Le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci a mis en garde jeudi contre les retombées de toute ingérence étrangère en Libye sous couverture du dossier des droits de l'Homme. "La prolifération inquiétante" des armes en Libye pourrait "stimuler l'appétit d'autres parties qui pourraient s'imposer et commettre des actes terroristes dont la lutte resterait inefficace sans la conjugaison des efforts de tous les Etats", a souligné M. Medelci dans un entretien au quotidien Al-Khabar dans son édition de jeudi. "La seule carte avancée officiellement dans l'ingérence étrangère dans un pays est le dossier des droits de l'Homme", a soutenu le ministre des Affaires étrangères. "Je ne pense pas qu'il soit le seul prétexte pour une ingérence étrangère dans les affaires d'un pays. Et tout le monde sait que la région arabe recèle de richesses et principalement l'énergie, et se caractérise par une colère populaire contre les politiques des grands Etats qui ne nous permettent pas de régler les problèmes dans la région". "La nouvelle situation pourrait inverser l'ordre et la région arabe pourrait en sortir plus forte qu'auparavent et le contraire n'est pas exclu", a-t-il poursuivi appelant à faire preuve de "prudence face aux intentions de toutes les parties". M. Medelci a souhaité voir le peuple libyen surmonter les difficultés que traverse le pays, outre l'arrêt des violences et l'ouverture d' "un dialogue national sans préalables à même de permettre au peuple libyen de trouver les solutions répondant à ses aspirations et ambitions". La situation en Libye "aura des conséquences sur les capacités de l'Algérie à maîtriser les efforts de la lutte antiterroriste", a-t-il estimé. S'agissant des propositions de l'Algérie pour le réglement de la crise libyenne au niveau de la Ligue arabe, il a affirmé que des "signes forts" ont été envoyés à Tripoli à commencer par "une mise en garde contre la tournure qu'ont pris les évènement et la décision temporaire de gel de l'activité de la délégation libyenne au sein de l'organisation". La réunion extraordinaire, samedi prochain, du conseil des ministres des Affaires étrangères, a-t-il déclaré, permettra de "concrétiser les nouvelles dispositions et d'examiner l'appel devant être adressé au conseil de sécurité pour revoir les sanctions imposées dernièrement à la Libye". La réunion, a-t-il dit, permettra également d'"évaluer" les résultats des actions menées par l'Algérie sur le terrain et d'examiner les déclarations et les positions issues de toutes les parties en Libye dans le but de sortir avec une feuille de route pour l'étape prochaine. Pour le ministre, la position de l'Algérie à l'égard de la crise en Libye "n'est pas ambiguë", soulignant que "la partie qui a porté des accusations contre l'Algérie les a démenties officiellement". L'Algérie doit, selon M. Medelci, faire preuve de "prudence et de vigilance" et ne pas céder aux "informations erronées que certaines parties alimentent involontairement à travers certains médias algériens pour réaliser leurs visées". Il a affirmé la nécessité de prendre en considération "la défense de la position algérienne et non d'entretenir involontairement le doute". M. Medelci avait nié, dans un entretien publié par le journal "Wall Street Journal" dans son édition du 7 mars, les allégations faisant état de prétendus "contacts directs" entre l'Algérie et le colonel Gheddafi, soulignant avoir reçu, à l'instar des autres ministres arabes des Affaires étrangères, une lettre du ministre libyen des Affaires étrangères. Le ministre libyen, a-t-il poursuivi, a exprimé, dans cette lettre, "sa totale adhésion au principe de la Ligue arabe sur la formation d'une commission d'enquête pour faire la lumière en toute objectivité" sur la situation en Libye. M. Medelci a affirmé que le ministre libyen avait formulé le voeu de "voir les pays arabes édifier, le plus tôt possible, leur position sur des vérités avérées, réitérant l'entière disponibilité du gouvernement libyen à accueillir une commission d'enquête arabe ou autre".