La Tunisie vit au rythme d'un véritable ballet diplomatique ponctué par des contacts avec les responsables occidentaux et européens notamment dans une conjoncture marquée par l'instabilité politique et la détérioration de la situation socio-économique auxquelles est venu s'ajouter le phénomène d'immigration clandestine. Outre les réformes et la transition démocratique, après la chute du régime, les autorités tunisiennes doivent faire face au phénomène d'immigration clandestine avec le débarquement de milliers de Tunisiens sur l'île italienne de Lampedusa. Une série de concertations ont eu lieu entre de hauts responsables occidentaux et leurs homologues tunisiens portant sur les efforts à même de booster le processus des réformes politiques et économiques. La chef de la diplomatie de l'Union européenne (UE), Catherine Ashton, en visite lundi en Tunisie, a affirmé le soutien de l'UE au processus de transition politique dans ce pays. La responsable européenne a souligné la nécessité pour toutes les parties tunisiennes de "poursuivre leur coopération" afin d'assurer une transition vers des élections libres et démocratiques et l'application de la feuille de route portant sur les réformes politiques et économiques". L'UE a ainsi examiné les demandes des deux parties tunisienne et italienne et les aides nécessaires pour gérer une situation découlant de l'exode de prés de 5000 émigrants tunisiens sur cette île. L'UE compte, selon des sources diplomatiques, agir sur deux fronts à travers le renforcement des moyens de l'agence européenne chargée de la surveillance des frontières extérieures (Frontex) et la relance des conventions conclues avec la Tunisie. Selon les observateurs, Rome compte opérer un déploiement militaire pour patrouiller au large de la Tunisie. Une idée qui a été jugée "inacceptable" par l'UE et "catégoriquement" rejeté par les autorités tunisiennes. Le ministre italien a cité "une aide logistique en termes d'équipement des forces de police, la mise à disposition de moyens importants, tant navals que terrestres pour le contrôle de la côte tunisienne". La Tunisie rejette catégoriquement "toute ingérence dans ses affaires intérieures" mais est "prête à coopérer" avec les autres pays pour enrayer l'exode vers l'Europe de clandestins tunisiens, a indiqué lundi le ministère des Affaires étrangères. L'Union européenne accorde actuellement à la Tunisie entre 80 et 90 millions d'euros par an en aides non remboursables. La Banque européenne d'investissement (BEI) a octroyé en 2010 un prêt de 500 millions d'euros pour les infrastructures, rappelle-t-on. Aussi, l'UE, qui a déjà proposé une aide pratique pour l'organisation des élections présidentielle et législatives prévues dans six mois, envisage d'augmenter l'aide programmée en faveur de la Tunisie pour les trois années à venir dans le domaine économique. Pour sa part, la France a exprimé son soutien aux réformes politiques et économiques en Tunisie et annoncé de ce fait son intention de participer à la conférence internationale sur ces réformes. A cet effet, le gouvernement français a décidé de dépêcher la ministre de l'Economie Christine Lagarde en Tunisie pour proposer l'aide de la France pour l'organisation de cette conférence internationale et examiner les modalités du renforcement du partenariat économique. La France est le premier partenaire commercial, le premier investisseur (1.250 entreprises et 110.000 emplois), et le premier bailleur de fonds de la Tunisie.