La nécessité "d'une bonne gouvernance" environnementale a été soulignée lors d'une journée d'étude sur les zones humides en Algérie, tenue mercredi à Oran.La sonnette d'alarme sur la situation des zones humides en Algérie doit être tirée pour attirer l'attention sur les dégradations que connaissent ces régions connues pour la fragilité de leurs écosystèmes et mettre en place une "véritable bonne gouvernance environnementale", ont estimé les participants à cette rencontre intitulée "les zones humides en Algérie: état des lieux et gestion durable". Pour illustrer cette situation, le chercheur de l'université de Mostaganem Saci Belgat a indiqué que sur les 47 zones humides classées Ramsar, une seule figure au réseau biosphère de l'Unesco et dotée d'outils de gestion et de développement durable. "Les autres sites sont peu ou mal surveillés et sont les cibles privilégiées des braconniers. Ils enregistrent des dégradations de leurs écosystèmes fragiles", a-t-il souligné. L'orateur a également cité comme "dégâts" que subissent ces zones, l'altération des eaux et des écosystèmes par les diverses sources de pollution, l'exploitation effrénée des eaux souterraines, la salinisation des chotts et sebkhas conduisant inévitablement à la réduction des surfaces agricoles, des pâturages et des forêts du fait de l'érosion. Pour redresser la situation, il a préconisé une série de mesures dont la création de nouvelles réserves biosphères, un inventaire patrimonial du littoral (paysage, faune et flore), l'élaboration de stratégies de préservation des zones humides et une évaluation exhaustive des politiques du littoral menées jusqu'à ce jour. Miloud Bezza de la Conservation des forêts d'Oran a, pour sa part, donné un large aperçu sur la situation des zones humides dans la wilaya qui compte huit zones dont quatre classées Ramsar (Sebkha, la Mactaa, Lac Tilimine et les Salines d'Arzew) et quatre autres (Dhayat Oum Ghellaz, Dhayat Bagra, Dhayat Morsli et Dhayet Sidi Chahmi) qui font l'objet d'un intérêt en vue de leur classement Ramsar. L'intervenant a longuement décrit la situation "catastrophique" dans laquelle se trouvent certaines de ces zones et le peu d'intérêt que portent les collectivités locales à ces espaces naturels devenus "de véritables dépotoirs". Il a également parlé des conséquences de l'érosion, du pompage excessive des eaux souterraines et de l'extension des zones urbaines sur ces zones. Ces atteintes que subissent ces environnements fragiles et vulnérables se reflètent sur le nombre décroissant des oiseaux migrateurs de passage dans ces zones humides d'Oran. Les agents de la Conservation des forêts ont recensé, au titre du comptage hivernal international durant la période du 16 au 21 janvier dernier, quelque 45.000 oiseaux englobant 38 espèces, alors que ce nombre était de 98.000 en 2009 et près de 200.000 en 2008. "L'avènement précoce de l'hiver en Europe a contraint les oiseaux à entreprendre très tôt leur migration vers les pays chauds. Les zones humides de la wilaya d'Oran n'offrent plus les mêmes conditions d'accueil à ces oiseaux en raison de la rareté de l'eau et de la nourriture. Les volatiles poursuivent leur périple sans observer leur halte à Oran", a-t-on expliqué. Les relations entre santé des populations et environnement ont été évoqués par deux chercheures du CRASC, Mmes Yamina Rahou et Lila Houti, qui ont établi le lien entre une mauvaise gestion d'une zone humide, celle d'Ain Sekhouna (Saïda) et l'apparition de cas de Leishmaniose au sein de la population locale. "Le pompage excessif des eaux souterraines et le rétrécissement de la zone humide ont créé un environnement propice à la prolifération de rongeurs et de moustiques porteurs de cette maladie", ont-elles expliqué. L'Algérie a intégré en 1982 au réseau mondial Ramsar mis en place en 1971. Ses deux premiers sites, ceux d'El Kala, ont été classés en 1984. Cette journée d'étude a été organisée par le Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle, avec la collaboration de la Conservation des forêts de la wilaya d'Oran et du CHUO, à l'occasion de la journée mondiale des zones humides, célébrée le 2 février de chaque année.