ALGER - Le président syrien Bachar al-Assad a promulgué une amnistie générale pour les personnes impliquées dans les troubles des dix derniers mois, la troisième promesse depuis le printemps dernier. L'agence officielle syrienne Sana a annoncé dimanche que "Bachar al-Assad a promulgué un décret stipulant une amnistie générale pour les crimes commis pendant les évènements, entre le 15 mars 2011 et le 15 janvier 2012", comme il l'avait déjà fait précédemment en mai et juin derniers. Le 31 mai, le président al Assad avait décrété une amnistie générale incluant tous les détenus politiques y compris les membres des Frères musulmans. Le 21 juin, il avait décrété une nouvelle amnistie générale portant sur tous les crimes commis avant le 20 juin. Cette nouvelle amnistie concerne essentiellement "des infractions à des lois sur les manifestations, le port d'armes ou la désertion de l'armée", selon Sana. Au même moment, depuis Beyrouth où il se trouve, Ban Ki Moon, secrétaire général de l'ONU, s'est adressé nommément au président syrien, l'exhortant à "mettre fin aux violences" dans son pays. "Aujourd'hui, je redis au président syrien, M. Assad : mettez fin à la violence, arrêtez de tuer vos concitoyens, la répression mène à l'impasse", a affirmé M. Ban à l'ouverture d'une conférence sur la transition démocratique dans le monde arabe, à laquelle participent de nombreuses personnalités arabes et internationales. Le dossier syrien était au centre des entretiens de Ban Ki Moon ces deux derniers jours à Beyrouth où il a évoqué la situation des réfugiés syriens avec les responsables libanais. De son côté, le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a dénoncé l'inaction de l'ONU face à la poursuite des violences sur le terrain, tout en s'alarmant d'une "situation intolérable". Les Frères musulmans, eux, ont jugé que l'amnistie annoncée par le président n'était "ni crédible ni sérieuse". Selon eux, "le régime tente de rendre crédible son projet illusoire de réconciliation et de dialogue national", chiffrant à 60.000 le nombre de personnes détenues depuis de début de la contestation. Selon les décomptes de l'ONU, les violences ayant émaillé les manifestations populaires ont causé la mort d'au moins 5.500 personnes. Mais les autorités syriennes dénoncent depuis dix mois des "bandes armées" qui seraient responsables de la mort de 2000 soldats et policiers ainsi qu'un "complot" des pays occidentaux contre la Syrie. Par ailleurs, 147 organes de presse arabes et étrangers ont été autorisés depuis décembre dernier à se rendre en Syrie afin de couvrir les évènements qui secouent le pays. Selon le ministre syrien de l'Information, Adnane Mahmoud, 116 de ces organes de presse étaient déjà entrés dans le pays, assurant que "le ministère donne des autorisations de travail d'une durée de dix jours renouvelable aux différents médias, leur assure des visites dans les divers gouvernorats". Sur le terrain, les violences se poursuivent, onze personnes ayant été tuées dimanche par des tirs des forces de sécurité, huit, dont une femme,à Homs et trois dans le village de Qorqos dans la province de Quneitra (sud), selon l'OSDH. Par ailleurs, six ouvriers ont été tués et 16 autres blessés dimanche dans l'explosion d'une bombe au passage de leur bus dans la région d'Idleb (nord-ouest), selon Sana.