Le comité de l'Union africaine (UA) sur la Libye devait se réunir samedi à Nouakchott, alors que les craintes de voir l'Otan s'embourber dans la crise libyenne se multiplient, ravivant ainsi les craintes internationales d'un enlisement du conflit. Selon une source proche du comité, les chefs d'Etat membres de cette instance devraient se concerter avant se rendre le lendemain en Libye pour rencontrer le dirigeant libyen Maammar Kadhafi puis des responsables de la rébellion dans leur fief de Benghazi (est) dimanche et lundi, pour tenter d'obtenir un cessez-le-feu. Le comité comprend les présidents Mohamed Ould Abdel Aziz (Mauritanie), Amadou Toumani Touré (Mali), Denis Sassou Nguesso (Congo), Jacob Zuma (Afrique du Sud) et Yoweri Museveni (Ouganda). Ses membres avaient initialement souhaité se rendre le 20 mars à Tripoli mais n'avaient pu le faire en raison du refus de la coalition internationale de les autoriser à y aller, avaient-ils expliqué après une première réunion à Nouakchott le 19 mars. L'UA a réitéré à plusieurs reprises sa ferme opposition à une internationalisation de la crise libyenne, insistant sur une solution politique. Toute en rejetant toute forme d'ingérence étrangère dans la crise libyenne, l'UA avait élaboré une feuille de route depuis le 10 mars dernier afin de parvenir à un réglement appelant à la cessation de toutes les opérations militaires et à l'ouverture d'un dialogue politique entre les parties libyennes. La feuille de route acceptée officiellement par la Libye, porte sur la protection des civils et l'acheminement de l'aide humanitaire aux populations et aux travailleurs étrangers dont les Africains. Elle prévoit également une période de transition devant aboutir à l'élection d'institutions démocratiques. La Ligue arabe a salué samedi le rôle de l'UA visant à trouver une issue pacifique à la crise. L'organisation panarabe "salue le rôle de l'Union africaine visant le règlement de la crise libyenne à travers l'envoi d'un haut comité composé de cinq présidents afin de s'entretenir avec les responsables à Tripoli et les membres du conseil de transition à Benghazi", a déclaré le secrétaire général adjoint de la Ligue, M. Ahmed Ben Halli. Le regain d'intérêt pour une action diplomatique a été conforté par l'annonce samedi de la décision de la Ligue arabe d'accueillir le 14 avril au Caire une conférence sur la Libye destinée essentiellement à examiner une issue politique à la crise. Cette conférence, organisée à l'initiative de l'ONU, se tiendra en présence notamment du secrétaire général de la Ligue Amr Moussa, du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, et de la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton. Les participants à cette rencontre devront également examiner les moyens de "renforcer la coordination entre la Ligue arabe, l'ONU, l'Union africaine et l'Organisation de la conférence islamique" (OCI), a indiqué Ahmed Ben Halli. Le chef de l'OCI Ekmeleddin Ihsanoglu et le président de la Commission de l'Union africaine Jean Ping seront également présents. Cette conférence se tiendra au lendemain de la réunion du Groupe de contact sur la Libye, prévue le mercredi 13 avril à Doha, la capitale du Qatar. Cette annonce intervient alors que les bavures de l'Otan qui ont émaillé l'intervention militaire en Libye continuent de susciter des doutes quant à l'efficacité de l'option militaire. Le général américain Carter Ham, qui a dirigé la première étape de la campagne aérienne de coalition en Libye, soutient fermement que "le conflit semble avoir atteint une impasse" avec une faible probabilité pour les insurgés, de chasser les troupes d'El Gueddafi. La rébellion libyenne a critiqué vendredi le manque de réactivité de l'Otan face aux forces du colonel Maammar el Gueddafi, qui pilonnent la ville de Misrata. "Nous doutons des intentions de l'Otan. Nous leur avons communiqué des positions des forces d'el Gueddafi, à l'intérieur de la ville, loin de toute présence des civils", a indiqué un des porte-paroles de la rébellion. L'Otan s'en défend, réfutant l'idée qu'il y ait une "impasse" en Libye, qu'elle soit politique ou militaire. "Il n'y a pas d'impasse" en Libye "bien au contraire, la communauté internationale avance pour trouver une solution politique", a déclaré à la presse la porte-parole de l'Otan, Oana Lungescu. "Nous savons qu'il ne peut y avoir de solution purement militaire", a-t-elle confié, reconnaissant ainsi implicitement la difficulté de la mission de l'Otan sur le terrain. Sur le front, les combats continuaient de faire rage et dans certaines régions, les forces d'El Gueddafi ont regagné du terrain, ce qui, pour nombre d'experts, accrédite l'hypothèse selon laquelle le conflit en Libye pourrait durer des mois.