Un des plus grands défis d'Amnesty international est de renforcer sa présence dans les pays du Sud, a affirmé le nouveau secrétaire général de l'Ong, Salil Shetty. Dans un entretien publié samedi par AI France, il a souligné que son travail se situe davantage dans la mise en £uvre plutôt que dans une nouvelle "vision" de la mission de l'Ong, affirmant que l'un des grands défis consiste aussi à approfondir la présence d'Amnesty International dans les pays du Sud. "Il faut réexaminer les contraintes spécifiques de cette partie du monde où il y a eu beaucoup de tentatives et relativement peu de succès. Sauf au Venezuela. Pour avancer, je crois qu'il faut faire militer les gens sur leur propre pays", a-t-il estimé. Répondant à des critiques de membres d'AI selon lesquelles l'Ong devient un mouvement d'experts qui se bureaucratise aux dépens du militantisme, M. Shetty a dit que l'une de ses convictions "profondes" c'est que le changement s'obtient grâce aux personnes et non à une bureaucratie ou à une expertise technique. "C'est toute la force d'Amnesty. Je ne crois pas qu'Amnesty International souffre de trop de bureaucratisation mais peut-être d'un excès de centralisation. Le fait que l'on ait la même façon de travailler aux îles Fidji et en Guinée Conakry me surprend. Ces caractéristiques sont liées à l'approche légaliste du mouvement. Certes les standards doivent être les mêmes partout, mais il faut les adapter aux contextes locaux", a-t-il opiné. Invité à donner son "analyse" sur la situation des droits de l'homme, en France, le SG d'AI a estimé qu'il y a beaucoup de sujets problématiques en ce moment dans l'Hexagone, citant celui des Roms stigmatisés par le gouvernement français cet été. "Les critiques ne sont pas venues seulement d'Amnesty International mais aussi de l'Union européenne, des Nations unies ainsi que des citoyens", a-t-il fait remarquer, ajoutant que le nombre des demandes d'asiles traitées dans des procédures "accélérées avec des garanties moindres est trop important à la frontière et sur le territoire national". La France, a-t-il rappelé, a aussi été interpellée dans un récent rapport du Comité contre la torture des Nations unies sur le comportement de certains officiers de police qui utilisent la force de façon disproportionnée. Sur la question du "voile intégral", dans plusieurs pays, il a signalé qu'AI a rappelé que jamais une femme ne doit être forcée à porter la burqa. "Mais d'un autre côté, nous estimons que ce n'est pas au gouvernement de déterminer si une femme doit ou non la porter. Les libertés d'expression et de conscience doivent être respectées. La solution n'est pas de bannir la burqa mais d'informer la femme sur ses droits, de contribuer à son éducation pour être sûr qu'il n'y ait pas coercition" a-t-il conclu.