C'était la déception hier tant à Abuja, qui assure la présidence tournante de la Cédéao, à l'initiative de la médiation entre Gbagbo et Ouattara, qu'au niveau de l'Union africaine, exprimée par son président en exercice. La Côte d'Ivoire restait dans l'impasse hier, au lendemain d'une nouvelle médiation africaine à Abidjan, qui a échoué à résoudre la crise opposant Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo, toujours sous la menace d'une opération militaire ouest-africaine s'il refuse de céder le pouvoir. «Il y a toujours une impasse», a affirmé Goodluck Jonathan, chef de l'Etat nigérian et président en exercice de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), après avoir rencontré, hier matin à Abuja, les émissaires de cette organisation et de l'Union africaine (UA). Il a précisé que le dialogue se poursuivait mais que l'alternative pour Laurent Gbagbo restait la même: céder la présidence à M.Ouattara, reconnu par la communauté internationale, ou risquer d'être délogé par une force militaire ouest-africaine. Selon M.Jonathan, «la position de la Cédéao est toujours celle énoncée dans le communiqué publié après le sommet du 24 décembre 2010» quand ses dirigeants avaient exigé le départ de M.Gbagbo, le menaçant d'user de la force. De son côté, le président en exercice de l'Union africaine (UA), le Malawite Bingu wa Mutharika, a fait part de sa «déception» de la «lenteur du processus de médiation en Côte d'Ivoire», a déclaré hier son porte-parole au lendemain de l'échec d'une nouvelle intercession africaine à Abidjan. «Le président de l'UA est déçu de l'absence de percée à l'heure actuelle», a ajouté Hetherwick Ntaba, porte-parole du chef d'Etat du Malawi, sur la radio d'Etat. Bingu wa Mutharika appelle Laurent «Gbagbo à céder le pouvoir à Alassane Ouattara pour (...) éviter un bain de sang», a ajouté le porte-parole. Le président en exercice de l'UA avait déjà appelé le 8 décembre M.Gbagbo à se retirer. La résolution de la crise risque de prendre du temps «car il faut beaucoup de pression internationale pour convaincre des gens comme ça», a-t-il averti. Pour la seconde fois en moins d'une semaine, les présidents béninois Yayi Boni, sierraléonais Ernest Koroma et capverdien Pedro Pires sont venus lundi à Abidjan au nom de la Cédéao. Ils ont à nouveau longuement discuté avec les deux rivaux, séparément, et étaient cette fois accompagnés par le Premier ministre kenyan Raila Odinga, envoyé par l'UA. Avant de rendre compte à M.Jonathan de la mission de lundi, M.Odinga avait évoqué des progrès et une possibilité de rencontre Gbagbo-Ouattara. «Nous avons rompu la glace. Nous avons entamé les discussions. Ils ont accepté de se rencontrer face à face mais à certaines conditions», avait-il déclaré. Il a aussitôt provoqué la fureur du camp Ouattara qui a formellement démenti l'éventualité d'une telle rencontre. «C'est totalement faux. Cette proposition a été faite par Odinga et nous l'avons totalement rejetée», a lancé Ali Coulibaly, conseiller diplomatique de M.Ouattara. «Nous ne sommes pas contents» de cette déclaration, a-t-il dit. Il a affirmé que M.Ouattara s'en tenait toujours à ses positions formulées après sa rencontre avec les médiateurs africains, à savoir qu'il est le «président légitime» et que M.Gbagbo «doit partir». M.Ouattara avait prévenu lundi soir que pour lui les discussions étaient «terminées». Pour sa part, Laurent Gbagbo, l'un des deux présidents proclamés de Côte d'Ivoire, a accepté de négocier une issue pacifique de la crise et va lever le blocus de ses forces autour du QG de son rival Alassane Ouattara, ont annoncé hier les médiateurs africains. «M.Gbagbo a accepté de négocier une issue pacifique de la crise, sans condition préalable», ont annoncé à Abuja les médiateurs de l'Union africaine (UA) et de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) au lendemain d'une mission à Abidjan.