La fâcheuse guerre, cette faucheuse qui ne laisse guère de chance de survie, revient au galop en France fasciste et militariste, décrétée par les galopins macronistes, préparée par les galonnés de la Grande muette, orchestrée par les galeux capitalistes du secteur militaro-industriel. L'occasion d'offrir au lecteur un extrait d'une chanson du grand chanteur algérien d'expression kabyle, Lounis Aït Menguellet. Il s'agit d'une adaptation personnelle de la chanson intitulée « Arju-yi », (Attends-moi). Nos dirigeants macronistes nous ont inventé encore des ennemis ! Je ne sais ce qui est arrivé hier soir. Les lamentations bouleversaient ma ville provinciale française. La foule emplissait les rues. Le clair de lune était figé sur les pierres. Quand les gens passèrent sous la lumière, ce qu'ils portaient apparut au-dessus de leur tête. En me levant le lendemain, je n'entendais nulle voix. L'ont-ils enterré sans que j'y sois ? Pourtant j'étais en ville. Nos larmes ni nos paroles, nos cris ni nos oppressions, n'allégeront ce qui est lourd. Certainement un énième camarade enrôlé par le gouvernement macroniste que l'on a enterré. Pour renflouer les effectifs de l'armée, le gouvernement Macron m'a signifié que mon tour est venu de partir sur le front russe. Les dirigeants macronistes va-t-en-guerre qui m'ont mobilisé disent que la guerre passe avant tout. Même avant mon travail de subsistance, mes parents, ma femme.Macron nous a inventé encore un ennemi, la Russie, me dis-je. On m'envoie au combat en Russie. Qui sait si je reviendrai vivant, estropié ou mort ? Ainsi, mes chers parents, je vais devoir partir à la guerre en Russie. Je dois accepter tout ce qui adviendra. Ceux qui reviendront vivants apporteront des nouvelles.Dès mon arrivée là-bas à la frontière russo-ukrainienne, je vous écrirai pour vous raconter mes épreuves. Des vétérans, brisés par les guerres et blasés de la vie, m'ont informé qu'en pénétrant dans l'avion, j'y trouverai des camarades aux visages semblables au mien. En les regardant, je verrai que je suis comme eux : nous sommes logés à la même enseigne. Cette enseigne capitaliste qui saigne en permanence misères et guerres. Dégouline désolations et traumatismes. Mes infortunés frères d'armes, si vous tombez sur le front russe je serai là. Si je tombe vous y serez. Nous sommes frères dans l'affliction, me dis-je. Les vétérans m'ont informé qu'à mon arrivée à la frontière russo-ukrainienne je trouverai compagnie nombreuse. Nous changerons de vêtements ensemble pour endosser l'uniforme de combat. Quotidiennement, mes camarades et moi entendrons au loin le bruit du tonnerre : le sifflement macabre des canons et le crépitement funèbre des balles des fusils mitrailleurs. Et de près, les gémissements de douleur des blessés, les ultimes râles d'agonie des mutilés. On inscrira mon nom sur une chaîne, mettra un fusil entre mes mains. Des guerres capitalistes nous sommes repus, des combats nous sommes las ! Au front, je sais que c'est le cœur paralysé par la peur, pétri de désarroi et de remord que j'affronterai la guerre, le combat. Je me mettrai à compter les minutes qui s'égrènent. Après chaque jour ensanglanté passé en reviendra un autre plus sanglant. J'y perdrai mes calculs. Et probablement ma raison, mon humanité, à force de tuer. À force de voir des cadavres amoncelés, ensevelis dans les fausses communes russes et ukrainiennes. En pleine guerre, saisi d'optimisme, par ma femme enceinte laissée seule à la maison, j'apprendrais probablement qu'une fille est née. Nous l'appellerions la Paix, me dis-je. Peut-être serait-ce de bon augure ! Mieux. Dans la tourmente de la guerre, viendrait le jour où je m'écrierais avec mes camarades révoltés : de la guerre menée par mes autres frères prolétaires russes, érigés en ennemis, et mes compatriotes, nous sommes repus. Des combats nous sommes las. Nous avons de la peine, voire de la répugnance, à tuer. De la joie à survivre. À revivre dans la paix. Pourtant, par expérience, je sais qu'une fois cette énième guerre capitaliste menée par l'Etat impérialiste français contre la Russie achevée, après avoir anéanti des millions de vies sur les fronts russes, chacun revenu dans son foyer pour panser ses blessures, oublier ses tourments, la prochaine pointera aussitôt son nez meurtrier à l'horizon. Probablement en Chine ? Ou en Algérie, ce pays ciblé dorénavant par la France néocoloniale? Pour contrer cette macabre perspective, une nouvelle guerre militaire meurtrière, planifiée par le gouvernement Macron, le peuple laborieux de France, sans distinction d'origine ou de religion, devrait préventivement, me dis-je, livrer à la classe dominante française une guerre sociale émancipatrice, pour enterrer définitivement son système capitaliste militariste et mortifère, ses guerres récurrentes et écœurantes ?