NEW YORK - Le ministre de la Santé, de la population et de la réforme hospitalière, Djamel Ould Abbes, a présenté lundi devant l'ONU à New York le dispositif mis en place par l'Algérie pour lutter contre les maladies non transmissibles (MNT). Dans son intervention faite au sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Assemblée générale de l'ONU consacré à ces maladies (diabète, maladies cardiovasculaires, cancers, maladies respiratoires chroniques), M. Ould Abbes a indiqué qu'en Algérie, ces maladies concernent 10 % de la population générale et 51% des personnes âgées de 60 ans et plus. L'hypertension artérielle (HTA) et le diabète à elles seules concernent 44% de cette tranche d'âge ainsi que la dépendance physique découlant d'une pathologie (30%) et les traitements médicamenteux à long terme (50%), a-t-il précisé. Quant à l'incidence des cancers, elle est de 104/100.000 habitants, a-t-il ajouté. Dans ce sens, M. Ould Abbes a indiqué que la mortalité liée aux MNT représenterait 58,6 % des causes de décès contre 22,7 % par maladies transmissibles et 10,6 % imputables aux traumatismes et morts violentes ou accidentelles. Parmi les causes de mortalité, les maladies cardio-vasculaires sont au 1er rang avec 44,5 %, suivies des cancers (16 %), puis les affections des voies respiratoires (7,6 %) et le diabète (7,4 %.). Après avoir présenté la situation sur les MNT en Algérie, le ministre a affirmé devant l'ONU que le gouvernement algérien a, dès 2003, mis en place un programme de lutte intégrée contre ces pathologies, à dimension multisectorielle, incluant le mouvement associatif. A ce propos, il a fait savoir que l'Algérie a adhéré à la stratégie de la région africaine en développant une approche de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) sur la mesure de facteurs de risques et des déterminants de la santé. En matière de lutte contre le tabac, l'Algérie a ratifié la Convention cadre de l'OMS en 2007 avec la promulgation et la mise en œuvre effective du décret fixant les lieux publics où l'usage du tabac est interdit, a-t-il poursuivi. Aussi, un comité national de lutte intégrée contre les MNT est opérationnel depuis 2007. Plus encore, l'Algérie a notamment inscrit la lutte contre les MNT dans le plan national de développement et du secteur de la santé en particulier, impliquant de vastes réformes, a souligné le ministre. Sur ce point, il a précisé que l'Algérie a consacré davantage de ressources financières aux dépenses de santé à hauteur de 8 % du PIB et dépasse les 200 dollars per capita en 2010. Quant aux autres mesures, M. Ould Abbes a encore indiqué que récemment, un mécanisme de financement novateur et pérenne a été mis en place à travers l'inscription dans la Loi de Finances 2011 d'un Fonds spécial pour le plan cancer et les prélèvements de taxes sur les produits nocifs (tabac, alcools.). Il a été également lancé un vaste plan d'investissement visant notamment à renforcer les capacités du système de santé en termes d'infrastructures, d'équipements et de formation. Pour la prise en charge de la pathologie du cancer, le ministre a indiqué que l'Algérie dispose actuellement de 6 centres fonctionnels, lesquels devraient être étendus en 2014 à 22 centres, avec l'acquisition de 57 nouveaux accélérateurs pour la radiothérapie, ajoutant que 72 centres d'accueil et d'accompagnement des malades cancéreux adossés à autant des services de chimiothérapie ont été mis en place. Quant à l'accès aux médicaments, il a assuré que des mesures impératives ont été prises pour éviter toute rupture et mobiliser les fonds nécessaires. A titre d'illustration, le ministre a cité la facture annuelle de produits antimitotiques (produits traitant les cancers et les leucémies) pour les hôpitaux publics qui a été de 8,5 milliards de DA pour l'année 2010, soit l'équivalent de 115 millions de dollars. Dans son intervention lors de ce sommet, M. Ould Abbes a, cependant, estimé opportun que le problème de l'accès aux médicaments nécessaires à la lutte contre les maladies non transmissibles soit clairement posé et que des mécanismes novateurs soient identifiés à l'effet d'assurer l'accès à ces médicaments, et ce, en particulier pour les pays en développement. A ce titre, il a préconisé la mise en place d'un Fonds mondial spécial pour les MNT en général et la lutte contre le cancer en particulier. Il a fait valoir, en outre, que la communauté internationale est appelée à se mobiliser pour soutenir la croissance des pays les plus pauvres et contribuer à réduire leur dépendance en matière d'accès aux médicaments à travers notamment le soutien au développement de leurs industries pharmaceutiques. En sus du diabète, des maladies cardio-vasculaires, du cancer et des maladies respiratoires chroniques, M. Ould Abbes a indiqué qu'il conviendrait d'intégrer les besoins des populations vieillissantes, notamment la dépendance physique et la prévention des accidents et des morts violentes, la santé mentale et la promotion des comportements sains auprès des jeunes. Dans l'optique du développement durable et de la lutte contre les inégalités sociales, il a souligné que l'Algérie estime qu'une approche scientifique, solidaire et intégrée s'appuyant sur une coordination des efforts et le respect des engagements pris en faveur des pays du sud permettra d'infléchir l'incidence des MNT et leur impact sur le plan sanitaire et socioéconomique. Il est à souligner qu'à travers le monde, les MNT connaissent une augmentation sans précédent et causent 36 millions de décès annuellement dans le monde, soit 63% des décès totaux. Dans les pays à faible revenu ou revenu intermédiaire, plus de la moitié des décès sont dus à ces maladies. En 2020, les maladies non transmissibles tueront 4 fois plus que les maladies infectieuses dans les pays en développement alors qu'elles ne mobilisent que 3% de l'aide mondiale pour le secteur de la santé.