ALGER - Le 4ème festival international de la littérature et du livre de jeunesse (Feliv) a pris fin mercredi soir à Alger par un spectacle chorégraphique en hommage au défunt poète, journaliste et romancier Mohamed Skif, intitulé "Géographie du danger", conçu par Hamid Ben Mahi. Le spectacle, inspiré du roman éponyme de Mohamed Skif, décédé en mars dernier à l'âge de 60 ans des suites d'une longue maladie, met en scène un danseur qui engage son corps dans une danse en solo, à la fois mure, brute et désabusée, sous une lumière feutrée, voire sombre. Hamid Ben Mahi, à travers ses mouvements, exprimait le désarroi et la déception d'un émigré clandestin, un "harrag", qui croyait, enfin, trouver la sérénité et la paix de l'âme en Europe. En vain. Cet émigré se retrouve cloîtré dans une chambre. Il étouffe, il n'arrive plus à respirer, il maudit son sort. Solitude, insomnie, déprime et fureur, exprimées par les gestes du danseur et la souplesse de son corps, se mêlent dans son esprit et en font un être égaré, désemparé, complètement abattu. La danse était entrecoupée par la lecture, en voix-off, d'extraits du roman "Géographie du danger", écrit en 2006 et consacré au phénomène de l'émigration clandestine. Ce roman a remporté, la même année, le prix de l'Association des écrivains de langue française. Hamid Skif, de son vrai nom Mohamed Benmebkhout, est né en 1951 à Oran. Il s'est lancé, dès son plus jeune âge, dans des activités culturelles diverses mais avec un penchant avéré pour la poésie et le théâtre, avant d'embrasser une carrière de journaliste à l'agence Algérie Presse Service (APS) où il passera une quinzaine d'années, de 1975 à 1990. A l'agence nationale de presse, il se distinguera très vite par des écrits de grande qualité, qu'ils soient d'ordre culturel ou politique, avant de prendre la direction des bureaux régionaux de l'APS à Oran puis à Tipasa. Peu avant d'opter pour l'agence, il avait participé à la rédaction de l'hebdomadaire "Révolution africaine" et travaillé au quotidien "La République", qui paraissait à Oran en langue française jusqu'en 1975. Dès 1971, alors qu'il n'avait que 20 ans, Hamid Skif faisait déjà partie des poètes réunis cette année-là par Jean Sénac pour son anthologie de la jeune poésie algérienne de graphie française, aux côtés de Youcef Sebti et Abdelhamid Laghouati, et anima en 1972 les soirées poétiques du "Mouggar". Il publiera par la suite des romans et des recueils de poèmes, tout en animant des lectures et des conférences sur la culture algérienne et universelle dans plusieurs pays d'Europe, notamment depuis qu'il s'est exilé en Allemagne en 1997. Sa dernière apparition publique en Algérie était en juillet 2009, à l'occasion du 2e festival culturel panafricain, où il avait pris part à "la Résidence d'écriture" (rédaction d'un ouvrage collectif) avec d'autres écrivains algériens et africains de renom. Son œuvre comporte trois recueils de poèmes "Poèmes d'El Asnam et d'autres lieux" (1986), "Poèmes de l'Adieu" (1997), "Les Exilés du matin" (2006) et plusieurs recueils de nouvelles.