien que la mise en œuvre d'une stratégie capable de réunir les facteurs internes et externes indispensables à la concrétisation de ce changement». Se plaçant en dehors de la dynamique des consensus populistes, le parti de Hocine Aït Ahmed estime que la vraie dynamique est celle qui se fait avec les véritables forces du changement. «Il n'y a plus rien à attendre du régime ; le changement vient de la société.» Le premier pas de ce changement est, pour Karim Tabbou, le boycott des élections du 9 avril. Une démarche pour laquelle son parti fera campagne. «Aujourd'hui, le boycott de ce scrutin est un acte révolutionnaire. Boycotter, c'est aimer son pays, c'est avoir des ambitions pour son pays.»