ALGER - Le secrétaire général du parti du Rassemblement national démocratique (RND) et Premier ministre, Ahmed Ouyahia a affirmé mercredi à Alger que les réformes politiques initiées par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, sont partie intégrante du processus de redressement et non pas le résultat d'une crise. Intervenant lors de l'émission "Hiwar Essaâ" (débat de l'heure) de la télévision nationale, M. Ouyahia a indiqué que le RND avait participé à la consultation de l'Instance de consultations sur les réformes politiques, convaincu que ces réformes "constituent la troisième étape du processus de redressement en Algérie et non pas le résultat d'une crise ou de conjonctures internationales". Il a ajouté, dans ce sens, que le programme du président de la République "en tant que candidat en avril 2009 renfermait des réformes politiques dont certaines ont déjà été engagées et sont mentionnées dans un document qui a été distribué à l'époque". M. Ouyahia a, d'autre part, cité les propositions "concrètes" présentées par son parti devant l'Instance de consultations sur les réformes politiques, sont le résultat "d'analyses réalistes" et "précises" des projets objet de débat. Sur le fait de procéder à la révision des lois organiques avant la révision profonde de la constitution, M. Ouyahia a indiqué que son parti "soutient la méthode du président", dans la mesure où les lois amendées "sont susceptibles de conférer davantage de transparence et de renforcer le contrôle", ajoutant que "la constitution sera révisée par un parlement plus crédible, avant sa soumission au référendum". Les principaux objectifs des réformes consistent à "rétablir la confiance entre le citoyen et le pays", l'administration et l'autorité étant "des composantes du pays", a-t-il précisé, ajoutant "nous devons recouvrer notre dignité et celle de notre pays". "En temps de crises, l'apport des Algériens est illimité, un apport que nous devons faire perdurer tout au long de l'année et même en dehors des situations difficiles", a-t-il dit. Evoquant la loi sur les partis, M. Ouyahia a précisé "d'aucuns n'ignorent aujourd'hui la raison du gel de la scène politique", rappelant la proposition de sa formation consistant à laisser le choix au peuple qui a cautionné la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. Concernant la position de sa formation, il a précisé qu'"il ne s'agit pas d'une question de lutte contre le courant islamique, ce dernier étant sur la scène politique", ajoutant "le salafisme existe en Algérie". Il a également souligné que sa formation s'oppose à ce que l'Algérie "retombe dans le dérapage qu'elle a connu par le passé". A une question sur l'Alliance présidentielle, M. Ouyahia a indiqué que les trois partis de l'Alliance ont "des points de divergence et de convergence concernant certaines questions". S'agissant des instructions du président de la République d'ouvrir les médias lourds et qui n'"ont pas été respectées", M. Ouyahia a estimé "nécessaire de changer les textes et les mentalités", appelant les responsables qui n'appliquent pas ces instructions à se réviser". "On a dit que le texte promulgué en 1990 qui prévoyait 15 peines d'emprisonnement se voulait une restriction de la liberté de l'information", a indiqué M. Ouyahia à propos du code de l'information avant de souligner la nécessité d'apporter des changements à ce texte, qui "n'a pas été toutefois à l'origine d'emprisonnement de journalistes". S'agissant de la proposition de son parti d'ouvrir le domaine audiovisuel, le SG du RND a souligné que l'"Algérie parviendra un jour à l'ouverture du champs audiovisuel", rappelant que le RND avait proposé une période de transition où le capital public serait majoritaire et avec un cahier de charge claire. "L'Algérie se trouve dans une situation qui lui permet de réaliser cet objectif en raison de sa stabilité", a-t-il ajouté. M. Ouyhia a évoqué par ailleurs le cas du journaliste du quotidien "Al Khabar", accusé d'avoir divulgué des secrets de l'enquête sur l'affaire de l'assassinat de l'ex directeur général de la sûreté nationale, Ali Tounsi. Après avoir exprimé son regret de cette accusation, M. Ouyahia a indiqué que l'enquête est en cours avec le journaliste avant de souligner l'importance de faire confiance à la justice". M. Ouyahia a estimé que les réformes qui seront apportées aux textes "ne suffisent pas à elles seules" pour changer les mentalités et les attitudes permettant de faire face aux fléaux sociaux, ajoutant "le plus important est de rétablir la confiance en soi et en le pays". Il considère que les textes juridiques constituent "le garant de la démocratie", souhaitant que "le pays puisse protéger sa politique de la dictature des fonds". M. Ouyahia a, par ailleurs, relevé que la société algérienne a besoin d'un leader, indiquant qu'il préfère la limitation des mandats présidentiels dans la nouvelle constitution. A propos de la participation de l'ancien Secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), Abdelhamid Mehri, aux consultations politiques, M. Ouyahia a déclaré qu'il respectait aussi bien les participants que ceux qui ont décliné l'invitation. Pour ce qui est de la proposition de M. Mehri concernant la tenue d'une conférence nationale regroupant tous les courants politiques, M. Ouyahia a précisé que "l'Algérie a vécu toutes sortes d'expériences en l'espace de 20 ans et renferme différentes positions politiques". Il a indiqué que "l'expérience de la conférence de juin 1991 qui avait duré près de 70 heures avait laissé une image désastreuse", ajoutant que "le pays n'est pas en crise politique et la réforme politique prouve que le président de la République est fidèle à son programme, suit les évènements en cours dans le monde et est à l'écoute des préoccupations de la société". "Plusieurs participants ont pris part aux consultations", a-t-il affirmé, soulignant que "l'Algérie a connu un tournant décisif et nombre de petits partis ont eu le courage de participer au conseil national transitoire". Evoquant les assises de la société civile, organisées par le CNES, M. Ouyahia a affirmé qu'elles se veulent un espace pour la démocratie participative, précisant que "le peuple est le gouverneur qui définit les contours de la classe politique". Il a ajouté que l'Algérie compte 80 000 associations qui doivent, a-t-il dit, "activer quotidiennement et occuper leur place dans la société". Concernant le mouvement de protestations qui marque certains secteurs publics, M. Ouyahia a indiqué "nous traversons une étape particulière, dont tout le monde veut en profiter pour bénéficier d'une augmentation de salaire", souhaitant que ces protestations ne "portent pas atteinte à l'économie". Les différents secteurs de la fonction publique ont vu la promulgation de leurs statuts, a-t-il indiqué, rappelant que le processus des statuts avait débuté en 2008. Les statuts de 5 secteurs n'ont pas encore été promulgués, ceux-ci étant en cours d'élaboration, a-t-il ajouté. S'agissant de la grève des médecins résidents, M. Ouyahia a réitéré la disposition de son gouvernement à dialoguer autour du service civil, l'augmentation des salaires et les conditions de travail, avant de souligner à nouveau que la suppression du service civil était "une condition veto". M. Ouyahia a évoqué en détail la précédente tripartite consacrée au volet économique, indiquant que la prochaine tripartite "qui pourrait avoir lieu en septembre sera porteuse de résultats positifs concernant le volet social". Pour ce qui est le l'Alliance présidentielle, M. Ouyahia a fait savoir qu'il était le "résultat d'une conjoncture particulière", prévoyant la formation de groupements partisans dans le future. Par ailleurs, il a nié l'existence d'une scission au sein du parti. "Le RND compte plus de 130 000 militants et il tout a fait normal qu'il y ait une certaine agitation, notamment à l'approche des rendez-vous électoraux", a expliqué M. Ouyahia, ajoutant que sa formation politique n'a connu de scission qu'une seule fois lors des présidentielles de 1999. Il a indiqué en outre que le parti souhaiterait attirer des bases militantes de différentes catégories, rappelant que la représentation des femmes au sein des structures de base était de 27%.