Les présidents des groupes parlementaires de l'Assemblée populaire nationale (APN) ont appelé, dimanche à Alger, à élargir les prérogatives de l'élu local pour lui permettre de jouer pleinement son rôle dans le processus de développement durable. Intervenant lors de la séance du matin précédant les réponses du ministre de l'Intérieur et des collectivités locales, M. Daho Ould Kablia, aux questions des députés sur le projet de code communal, les présidents des groupes parlementaires ont appelé à accorder un intérêt particulier à l'élu en l'impliquant davantage dans le processus de développement local et en élargissant ses prérogatives. Dans ce contexte, le président du groupe parlementaire du Rassemblement national démocratique, M. Miloud Chorfi a indiqué que le projet soumis au débat reflète "le souci d'impliquer fortement l'élu au plan des réformes et au développement local". M. Chorfi a jugé nécessaire de compter sur l'élu en tant que "partenaire important" afin de placer le développement local à la hauteur des aspirations des citoyens et de conférer à la commune, "maillon fort du processus de développement" la place qui lui sied à travers l'adoption d'une stratégie "judicieuse". Il a précisé, en outre, que son groupe parlementaire a axé dans les amendements qu'il a proposés, sur plusieurs points dont "la consécration du principe de transparence dans la relation élus-peuple d'une part et la relation élus-Administration d'autre part". M. Chorfi a estimé que le projet de loi sur la commune "est un important jalon de la réforme globale et le point de départ du processus de consolidation des réformes politiques annoncées". Par ailleurs, l'intervenant a appelé le gouvernement à élaborer une étude approfondie sur la réforme du système financier local en vue de "mobiliser de nouvelles ressources financières et de revoir le mode de distribution des taxes entre la commune, la wilaya et l'Etat". De son coté, le président du groupe parlementaire du parti du Front de libération nationale (FLN), M. Daadoua Layachi a appelé à la mise en avant du rôle des élus, en ce sens qu'ils sont "des intermédiaires entre l'Etat et le peuple". "On ne peut parler d'augmentation du taux de participation aux prochaines élections que sous cet angle (...)", a-t-il ajouté précisant que les citoyens ne voteront qu'une fois sûrs que les assemblées élues sont capables et jouissent des pleines prérogatives permettant une meilleure prise en charge de leurs préoccupations", a-t-il ajouté. M. Daadoua a, en outre, rappelé la position de son parti qui juge nécessaire la révision de la loi électorale et des autres lois en rapport avec le code communal. Il a également évoqué plusieurs aspects en rapport avec la décentralisation, appelant notamment à doter les communes des moyens matériels et humains nécessaires et à opérer une reforme globale du système fiscal. Pour sa part, le président du groupe parlementaire du Mouvement de la Société pour la Paix (MSP), M. Mohamed Said Boubakr a rappelé les amendements proposés par son parti visant notamment "la consécration des assemblées locales et le renforcement du rôle du contrôle" ajoutant que le projet de code communal fait partie d'un système juridique qui "doit être révisé". Par ailleurs, il a évoqué la décision de la levée de l'état d'urgence qui "définit la tendance générale de l'exécutif", notamment dans le contexte de la dynamique politique perceptible sur la scène nationale depuis des mois. La séance a été également marquée par l'intervention du président du groupe parlementaire du Front National Algérien (FNA), M. Abdelkader Driham qui a réitéré la décision du parti de suspendre son activité parlementaire à l'issue de l'examen de ce projet. Le groupe parlementaire du FNA "n'est pas convaincu" par ce projet, y voyant "une confiscation de la souveraineté du peuple et des prérogatives de ses élus", a-t-il affirmé, précisant que le groupe a participé à cette séance "pour dégager sa responsabilité devant le peuple". Pour sa part, le président du groupe parlementaire du Parti des Travailleurs (PT), M. Ramdhane Taazibt, a précisé qu'on ne peut engager des reformes sérieuses avant le traitement de la situation politique générale. M. Taazibt a également salué les déclarations contenues dans le discours du président de la République M. Abdelaziz Bouteflika à l'occasion de la fête de la Victoire, sur la nécessité d'engager des réformes politiques qui viendront renforcer celles économiques, "notamment dans le cadre de la nouvelle dynamique sur la scène nationale". Il a également réitéré l'appel de son parti à l'organisation d'élections législatives et locales anticipées et à l'ouverture d'un débat sur l'amendement de la constitution. Dans son intervention, le président du groupe parlementaire des Indépendants, M. Imad Djaafri a mis l'accent sur "l'échec" de tous les précédents codes communaux qui "ont négligé le rôle principal de la commune quant à la participation populaire à la prise de décisions et dans la réalisation de la bonne gouvernance et du développement durable". D'où la nécessité, a-t-il dit, de promulguer de nouvelles lois "adaptées à la situation actuelle" par l'élargissement des prérogatives des élus, la concrétisation de l'autonomie financière des communes et la modernisation de l'administration locale.