ORAN - La presse doit servir "l'intérêt public", a estimé, jeudi à Oran, le directeur de l'Ecole supérieure de journalisme d'Alger, M. Brahim Brahimi, lors d'une conférence débat sur la loi relative à l'information et l'ouverture de l'audiovisuel en Algérie. "La notion de service public a évolué avec l'ouverture du champ de l'audiovisuel : elle signifie l'aide de l'Etat à la culture, à la presse régionale et locale, à la jeunesse également ", a indiqué cet universitaire, dans une intervention sur " La loi organique relative à l'information". L'orateur a rappelé qu'en droit de la communication, la notion d'"intérêt public" est l'expression du pluralisme des idées et des cultures, dans le respect de la diversité d'opinion. "Cette notion s'ajoute au rôle naturel de la presse : celui d'informer et de concevoir l'information comme instrument de contrôle et de participation des citoyens à la vie publique", a-t-il ajouté. Abordant la loi organique relative à l'information, adoptée mercredi par l'APN, M. Brahimi a énuméré quelques uns de ses points positifs. "C'est une loi qui prend en charge le secteur audiovisuel et les NTIC. Elle apporte aussi des précisions sur la protection sociale du journaliste, sur la nécessité des conventions collectives pour améliorer les salaires des journalistes ainsi que d'autres acquis, comme la dépénalisation des dispositions du code pénal concernant les délits de presse", a-t-il souligné. Il a déploré, toutefois, que la nouvelle loi relative à l'information n'ait pas posé la problématique du "droit à la communication". "La nouvelle économie de presse" a été abordée par M. Belkacem Ahcène Djaballah, professeur associé à l'Ecole de journalisme d'Alger. Il a mis en exergue la gestion des médias en cette période, marquée par les mutations enregistrées, depuis 2.000, dans les sphères économique, sociale, financière et technologique. "Les entreprises de presse se sont aperçues qu'elles sont des entités économiques au même titre que n'importe quelle entreprise. Leurs gestionnaires se sont aperçus que l'information coûte de plus en plus chère, que l'Etat aide de moins en moins et que leurs entreprises ont beaucoup plus besoin de managers que de journalistes", a-t-il dit. L'orateur a déploré la concurrence sauvage entre les journaux et ce, en l'absence d'une réglementation régissant la publicité, le manque de transparence des comptes de gestion et l'absence de gestion de carrières des journalistes. M. Ahcène Djaballah a plaidé pour la viabilité de ces entreprises, en raison du taux élevé de leur "mortalité" qu'il situe à "70%". "Les autorités de régulation dans les médias", a été l'autre thème traité par un expert-consultant, M. Mazouz Rezigui. Il a abordé les mécanismes de régulation dans le monde, l'expérience du Conseil supérieur de l'information en Algérie (1990-1993), tout en livrant des réflexions sur les nouvelles dispositions de la nouvelle loi relative à l'information. Les questions de service public et de démonopolisation de l'audiovisuel traitées par M. Belkacem Mostéfaoui, directeur-adjoint, chargé de la post-graduation à l'Ecole supérieure de journalisme, ont enrichi les débats, lors de cette rencontre, marquée par de nombreuses interventions relatives notamment à la protection du journaliste et aux conditions d'exercice de la profession.