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Pourra-t–elle contribuer à une relation apaisée entre l'Algérie et la France ?
La visite du ministre des Affaires étrangères français en Algérie, le 6 avril 2025
Publié dans La Nouvelle République le 06 - 04 - 2025

Depuis plusieurs mois, les relations entre Alger et Paris ont connu des turbulences, amplifiées par les déclarations controversées sur des dossiers sensibles liés à l'Algérie. Face à cette confusion, le Quai d'Orsay a réaffirmé que le ministère des Affaires étrangères reste le principal acteur de la diplomatie française, tout en soulignant le rôle décisif d'Emmanuel Macron dans l'orientation stratégique des relations avec Alger et à la veille des négociations pour la révision de l'Accord d'association Algérie/Europe, Paris a réaffirmé sa volonté d'y contribuer.
En dépit des relations politiques mouvementées depuis de longues décennies, l'Europe via la France reste le premier partenaire de l'Algérie, mais les échanges restent loin des potentialités. Elles se limitent essentiellement aux hydrocarbures, pour la partie algérienne ; les services, notamment bancaires, l'agroalimentaire, les produits pharmaceutiques et les produits issus de l'industrie automobile pour la partie française. Le volume des échanges entre l'Algérie et la France avoisinant environ 11,1 milliards d'euros, la France dans bon nombre de segments est devancée par l'Italie et la Chine qui prennent des parts de marché de plus en plus importantes. Dans ce cadre, l'Algérie entend lever les obstacles à la règle des 49/51% qui bloque l'attrait de l'investissement étranger ainsi que la lutte contre la bureaucratie et la corruption qui freinent l'attrait de l'investissement, tant local qu'étranger. Mais dans le domaine économique, tous les pays, protègent une partie de leur production nationale, et l'exemple le plus récent, ce sont les taxes douanières que veulent imposer les Etats- Unis, grâce à l'Etat-stratège et régulateur en économie de marché, pouvant détenir des minorités de blocage dans des segments stratégiques, à ne pas confondre avec le retour à l'Etat-gestionnaire de l'ex-économie soviétique. Ne soyons pas utopiques. Dans la pratique, tant des relations internationales que des affaires, il n'y a pas de fraternité, de sentiments et chaque pays privilégie uniquement ses intérêts, car les opérateurs – qu'ils soient arabes, algériens chinois, français ou américains – étant mus par la logique du gain, ils iront là où les contraintes sociopolitiques et socioéconomiques sont mineures, leur objectif étant de réaliser le profit maximum. Sur le plan énergétique, au travers du GNL et des canalisations Medgaz et Transmed, l'Algérie est un acteur stratégique pour l'approvisionnement en énergie tant de la France que de l'Europe.
L'essentiel pour l'Algérie est de favoriser une accumulation de savoir-faire managérial et technologique, grâce à un partenariat gagnant-gagnant, l'Etat pouvant détenir des minorités de blocage pour des segments stratégiques, l'objectif étant une valeur ajoutée interne positive. Et ce, afin de mettre fin à la faiblesse du tissu productif en Algérie, l'économie algérienne étant une économie foncièrement rentière : 98% d'exportations sont issues d'hydrocarbures y compris les dérivées inclus dans la rubrique hors hydrocarbures pour plus de 67% entre 2023/2024, et plus de 80% pour des besoins des entreprises et des ménages sont couverts par les importations. Mais les relations ne se limitent pas aux aspects économiques, l'Algérie étant considérée comme un acteur-clé pour la stabilité de la région méditerranéenne et africaine. Dans plusieurs rapports, les autorités, tant américaines que européennes, ont tenu à souligner qu'avec les tensions au niveau de la région qui influent par ricochet sur l'Europe, les autorités algériennes contribuent à la stabilisation de son voisinage immédiat, notamment au Sahel, et que l'Algérie demeure un acteur-clé au niveau régional. L'effort continu de modernisation des équipements, ainsi que les nombreux effectifs de sécurité dont l'Algérie dispose, ont permis au pays de contrer de façon efficace les menaces terroristes au sein d'une région instable. Aussi, il faut être conscient que les nouvelles relations internationales ne se fondent plus essentiellement sur des relations personnalisées entre chefs d'Etat ou ministres, mais sur des réseaux décentralisés, par l'implication des entreprises et de la société civile qui peuvent favoriser la coopération.
C'est que l'Algérie a le potentiel pour se libérer de l'économie de rente, sous réserve d'une meilleure gouvernance, de la valorisation du savoir – richesse bien plus importante que toutes les réserves d'hydrocarbures – et de la levée des contraintes d'environnement, ainsi qu'avec une plus grande visibilité et cohérence de sa politique socioéconomique, en évitant l'instabilité juridique et monétaire et devenir un pays pivot au sein de l'espace euro-méditerranéen et africain (cf. notre interview à American Herald Tribune, 2018). Dans une étude pour l'IFRI en décembre 2013, « Les enjeux géostratégiques de la sphère informelle au Maghreb », j'avais posé l'urgence d'intégrer d'une manière intelligente cette sphère informelle, produit de la bureaucratie centrale et locale qui enfante la corruption, loin des mesures bureaucratiques autoritaires, qui contrôle une part importante de la masse monétaire en circulation plus de 34%, selon le dernier rapport de la Banque d'Algérie et des activités économiques dépassant largement les 50%, limitant toute la politique économique des Etats, encore que servant de tampon social. L'attractivité du marché algérien découle des avantages comparatifs suivants : la proximité géographique des marchés potentiels d'Europe, d'Afrique et du Moyen-Orient ; la taille du marché intérieur estimée à plus de 46 millions de consommateurs ; des richesses naturelles importantes ; des ressources humaines ; des réserves de change supérieur à 70 milliards de dollars à la fin de 2024 ; une dette extérieure faible 1,3% du PIB et une dette publique d'environ 45% du PIB en 2024, un niveau bien inférieur à la moyenne des pays d'Afrique du Nord (81 % en 2024) et sur le plan budgétaire, un déficit public, estimé à 5,2 % du PIB en 2023 et une estimation provisoire de 9,3 % en 2024 avec cependant avec une inflation et un taux de chômage relativement élevé devant créer 350.000/400.000 postes de travail par an qui s'ajoute au taux de chômage actuel, qui suppose sur plusieurs années un taux de croissance annuel de 8/9%. Dans la perspective de la consolidation de la coopération, n'oublions pas le nombre de résidents d'origine algérienne dans le monde, notamment en France. Quel que soit le nombre, la diaspora est un élément essentiel du rapprochement entre l'Algérie et la France, du fait qu'elle recèle d'importantes potentialités intellectuelles, économiques et financières.
La promotion des relations entre l'Algérie et sa communauté émigrée doit mobiliser à divers stades d'intervention l'initiative de l'ensemble des parties concernées, à savoir le gouvernement, les missions diplomatiques, les universités, les entrepreneurs et la société civile.
Quelles perspectives ? Pour ma part, j'ai toujours souligné que l'Algérie entend ne pas être considérée sous la vision d'un simple marché et qu'il faille favoriser un partenariat gagnant-gagnant. Et c'est dans ce cadre que doit rentrer la coopération entre l'Algérie et la France, ou de tout autre pays, loin de tout préjugé et esprit de domination. En cette ère de profondes mutations géostratégiques, économiques, sociales, cultuelles au niveau mondial, avec la consolidation des grands espaces, il est dans l'intérêt de tous les pays du Maghreb d'accélérer l'intégration économique, étant suicidaire de faire cavalier seul, si l'on veut attirer des investisseurs potentiels intéressés non par des micro-espaces, mais par un marché de plus de 100 millions d'habitants. Dans une contribution parue le 28 avril 2011 à l'Institut français des relations internationales (IFRI) de Paris, France sous le titre « La coopération Europe/ Maghreb », j'avais mis en relief que les échanges intra-maghrébines ne dépassaient pas 3%, les résultats mitigés du processus de Barcelone, posant l'urgence d'une nouvelle conception des relations internationales. J'ai soutenu que le format qui me semblait le plus à même d'être opérationnel à moyen terme au niveau de la Méditerranée occidentale est l'espace des (5+5) plus Allemagne, afin de réaliser une prospérité partagée conciliant développement et démocratie en tenant compte des anthropologies culturelles et grâce à la société civile (réseaux décentralisés) qui, à côté des Etats et des institutions internationales, sera le vecteur dynamisant au XXIe siècle.
C'est que les nouvelles relations internationales ne se fondent plus sur des relations de chef d'Etat à chef d'Etat ou de ministre à ministre, mais sur des réseaux et là il faut souligner que l'Algérie accuse un retard important. Tout en évitant d'instrumentaliser l'histoire, n'ayant de leçons de patriotisme à recevoir de personne, étant issu d'une grande famille de révolutionnaire, mon défunt père ayant été emprisonné entre 1958 et 1962 à El Harrach et Lambèse, il s'agit aujourd'hui – comme je l'ai souligné il y a quelques années lors d'une conférence, au Sénat français de reconnaître le fait colonial afin de dépassionner les relations entre l'Algérie et la France, la décontamination des essais nucléaires français afin de favoriser la stabilité des deux rives de la Méditerranée, et de préparer ensemble notre avenir à l'horizon 2030, où l'on devrait assister à une profonde reconfiguration géostratégique de la région, ce qui nous impose d'entreprendre ensemble. Nos deux pays doivent avoir une vision commune de leur devenir, et ce afin de contribuer ensemble à la stabilité régionale et au co-développement grâce au dialogue des cultures et la tolérance sources d'enrichissement mutuel et ne devant pas occulter le devoir de mémoire.
Abderrahmane Mebtoul
Pr des Universités, Dr d'Etat


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