ALGER - Les pays du champ (Algérie, Mali, Niger et Mauritanie) et leurs partenaires extrarégionaux ont planché mercredi et jeudi à Alger sur les moyens d'aider les pays du Sahel dont les besoins en moyens sont énormes, à prendre en charge eux même la lutte contre le terrorisme et le trafic transfrontalier, une présence de forces étrangères n'étant souhaitée par personne car ne servant les intérêts ni des uns des autres. Les interventions lors de la Conférence d'Alger sur la lutte antiterroriste à laquelle ont pris part, outre les quatre pays du champ, 38 délégations, dont des représentants du système des Nations Unies, des partenaires bilatéraux, notamment les cinq pays membres du Conseil de sécurité, les bailleurs de fonds et les organisations régionales, ont tout particulièrement insisté sur l'appropriation par les pays de la région tant individuellement que collectivement, de la stratégie de lutte contre le terrorisme et le crime organisé transfrontalier. Les pays du champ tiennent à mener eux-mêmes la lutte contre le terrorisme en comptant cependant sur le soutien des partenaires en matière de formation, d'armement, de renseignement et de développement local, a souligné à ce propos le ministre délégué aux Affaires maghrébines et africaines, M. Abdelkader Messahel. "Nous devons développer nos moyens car notre sécurité nous devons l'assurer nous-mêmes. Cependant, nous avons besoin d'un partenariat. Nous avons besoin de financement. Nous avons besoin de formation d'équipements et de renseignements", a-t-il déclaré à la presse en marge des travaux de la Conférence. Le rôle de l'Algérie dans la lutte contre les fléaux du terrorisme et du trafic transfrontaliers a été relevé par de nombreux participants qui ont mis en exergue la disponibilité de l'Algérie à mettre son expérience et ses capacités au service de cette lutte. "L'Algérie a une expérience, une compétence et une légitimité incontestable en matière de lutte antiterroriste", a déclaré à ce propos M. André Parant, conseiller diplomatique adjoint du président français, Nicolas Sarkozy. M. Parant qui s'est félicité du combat " courageux" mené par l'Algérie contre le terrorisme, a tenu à relever que la lutte antiterroriste dans le Sahel incombe aux pays de la région et que "nul ne peut se substituer à eux et décider à leur place" car "la coopération régionale est la clé de tout (à) et seule une action collective déterminée et coordonnée de l'ensemble des Etats de la région est susceptible de produire des résultats positifs". Il a en outre fait part de l' "inquiétude " que suscite la crise libyenne compte tenu des menaces qu'elle fait encourir à toute la région et même au-delà. "Il s'agit d'un sujet d'inquiétude ", a-t-il poursuivi, estimant que la tenue de cette conférence à Alger "constitue une excellente initiative pour échanger les points de vue sur la lutte contre le terrorisme entre les pays concernés et leurs partenaires extérieurs". M. Robin Vincent Searby, conseiller du Premier ministre britannique et M. Manuel Lopez Blanco, représentant de l'Union européenne (UE), n'ont pas manqué eux aussi de relever le rôle de premier plan joué par l'Algérie dans ce domaine. "Nous reconnaissons les grands efforts menés par l'Algérie dans la prise en charge de la lutte contre le fléau " du terrorisme, a déclaré M. Searby, affirmant que son pays restera engagé aux côtés des pays de la région, dont l'Algérie, dans la lutte contre le terrorisme. M. Blanco, a pour sa part tout particulièrement, mis en exergue le rôle "important " de l'Algérie dans la concertation régionale, qui doit, a-t-il dit, "se consolider et même s'élargir". Les représentants des partenaires extérieurs des pays du champ ont également reconnu que si les mesures sécuritaires " sont nécessaires ", elles doivent impérativement être accompagnées d'autres " mesures visant à assurer en parallèle un développement économique et social". Mme Shira Villarosa, membre du bureau de coordination antiterroriste du département d'Etat américain, a estimé dans ce contexte que les capacités militaires et les opérations de renseignement ne pourront pas toujours résoudre les défis du terrorisme à long terme. "Nous avons aussi à traiter des aspects économiques et sociaux" qui ont favorisé la recrudescence de la violence, a-t-elle dit. Le général Carter Ham, Haut commandant des forces américaines pour l'Afrique (Africom), a de son côté salué le rôle "leader" de l'Algérie dans la lutte contre le terrorisme et ses connexions qui demeurent une "inquiétude partagée", appelant à la conjugaison des efforts pour combattre ce fléau. A ce propos, le ministre délégué aux Affaires maghrébines et africaines, M. Abdelkader Messahel a estimé que "le moment est venu de donner une forte impulsion" à la coopération entre les pays du champ et leurs partenaires. La lutte contre les menaces que représentent le terrorisme, le crime organisé et le sous-développement, nécessite la conjugaison des efforts et la convergence de toutes les bonnes volontés, a-t-il dit. Ce constat a été partagé par les ministres des Affaires étrangères du Mali, de la Mauritanie et du Niger qui ont, par ailleurs, mis en exergue la relation "étroite" entre le développement et la sécurité, appelant à la mise en oeuvre d'une stratégie régionale, intégrée et cohérente "pour relever collectivement ces défis". Dans ce contexte les participants ont relevé que le développement économique et social et la sécurité constituent " un binôme indissociable". Les pays du champ qui ont exposé leur stratégie régionale, fondée sur une vision commune des principes directeurs et des mécanismes de coopération adaptés, ont mis l'accent sur la nécessité d'engagements supplémentaires et davantage d'actions coordonnées. Leurs partenaires extrarégionaux, se sont de leur côté félicités de la pertinence de cette stratégie qui, estiment-ils, contribue à la mise en place d'une coopération régionale au double plan de la sécurité et du développement. Toujours dans le même contexte, les participants ont souligné que le partenariat et la coopération doivent correspondre en priorité aux besoins exprimés par les pays de la région. Les pays du champ ont à ce propos estimé que le partenariat doit porter en priorité sur la formation et le renforcement des capacités, la fourniture d'équipements, l'échange de renseignements et le développement. Les participants ont ainsi convenu de la création de synergies et de complémentarités afin de conférer plus d'efficacité et de cohérence à la coopération entre les pays du champ et les partenaires extrarégionaux. Ils ont particulièrement insisté sur la nécessité d'£uvrer au " tarissement de toutes les sources de financement du terrorisme" et de combattre ce fléau et ses connexions avec le crime transnational organisé, ce qui, soulignent-ils, appelle une action urgente et déterminée et exige une coopération intensifiée sur les plans régional et international. Cette approche montre, souligne-ton, que si les acteurs de la région tout comme leurs partenaires sont unanimes sur la nécessité d'une coopération et d'un partenariat des plus étroits pour faire face à la menace terroriste, ils ne souhaitent en aucun cas assister à une intervention étrangère qui, loin de régler le problème, sera à coup sûr "contreproductive" en offrant aux extrémistes de tous bords un terrain fertile et des conditions propices au déploiement de leurs activités et ce qui s'est passé en Somalie et les exemples vivants de l'Afghanistan et de l'Irak sont la pour le rappeler.