En préparation du sommet du processus euro-méditerranéen de Barcelone, du 27 au 29 novembre dans la capitale catalane, les pays des rives sud et nord de la Méditerranée membres du Forum méditerranéen réunis dans la station balnéaire de Hammamet en Tunisie, au sud de Tunis, ont souligné, hier, l'urgence d'un engagement « immédiat et global » sur l'immigration dont ils ont souligné la dimension désormais subsaharienne. Les ministres des Affaires étrangères des onze pays ont décidé de placer cette question au centre du sommet euro-méditerranéen de Barcelone, en novembre. « Il faut une approche globale de la question, qui doit être abordée de manière immédiate et urgente, car les pays d'Afrique du Nord ne sont plus seulement des pays d'origine, mais surtout des pays de transit », a déclaré, lors d'une conférence de presse, le ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos. « Ce n'est plus, a-t-il dit, une question de migrants algériens, tunisiens ou marocains qui viennent en Europe, car il existe des accords bilatéraux avec ces pays. Nous devons faire face à de nouveaux flux migratoires venant d'Afrique subsaharienne, ce qui nécessite une approche globale. » L'Espagne a succédé à la Tunisie pour présider le Forum méditerranéen, organe d'échanges informels entre onze pays (Algérie, Egypte, Espagne, France, Grèce, Italie, Malte, Maroc, Portugal, Tunisie et Turquie). Le ministre algérien, Mohamed Bedjaoui, a proposé l'adoption à Barcelone d'une « charte euro-méditerranéenne » sur l'immigration. M. Moratinos a souligné la nécessité d'une « approche intégrée » avec notamment la mise en commun des moyens techniques et financiers « pour être efficaces et solidaires ». Un plan global sur l'immigration devrait aussi assurer « les droits, les garanties et la dignité » pour les quelque quatorze millions de musulmans, essentiellement maghrébins, déjà installés dans l'Union européenne, a-t-il ajouté. Le forum a, d'autre part, préparé un « code de conduite sur la lutte contre le terrorisme » qui doit être adopté à Barcelone. « Nous voulons donner un signal très fort de l'engagement de tous nos pays contre le terrorisme tout en garantissant le respect des droits de l'homme, les principes de la démocratie et les libertés », a déclaré M. Moratinos. La coopération économique et financière a été le troisième grand thème de la réunion, notamment sur les investissements européens en Afrique du Nord, a indiqué le ministre tunisien Abdelwahab Abdallah. Face à la préoccupation des pays de la rive sud de la Méditerranée depuis l'élargissement à l'Est de l'UE, M. Moratinos a affirmé que « les anciens voisins ne doivent pas être négligés au profit des nouveaux ». Il a souligné l'engagement politique, économique et financier envers les anciens voisins pour que « la Méditerranée soit une zone de paix et de développement ». La question de la création d'une banque euro-méditerranéenne a notamment été évoquée. M. Abdallah a indiqué que « l'accent avait aussi été mis sur l'encouragement au tourisme culturel qui peut être un pilier du développement de la région ». Le dialogue des cultures et des civilisations, dont l'importance a été soulignée par le forum, sera à l'agenda des chefs d'Etat et de gouvernement à Barcelone. Les onze pays membres ont souligné leur accord pour une « intégration » de la Libye au processus de Barcelone. « Nous attendons la réponse » de Tripoli, a dit M. Moratinos. Les afflux massifs d'immigrés clandestins posent, depuis quelques mois, de sérieux problèmes aux pays européens. A noter que des immigrés irréguliers, près d'un millier, ont tenté, mardi soir, de franchir la clôture séparant la ville autonome espagnole de Mellila et le Maroc, et 200 d'entre eux ont réussi à entrer en territoire espagnol, ont rapporté plusieurs médias espagnols. La majorité de ceux qui ont pu escalader la barrière ont été interpellés et conduits au centre d'accueil temporaire ou au commissariat de police de la ville, selon le quotidien El Pais. Selon l'agence d'information EFE, les immigrés, d'origine subsaharienne, se sont divisés en plusieurs groupes pour déjouer la vigilance des services de sécurité espagnols. D'après la même source, un nombre indéterminé de blessés dans les rangs de la garde civile et des immigrés clandestins se serait produit au cours de ces tentatives d'infiltration massives. Trois immigrés ont trouvé la mort au cours de ces tentatives qui se sont intensifiées ces dernières semaines. Le ministre de l'Intérieur maltais Tonio Borg a lancé un appel urgent aux pays de l'Union européenne afin d'aider son pays à faire face aux afflux massifs d'immigrés clandestins. Le ministre a qualifié de « crise exceptionnelle » les derniers débarquements d'immigrés clandestins. Plus de 230 immigrés clandestins sont arrivés sur les côtes maltaises samedi et dimanche derniers dont un groupe de 181 personnes embarquées à bord d'un bateau de pêche dont le moteur est tombé en panne à quelques miles du littoral. « L'arrivée de 235 immigrants à Malte équivaut à l'arrivée de 23 500 personnes en Sicile », a-t-il souligné, en citant les problèmes logistiques posés par leur prise en charge. Le seul centre de rétention existant sur l'île regroupe actuellement plus de 1400 personnes, selon la police. « Le gouvernement a recours à des tentes, et un nouveau centre de rétention sera bientôt ouvert, mais si l'afflux d'immigrants continue à ce rythme, ce ne sera pas suffisant », a déclaré le ministre maltais. « Ce phénomène ne regarde pas que Malte et l'Italie, mais toute l'Europe », a ajouté le ministre maltais. Il a rappelé que le gouvernement maltais ainsi que les autorités italiennes, confrontées au même problème d'immigration par mer, demandaient depuis des mois une aide des Etats membres.