ALGER - La ministre de la Culture, Khalida Toumi, a émis le souhait, mercredi à Alger, de voir "le printemps des peuples" profiter aux peuples eux-mêmes et non à une "horde d'affairistes". "Je souhaite ardemment que le printemps des peuples soit vraiment le printemps des peuples et non celui d'une horde d'affairistes qui remplissent actuellement leurs bons de commandes pour venir reconstruite ce que leurs armadas ont détruit", a indiqué Mme Toumi à l'ouverture d'un colloque sur le thème "Le monde arabe en ébullition, révoltes ou révolutions ?". Elle a également formulé l'espoir que ce printemps puisse "profiter aux peuples et non à des castes locales prêtes à toutes les compromissions pour enfin saisir l'opportunité de devenir calife à la place du calife", a-t-elle asséné. En ce sens, elle a estimé que le "maître-mot" de l'heure devrait être "vigilance". "Vigilance sur le front intérieur pour ne plus jamais reproduire les dévastatrices expériences que nous avons connues. Vigilance sur le plan extérieur aussi dont il faut prendre très au sérieux les menaçantes menées de reconquêtes", a ajouté la ministre. Pour Mme Toumi, ce qui se passe dans le monde arabe est "gorgé" de promesses mais, aussi de "vents mauvais" qui font craindre à certains, "à tort", espère-t-elle, que "la sinistre politique de la canonnière n'est pas définitivement enterré". "En surdimentionnant ce mouvement, ne cherche-t-on pas quelque part en Occident, surtout, à faire croire que le monde arabe est (...) comme la Belle au bois dormant, la partie assoupie de la marche de l'humanité ?", s'est-elle encore interrogée. Elle a relevé, en outre, que "pour une fois, le fait religieux ou ethnique n'est pas déterminant", soulignant à ce propos l'importance de "faire preuve de clairvoyance et de talent dans le diagnostic de chaque cas pour assurer la meilleure cohérence possible à la marche générale". Evoquant la Palestine, qu'elle qualifie de "question arabe centrale", Mme Toumi s'est interrogée sur la place de ce pays dans le printemps arabe. S'exprimant sur le colloque qui se déroule en Algérie, elle a observé qu'il s'agit d'une rencontre "académique libre dans son expression de toute contrainte politique", se disant convaincue que le très haut profil des intervenants représente une garantie patente de la qualité des débats et des analyses, lesquelles offriront des clefs de "lecture pertinente". Le colloque, organisé à Alger du 28 septembre au 2 octobre en marge du Salon international du livre d'Alger (SILA), traitera d'un thème politique sous un angle scientifique dans la mesure où il sera animé par des chercheurs, universitaires et académiciens, avait indiqué l'attaché de presse de cette rencontre. Au cours de ce colloque, organisé en partenariat avec l'Ecole nationale supérieure des sciences politiques, plusieurs experts algériens et étrangers interviendront sur différents sujets. Les communications traiteront, entre autres, de la lecture analytique et des perspectives des révolutions arabes, les armées arabes et les transitions démocratiques, le contexte stratégique et les incidences politiques en cours.