Bien plus que de simples mesures d'apaisement dictées par la conjoncture, comme le soutiennent nombre d'observateurs, les réformes politiques initiées par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, sont bel et bien, a estimé le premier ministre Ahmed Ouyahia, «partie intégrante du processus de redressement et non pas le résultat d'une crise». Intervenant lors de l'émission «Hiwar Essaâ» (débat de l'heure) de la télévision nationale, M. Ouyahia s'est dit convaincu que ces réformes «constituent la troisième étape du processus de redressement en Algérie et non pas le résultat d'une crise ou de conjonctures internationales». Le programme du président de la République renfermait selon lui «des réformes politiques dont certaines ont déjà été engagées». Tout en soutenant «la méthode du président», Ouyahia estime que les principaux objectifs des réformes consistent à «rétablir la confiance entre le citoyen et le pays». Dans ce sillage et défendant mordicus le système semi- présidentiel, le patron du RND soutient que la société algérienne a besoin d'un leader. Le système parlementaire, «qui limite les pouvoirs de l'exécutif» n'est pas applicable selon lui en Algérie, car «basé essentiellement sur le bipartisme, et naturellement, on ne peut l'appliquer dans le cadre du pluralisme politique adopté actuellement en Algérie», a t-il argumenté. L'ouverture des mandats présidentiels après l'amendement partiel de la Constitution à la fin 2008 répondait selon Ouyahia à une conjoncture particulière qui exigeait un troisième mandat pour le président de la République. Soulignant qu'il est en faveur de l'alternance au pouvoir, Ouyahia qui évoque la loi sur les partis, précise que «personne n'ignore aujourd'hui la raison du gel de la scène politique», affirmant qu' «il ne s'agit pas d'une question de lutte contre le courant islamique». Il affichera dans ce sens son opposition à ce que l'Algérie «retombe dans le dérapage qu'elle a connu par le passé». «On a dit que le texte promulgué en 1990 qui prévoyait 15 peines d'emprisonnement se voulait une restriction de la liberté de l'information», a indiqué M. Ouyahia à propos du code de l'information avant de souligner la nécessité de lui apporter des changements. Affirmant qu'il respectait aussi bien les participants aux consultations politiques que ceux qui ont décliné l'invitation, Ouyahia soulignera à propos de la proposition de M. Mehri sur la tenue d'une conférence nationale que «l'expérience de la conférence de juin 1991(…) avait laissé une image désastreuse». Le pays, dit-il, «n'est pas en crise politique et la réforme politique prouve que le président de la République est fidèle à son programme». Evoquant les assises de la société civile, M. Ouyahia a affirmé qu'elles se veulent un espace pour la démocratie participative, précisant que «le peuple est le gouverneur qui définit les contours de la classe politique». Concernant le mouvement de protestation qui marque certains secteurs publics, M. Ouyahia qui rappelle les augmentations de salaires dans la Fonction publique souhaite que ces protestations ne «portent pas atteinte à l'économie». Sur la grève des médecins résidents, M. Ouyahia a réitéré la disposition de son gouvernement à dialoguer. «Il n'y aura pas d'inflation cette année» Dans le registre économique, il exclura «toute crise inflationniste» cette année grâce, a-t-il estimé, «au soutien des prix de plusieurs produits de base par l'Etat». Sur l'investissement, il appellera «au développement de la culture de l'investissement pour construire une économie nationale forte». Il a également insisté dans ce sillage sur la nécessité de garantir le foncier industriel et exploiter le foncier inoccupé disponible à travers le pays. A une question sur les entraves à l'investissement, le SG du RND a souligné que l'Algérie n'a nullement besoin de fonds mais plutôt d'expérience et de transfert de technologie moderne. «Des opérateurs économiques étrangers activent en Algérie suivant la règle 51/49% décriée par le passé», a-t-il précisé. M. Ouyahia a par ailleurs évoqué en détail la précédente tripartite consacrée au volet économique «qui a pris en charge les préoccupations des opérateurs privés», indiquant que la prochaine tripartite «qui pourrait avoir lieu en septembre sera porteuse de résultats positifs concernant le volet social».