ALGER- L'utilité de la bande dessinée et sa contribution à la sensibilisation des jeunes aux dangers des fléaux sociaux et à la culture de la paix sont "ignorées" en Afrique, a estimé mercredi Alger l'expert congolais en sémiologie de l'image, Hilaire Mbiye. S'exprimant lors d'une conférence sur "Le rôle de la bande dessinée dans l'avènement de la paix et de la réconciliation en Afrique", dans le cadre du 4ème Festival international de la bande dessinée d'Alger (Fibda), M. Mbiye a déploré le peu d'intérêt qu'accordent les organismes africains à cette expression artistique au double rôle, éducatif et de divertissement. Il a fait savoir que l'ensemble des bandes dessinées ayant trait à la sensibilisation aux dangers de la drogue, des agressions sexuelles et toutes formes de violences, distribuées à titre gracieux dans des établissements scolaires africains, sont "commandées" auprès d'organismes étrangers qui assurent leur financement. Même s'il approuve l'idée qu'en Afrique le message par l'image est plus efficace par rapport au discours à cause du taux "élevé" d'analphabétisme notamment en Afrique subsaharienne, cet universitaire , toutefois, s'est dit préoccupé des images stéréotypées de misère, maladies et famine, collées souvent au contient noir que peut véhiculer la bande dessinée "commandée". A cet égard, il a regretté l'absence d'organismes africains pour financer la BD en Afrique, estimant que l'utilité du 9ème art dans ce continent est tout simplement méprisée. Par ailleurs, l'orateur a considéré la bande dessinée comme un moyen de communication et un support médiatique au langage spécifique qui mérité d'être initié dans les écoles pour permettre une bonne transmission des messages que le 9ème art véhicule. Selon lui, les bédéistes africains, ont la capacité d'être des médiateurs et de jouer un rôle décisif dans la consolidation de la paix en Afrique, aux côtés des autres médias, même si, rappelle-t-il, les problèmes de financement, d'édition et de promotion de cet art demeurent posés. M. Mbiye a expliqué qu'au delà de la sensibilisation, la BD en Afrique devrait s'intéresser aussi au patrimoine oral du continent dans un souci de mémoire et de transmission des valeurs culturelles, aussi bien aux jeunes africains qu'au reste du monde. Le 4ème Fibda, l'une des plus importantes rencontres annuelles dédiées au 9ème art en Algérie, s'est ouvert mardi et se poursuivra jusqu'au 8 octobre sur l'esplanade de Riadh El Feth sous le slogan "Alger, bulles sans frontières". Trente-sept (37) pays sont représentés à cette manifestation par près de cent participants (bédéistes, scénaristes, dessinateurs et éditeurs).