Au septième jour de l'opération militaire lancée par la coalition internationale avec le mandat de l'ONU, après plus d'un mois d'insurrection contre le colonel Mouammar Kadhafi, les Etats-Unis ont annoncé que l'Otan prendra en charge la zone d'exclusion aérienne. La France a estimé que l'intervention dans le ciel libyen allait se prolonger pendant des «semaines» et l'UE s'est dit prête à bloquer tous les revenus pétroliers du régime libyen.C'est jeudi dernier que les pays de l'Otan ont conclu un compromis qui va les voir prendre le relais de la coalition pour imposer la zone d'exclusion aérienne. Ce que la France voit d'un mauvais œil de crainte de s'aliéner l'opinion arabe, mais aussi pour garder une marge de manœuvre sur le terrain. Le président français Nicolas Sarkozy a tenu alors à souligner que la coordination de l'intervention militaire en Libye devait «rester éminemment politique», même si «elle reposera sur la machinerie de l'Otan». La France, ayant réussi à obtenir la création d'un comité de pilotage politique pour les opérations en Libye, qui tiendra sa première réunion mardi à Londres, en présence d'Hillary Clinton, a annoncé une initiative franco-britannique en vue de parvenir à une «solution» politique et diplomatique pour la Libye. De son côté, l'Union africaine tentait hier de trouver une issue négociée à la crise en Libye, demandant de nouveau la cessation immédiate des hostilités et l'ouverture d'un dialogue entre les parties libyennes en préalable à une «période de transition» démocratique. La réunion a débuté dans la matinée d'hier au siège de l'UA à Addis-Abeba, en présence d'une importante délégation gouvernementale libyenne, conduite par le secrétaire général du Congrès général du peuple, Mohamed Abou El Kassim Zouaï, accompagné de quatre ministres. Aucun délégué de la rébellion libyenne n'était présent dans l'après-midi, alors que les discussions se poursuivaient à huis clos. L'UA, qui s'oppose, il faut le rappeler, à l'intervention militaire de la coalition internationale, a prévu un «programme, un calendrier, un ordre du jour» pour résoudre la crise libyenne qui prévoit d'instaurer un «cessez-le-feu», de «faciliter l'aide humanitaire» et de «protéger les étrangers travailleurs immigrés» en Libye. Ce plan prévoit aussi de «confirmer les aspirations légitimes du peuple libyen à la démocratie», comme l'a déclaré Jean Ping, président de la commission de l'UA. Ce dernier a averti hier, que la situation en Libye «est d'une extrême gravité tant pour ce pays que pour la région dans son ensemble». Lors de sa réunion, la commission de l'UA a abordé «l'institution de la transition inclusive, sa composition, sa durée, les tâches de la transition, les réformes politiques, la Constitution et les élections». L'UA «entend inscrire son action sur la Libye dans le cadre d'un partenariat avec tous les acteurs internationaux concernés», ceci pour aboutir à «la mise en place et la gestion d'une période de transition [...] qui devra déboucher sur l'élection d'institutions démocratiques», a affirmé M. Ping. «En dernière instance, c'est aux Libyens qu'il appartiendra de définir, par le dialogue, la meilleure voie à suivre pour réaliser leurs aspirations», a-t-il souligné. Sur le terrain, la coalition internationale maintient la pression avec de nouvelles frappes aériennes. Dans la nuit de jeudi à hier, des avions de combat Tornado de l'armée britannique ont tiré des missiles sur des véhicules blindés dans la ville d'Ajdabiya, dans l'est. Le chef d'état-major français Edouard Guillaud a déclaré, de son côté, qu'un avion de chasse français avait détruit une batterie d'artillerie de l'armée libyenne dans la nuit près d'Ajdabiya, au lendemain d'une attaque française contre la base «historique» d'Al Joufra. Plus de 350 avions de tous types participent aux opérations dont plus de la moitié sont américains. Sur 130 sorties aériennes pendant cette période, la moitié environ a été le fait d'avions américains. France, Grande-Bretagne, Canada, Italie, Espagne, Belgique, Danemark et Qatar participent déjà aux opérations aériennes. Les Emirats arabes unis ont annoncé, jeudi dernier, au soir leur intention d'envoyer douze chasseurs. Malgré ces attaques permanentes, Hillary Clinton estime que les forces fidèles au colonel Mouammar Kadhafi ont reculé, mais restent une menace. Le président français Nicolas Sarkozy affirme, quant à lui, que «l'action militaire» a «évité des milliers et des milliers de morts». H. Y./Agences Tripoli accepte la feuille de route de l'UA Le gouvernement libyen est «prêt à mettre en œuvre la feuille de route» proposée par l'Union africaine (UA) pour mettre un terme à la crise en Libye, ont affirmé hier les représentants du régime du colonel Mouammar Kadhafi, lors d'une réunion à Addis-Abeba au siège de l'organisation panafricaine. «Nous sommes prêts à mettre en œuvre la feuille de route envisagée» par le Comité de l'UA sur la Libye, «dont l'adoption et la mise en œuvre d'une politique qui répond aux aspirations du peuple libyen de façon pacifique et démocratique», ont déclaré au cours de la rencontre les membres de la délégation libyenne, et dont le discours a été transmis à la presse. Une importante délégation gouvernementale libyenne, conduite par le secrétaire général du Congrès général du peuple, Mohamed Abou El Kassim Zouaï, accompagné de quatre ministres, participait aux discussions d'Addis-Abeba. Cette rencontre, à laquelle participaient également des représentants de l'ONU, de l'Union européenne, de la Ligue arabe et de l'Organisation de la conférence islamique, a pour but de «rechercher les voies et moyens d'une sortie de crise rapide en Libye». APS