La reconnaissance internationale d'un Etat palestinien indépendant était mercredi au centre d'une réunion du Conseil central de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), à Ramallah en Cisjordanie, au moment où les Palestiniens multiplient les appels à la fin de la division entre les différentes factions. Lors de cette rencontre, le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a annoncé qu'il acceptait de se rendre dans la bande de Ghaza pour mettre fin à la division et former "un gouvernement de personnalités nationales indépendantes". "Je suis prêt à aller demain à Ghaza pour mettre fin à la division et former un gouvernement de personnalités nationales indépendantes (...) pour préparer des élections présidentielle, législatives et au Conseil national dans les six mois ou dès que possible", a t-il annoncé dans un discours télévisé. La veille, le chef du gouvernement Hamas à Ghaza, Ismaïl Haniyeh, avait appelé M. Abbas à "une rencontre immédiate à Ghaza ou ailleurs" pour entamer "un dialogue national global", en réponse à d'importantes manifestations populaires organisées mardi à Ghaza et en Cisjordanie en faveur de l'unité des Palestiniens ainsi qu'un accord de réconciliation nationale que l'Autorité palestinienne et le mouvement Fatah peinent toujours à y parvenir. Ce processus en cours est censé mettre fin aux divisions qui gangrènent l'unité du peuple palestinien. Plusieurs dizaines de milliers de Palestiniens convergeaient mardi vers la principale place de Ghaza, où au moins une cinquantaine avaient passé la nuit, selon les médias. A Ramallah (Cisjordanie), siège de l'Autorité palestinienne, des centaines de personnes se sont également regroupées pour lancer des appels au "changement" et à l'unité des factions palestiniennes. Un seul slogan: "La fin de la division". Le Premier ministre Salam Fayyad, qui doit annoncer dans les prochains jours la composition de son nouveau cabinet, s'est félicité de ce large mouvement populaire soulignant que "la fin des divisions inter-palestiniennes était un élément clé sur la voie de la fin de l'occupation israélienne et la concrétisation de l'Etat palestinien indépendant". Face au récent blocage du processus de paix, les responsables palestiniens ont intensifié les démarches pour obtenir la reconnaissance de leur Etat par de nouveaux pays dans les frontières de 1967. Prenant le pas à beaucoup de pays d'Amérique latine, l'Uruguay a reconnu mardi un "Etat palestinien libre et indépendant aux frontières de 1967 avec El-Qods Est comme capitale". Dans une lettre remise à l'ambassadeur palestinien en Argentine, Salid Muaggat, le président uruguayen José Mujica a annoncé la décision de son pays de "reconnaître l'Etat palestinien en tant qu'Etat indépendant et souverain" en accord avec "la résolution 242 adoptée par le Conseil de Sécurité du 22 novembre 1967". Pour sa part, l'Union européenne (UE), a affiché sa volonté de faire de même "au début du mois de septembre", a indiqué le ministre palestinien des Affaires étrangères, Riyad El-Maliki. Selon Paris, il s'agit d'une "hypothèse qu'il faut avoir en tête". Désormais, onze pays d'Amérique du Sud ont reconnu l'Etat palestinien: le Venezuela dès 2005 et plus récemment, le Brésil, l'Argentine, l'Equateur, la Bolivie, le Guayana, le Suriname, le Paraguay, Chili, le Pérou, outre l'Uruguay. En Amérique centrale et Caraïbes, Cuba, le Costa Rica et le Nicaragua reconnaissaient déjà l'Etat palestinien. Dans ce contexte, l'ambassadeur palestinien en Argentine, Salid Muaggat, a remercié mardi "tous les peuples sud-américains pour leur solidarité" avec la "cause juste du peuple palestinien". Une centaine d'Etats ont reconnu la Palestine, la plupart depuis les années qui ont suivi la déclaration d'"indépendance" proclamée à Alger en 1988. Parrainé par les Etats-Unis, le processus de paix reste toutefois dans l'impasse née de la poursuite de la colonisation juive dans les territoires palestiniens.