ALGER - La première équipe d'observateurs arabes est attendue jeudi en Syrie, où les combats entre soldats et déserteurs ont fait mardi plus d'une centaine de morts parmi les civils et militaires dans le nord-ouest du pays, en proie depuis plus de neuf mois à une contestation populaire. La ligue arabe a désigné le général soudanais Mohamed Ahmed Dabi à la tête de la mission des observateurs, qui va superviser la mise en œuvre du plan de sortie de crise. Le secrétaire général adjoint de la Ligue arabe, Ahmed Benhelli a précisé que le diplomate et militaire soudanais devra visiter prochainement le Caire pour discuter avec le chef de l'organisation panarabe, Nabil Al-Arabi, des détails de la mission et de son mandat, avant de rejoindre Damas dans les prochains jours. Il a rappelé que le général Dabi avait déjà assuré la coordination au Darfour entre le gouvernement soudanais et les forces de maintien de la paix de la mission commune des Nations unies et de l'Union africaine. M. Benhelli a, par ailleurs, fait savoir que le premier groupe d'observateurs arabes qui devra se rendre à Damas jeudi sera dirigé par Samir Seif Yazal, secrétaire général adjoint de la Ligue arabe. A l'issue de la signature lundi au Caire par le ministre adjoint syrien des Affaires étrangères, Fayçal Meqdad du protocole relatif à l'envoi d'observateurs en Syrie, le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil Al-Arabi, a annoncé que cette mission comprend 100 spécialistes dans les droits de l'Homme et les affaires financières et administratives, ainsi que des représentants d'organisations et d'ONG. Le chef de l'organisation panarabe a relevé que ces observateurs seront envoyés dans différentes régions syriennes. M. Al-Arabi a par ailleurs fait état d'un report sine die de la réunion des ministres arabes des Affaires étrangères, prévue initialement mercredi, soulignant que la signature de ce protocole n'est pas une finalité en soi mais une modalité pour autoriser les observateurs arabes de se rendre en Syrie pour veiller à l'application de l'accord de sortie de crise. Il a indiqué lors de la réunion du comité ministériel de la Ligue arabe tenue samedi à Doha sur la Syrie que la levée des sanctions imposées à Damas nécessite la tenue d'une réunion des ministres arabes des Affaires étrangères. Le plan arabe de sortie de crise appelle les autorités syriennes à "l'arrêt total des violences, quelles que soient leurs sources, pour protéger les citoyens syriens et la libération des détenus qui ont été arrêtés en raison des événements en cours". Ce plan prévoit aussi l'évacuation de toute force militaire des villes et des quartiers résidentiels et l'autorisation pour les organisations concernées de la Ligue arabe et les médias arabes et internationaux de se déplacer librement partout en Syrie pour s'informer de la réalité de la situation. Selon cette "feuille de route arabe", une fois que le gouvernement syrien aura fait preuve d'un "progrès tangible" sur ces points, "le comité ministériel arabe effectuera les contacts et les consultations nécessaires avec le gouvernement et les diverses composantes de l'opposition syrienne pour préparer une conférence de dialogue national". La signature du protocole relatif à l'envoi d'observateurs en Syrie, a été saluée par la communauté internationale. L'ONU a indiqué que "l'initiative de la Ligue arabe est louable pour faire cesser la violence et promouvoir une solution politique". Le Sous-secrétaire général de l'ONU aux affaires politiques Fernandez-Taranco a estimé que "la communauté internationale sera en mesure d'agir d'une manière cohérente et concertée dans l'appui de ces efforts en vue d'une résolution pacifique de la crise". Les Nations unies ont également adopté lundi une résolution condamnant la situation des droits de l'homme en Syrie, le texte a été adopté à l'Assemblée générale à une majorité de 133 pays pour, onze contre et 43 abstentions. Cette résolution onusienne a été qualifiée par l'ambassadeur syrien à l'ONU Bachar Jaafari de complot "démoniaque" contre son pays. L'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch a appelé Damas à garantir "un accès total aux observateurs", alors que le ministre syrien des Affaires étrangères Walid Mouallem avait expliqué lundi qu'ils pourraient "accéder aux points chauds mais pas aux points militaires sensibles". De son côté, le Conseil de coopération de Golfe (CCG) a demandé au gouvernement syrien "un arrêt immédiat des violences, l'arrêt de l'effusion de sang (...) la libération des détenus, comme premier pas pour entamer l'application du protocole" sur l'envoi d'observateurs arabes au pays. L'Iran a annoncé soutenir la décision de Damas, déclarant que "la position officielle de l'Iran sur la Syrie et le plan de la Ligue arabe, est que tout ce que Bachar al-Assad estime acceptable, nous l'approuvons et l'acceptons". Par ailleurs, les Etats-Unis ont souligné la nécessité de la mise en œuvre du plan arabe de sortie de crise en Syrie. Paris a estimé de sa part, que l'envoi d'observateurs "ne constitue que l'un des éléments" du plan de sortie de crise arabe qui prévoit aussi "l'arrêt de la répression, la libération de toutes les personnes emprisonnées à l'occasion des manifestations, le retour de l'armée dans les casernes et l'accès au territoire syrien des médias internationaux". Pékin a souhaité l'application du protocole afin de créer les conditions pour faire avancer le processus de règlement de la crise en Syrie sous les auspices de la Ligue arabe.