CONSTANTINE - El Djamaâ El Kebir, la prestigieuse mosquée qui séparait la vieille ville des ex-quartiers européens, un des principaux témoins de la gloire de l'Islam sur le Vieux-Rocher, est aussi un repère de la richesse du patrimoine ancestral de la ville de Constantine. C'est l'une des deux principales mosquées constantinoises bâties sous la dynastie des Hafsides, après "Djamaâ El Casbah" converti en magasin. Djamâa El kebir est un édifice situé entre la place dite El-Batha et le quartier R'cif dont elle est séparée par "Trik Ladjdida'', actuellement rue Larbi Ben M'hidi. La gestion de ce lieu de culte a été assurée pendant plusieurs siècles par les Ben Lefgoun, une grande famille constantinoise, a rappelé un vieil habitant du quartier et ancien membre de l'association religieuse de cette antique mosquée. Selon lui, l'édifice avait dû être construit sur les ruines d'un ancien temple grec vu sa position "qui forme une presqu'île dans le quartier où il s'élève", et la conception de sa toiture soutenue par une quarantaine de colonnes constituées de pierres imposantes. Six colonnes sont disposées de chaque côté d'un Mihrab amovible pour lequel une cavité, percée dans le mur indiquant la "qibla", a été aménagée pour permettre plus d'espace aux fidèles lorsqu'ils accomplissent leur prière. Selon un Constantinois d'une quarantaine d'années, rencontré au moment où il s'apprêtait à faire ses ablutions pour la prière du "Aâsr", les citoyens "fréquentent particulièrement cette mosquée pour la fraîcheur de son vaste intérieur" composé de trois principales parties, d'une " Maqsoura" qui est une pièce de petite taille joliment ornée réservée à l'Imam, d'un vaste vestibule, d'un corridor et du hall d'entrée. Sur la partie supérieure de l'un des murs de la mosquée, tous ornés de fines calligraphies reproduisant des versets du saint Coran, se trouve une indication gravée sur une pierre murale, où l'on peut lire que la mosquée renferme la dépouille du Cheikh dignitaire Mohamed Ibrahim El Merrakchi, (de Marrakech, Maroc), mort en l'an 618 de l'Hégire. Contacté à ce sujet, un représentant de l'association religieuse de ce lieu de culte a précisé que la mosquée a été érigée par un émir Hafside, un siècle environ après la restauration de la mosquée de la Casbah, au 8ème siècle de l'Hégire.