Tentative - A travers cette mesure, le président syrien veut calmer les esprits et amorcer le retour de la paix dans son pays. Le président syrien Bachar al-Assad a promulgué une «amnistie générale pour les crimes commis pendant les événements» qui secouent le pays depuis le 15 mars, a annoncé aujourd'hui l'agence officielle Sana, sans donner plus de précisions. Les autorités syriennes ont fait part ces dernières semaines de la libération de milliers de personnes «impliquées dans les événements et qui n'ont pas de sang sur les mains». Début novembre, le régime avait promis une amnistie aux détenteurs d'armes qui se rendraient à la police en huit jours. Le 31 mai, le président Assad avait déjà décrété une amnistie générale incluant tous les détenus politiques, y compris les membres des Frères musulmans. Et le 21 juin, il avait décrété une nouvelle amnistie générale portant sur tous les crimes commis avant le 20 juin. La libération des détenus politiques est l'une des principales revendications des opposants en Syrie, en proie depuis la mi-mars à un mouvement de contestation inédit du régime du président Assad. Depuis le début des manifestations, le chef de l'Etat a annoncé quelques réformes. La première a été de promulguer le 7 avril un décret accordant la citoyenneté à des habitants d'origine kurde qui en ont été privés à la suite d'un recensement controversé en 1962. Le 21 avril, Bachar el-Assad a levé l'état d'urgence, en vigueur depuis près de 50 ans, qui réduisait sensiblement les libertés publiques, et annoncé une série de réformes. Ainsi une nouvelle loi électorale «conforme aux critères internationaux» avait été établie, alors que des «élections libres» sont l'une des exigences du mouvement de contestation. D'autre part, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a demandé aujourd'hui au président syrien d'«arrêter de tuer» ses concitoyens, soulignant que tout dirigeant qui use de la force «court à sa perte», lors d'une conférence à Beyrouth. «Celui qui exerce le pouvoir en usant de la force ou de la coercition court à sa perte. Un jour ou l'autre son peuple l'abandonne», a poursuivi M. Ban, citant le célèbre philosophe arabe du 14e siècle, Ibn Khaldoun. «Nous devons balayer (...) l'idée dangereuse que la sécurité est en quelque sorte plus importante que les droits de l'Homme», a-t-il encore déclaré. Le chef de l'ONU, en visite pour trois jours au Liban, avait affirmé la veille que la crise en Syrie, où la répression a fait plus de 5.000 morts selon les Nations unies, prenait une «tournure dangereuse». Evoquant les révolutions dans certains pays arabes, le secrétaire général de l'Onu a estimé que «trop longtemps, les Arabes sont restés passifs. Ils ont regardé les autres se libérer de la tyrannie en Europe, en Asie et en Afrique (...) aujourd'hui, c'est leur tour». Il s'est dit résolu à aider «par tous les moyens» les pays arabes durant cette période de transition, estimant qu'après les révolutions, le plus dur restait à faire. «Ce que le peuple veut, ce n'est pas un régime autoritaire à visage humain. Ce qu'il veut, ce sont de vrais changements dans les services de sécurité et l'armée, (...) un cercle vertueux de droits, (...) des institutions publiques efficaces et transparentes», a-t-il souligné.