La situation politique en Côte d'Ivoire est toujours dans l'impasse mercredi après l'incapacité de la mission africaine à trouver une" issue pacifique" à une crise persistante et le refus du président légitime Alassane Ouattara de négocier avec son rival Laurent Gbagbo s'il ne lui cède pas le pouvoir "sans délai". Le pays peine à résoudre la crise post-électorale née de la présidentielle du 28 novembre au lendemain de l'échec de la deuxième tentative des émissaires africains de convaincre le chef de l'Etat sortant Laurent Gbagbo de quitter le pouvoir sous peine d'être renversé militairement. Le président reconnu par la communauté internationale, Alassane Ouattara, insiste, de son côté, sur le départ immédiat de son rival rejetant catégoriquement une offre présentée par le médiateur de l'Union africaine (UA), le Premier ministre kenyan Raila Odinga, qui consiste en une rencontre "face à face" entre les deux présidents proclamés MM.Ouattara et Gbagbo. Les émissaires de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), les trois chefs d'Etat africains Boni Yayi (Bénin), Ernest Koroma (Sierra Leone) et Pedro Pires (Cap-Vert), envoyés lundi à Abidjan, ont affirmé que le président sortant Laurent Gbagbo a déclaré être prêt à dialoguer sans condition préalable, pour aboutir à une "issue pacifique" à la crise. Cette déclaration fait état d'un engagement du président sortant ivoirien pour "lever immédiatement le blocus autour du Golf Hôtel, QG temporaire d'Alassane Ouattara, le président élu", a assuré James Victor Gbeho, président de la commission de la Cédéao. Cette offre a été aussitôt rejetée par Ali Coulibaly, conseiller diplomatique de M. Ouattara. "Tout ce qu'on attend, c'est qu'il s'en aille", a-t-il dit à propos de M. Gbagbo. Une nouvelle mission africaine doit se rendre à Abidjan à une date qui n'a pas été encore fixée En cas d'échec des efforts diplomatiques, la Cédéao a indiqué maintenir le recours à la force pour déloger Gbagbo de la présidence. "Si l'exploitation de la voie pacifique est infructueuse, alors l'option militaire peut aussi être considérée comme un moyen de résoudre de façon durable la crise en Côte d'Ivoire", a averti James Victor Gbeho, président de la Commission de la Cédéao. Face à l'obstination de Laurent Gbagbo de se retirer et le refus d'Alassane Ouattara d'engager tout dialogue avec son rival, le président nigérian Goodluck Jonathan a estimé que la crise politique ivoirienne demeurait "toujours dans l'impasse". Quant au président de l'Union africaine (UA), Bingu wa Mutharika, il s'est dit "déçu de la lenteur du processus de médiation en Côte d'Ivoire". De son côté, le Premier ministre kenyan Raila Odinga, médiateur de l'Union africaine dans la crise post-électorale ivoirienne, a écarté l'idée d'une solution basée sur le partage du pouvoir entre les deux rivaux politiques ivoiriens, comme c'est le cas au Kenya et au Zimbabwe. En dépit des pressions de la communauté internationale, le président auto-proclamé Laurent Gbagbo s'accroche au poste présidentiel.Il avait prévenu ces derniers jours qu'il n'entendait "pas céder" sur l'essentiel, se présentant comme le "seul président" du pays. Il a également dénoncé un "complot" franco-américain visant à l'écarter du pouvoir et mis en garde contre une éventuelle "guerre civile" dans le pays en cas d'intervention armée. Le constat est alarmant en Côte d'Ivoire où les violences post-électorales ont déjà fait 179 morts depuis mi-décembre, selon les estimations des Nations unies, alors que 22.000 ivoiriens ont fui au Liberia voisin dans la crainte d'une nouvelle guerre civile.