ALGER - L'ensemble italien "La Selva" et l'association de musique andalouse "Chabab el Andalous" du Maroc ont présenté, lundi soir à Alger, dans le cadre du 6e festival international de musique andalouse et des musiques anciennes, un programme digne d'admiration de par les pièces instrumentales et vocales proposées. "La Selva", un ensemble spécialisé dans la musique italienne du 17e siècle, fondé en 2005, a animé la première partie de la soirée, emportant à travers les cordes et le souffle de toute une variété de luths et de flûtes, mêlées parfois aux vibrations de la mezzo-soprano du groupe, vers un passé lointain visiblement calme, serein et épanoui. Théorbe (luth ancien à deux chevilliers), guitarino (un "mini-luth"), cistre (une sorte de mandoline aux sonorités douces et métalliques), violoncelle et différentes flûtes en bois, sont les instruments typiques aux 16ème et 17ème siècles joués, en harmonie et avec délicatesse, par les musiciens italiens. La cantatrice, jeune, belle et gracieuse, habillée en robe traditionnelle de couleur bleu turquoise, se joignait, par moment, aux musiciens pour interpréter des chants italiens antiques, avec beaucoup d'émotions dans la voix et dans l'expression du visage. Le passage de l'ensemble italien était un moment chargé de charme et de fraîcheur, ramenés du passé en toute finesse et harmonie. "Chabab el Andalous", un ensemble marocain créé en 1987 spécialisé dans la nouba marocaine, a de son côté ajouté de l'éclat et de la gaieté à la soirée à travers un jeu instrumental parfait, accompagnant un chant aux consonances puissantes. Proposant une nouba dans le mode Rasd, interprétée selon les règles de l'école de Fès, les musiciens, majoritairement des violonistes, ont brillé de mille feux dans l'interprétation des cinq phases rythmiques qui caractérisent la nouba, entrecoupées par des préludes instrumentaux et vocaux. Une grande complicité s'affichait entre les membres de l'ensemble marocain donnant l'apparence d'une "conversation" conviviale et chaleureuse entre personnes dont le langage utilisé se résume en des mélodies instrumentales et vocales. Tous en djellabas blanches, tarbouches et babouches, les artistes ont pu ainsi transmettre au public ce patrimoine artistique maghrébin dans ses dimensions matérielle et immatérielle. Le 6e festival international de musique andalouse et des musiques anciennes se poursuivra jusqu'au 29 décembre à la salle Ibn-Zeydoun (Riad el-Feth, Alger). Onze troupes musicales étrangères en provenance de plusieurs pays dont la Chine, l'Iran, l'Inde, l'Italie et l'Autriche prennent part au festival aux côtés de troupes algériennes.